Décidément, le monde de la boxe ne cessera jamais de nous surprendre. Après que la rumeur selon laquelle Lucian Bute affronterait Jean Pascal au Centre Vidéotron de Québec le 24 février a circulé, on a appris mardi que c'est plutôt Eleider Alvarez qui croisera le fer avec le Roumain ce soir-là.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que celle-là, personne ne l'avait vue venir. Et comme si la nouvelle n'était pas déjà assez étonnante, le duel sera disputé chez les mi-lourds, à 175 lb. Or, pas plus tard que la semaine dernière, Bute (32-3-1, 25 K.-O.) affirmait vouloir demeurer chez les 168 lb, dans l'espoir d'affronter le gagnant du combat entre Badou Jack et James DeGale en janvier.

«Pour moi, les options à 168 lb sont limitées en ce moment. J'ai 36 ans, et je ne peux me permettre d'attendre un an ou deux pour un combat revanche», a expliqué le boxeur en conférence de presse.

Il est prévu que le gagnant se frotte ensuite à Adonis Stevenson, champion WBC de la catégorie, le 22 ou le 24 avril. Rappelons qu'Alvarez (20-0, 10 K.-O.) est actuellement son aspirant obligatoire. S'il perd contre Bute, il perdra du même coup ce titre. Ce dernier ne s'en emparera toutefois pas en cas de victoire.

«Je ne le sous-estime pas du tout, a insisté Bute. C'est un très bon boxeur. Il n'a pas connu la défaite. Il met en péril sa position. Il pouvait attendre un combat de championnat, mais ça démontre que son équipe a confiance en lui. C'est lui qui a le plus à perdre dans ce combat.»

Le projet d'un deuxième choc Bute-Pascal a bien failli se concrétiser, cela dit. Le promoteur Yvon Michel a indiqué que les négociations avaient toutefois achoppé jeudi dernier. On s'est alors rabattus sur Alvarez, et le combat a été bouclé en quelques jours, au cours du week-end.

À ce sujet, il est intéressant de constater une ouverture à la discussion entre le Groupe Yvon Michel (GYM) et InterBox/Eye of the Tiger Management, qui entretiennent des relations plutôt houleuses. Ils ne sont peut-être pas sur le point de s'inviter à dîner chaque semaine, mais une éventuelle trêve entre ces deux rivaux ne serait que bénéfique pour les amateurs de boxe.

«Je veux y aller pour les intérêts de mes boxeurs. Si quelqu'un chez nous me dit qu'il veut se battre, je vais tenter de le satisfaire», a souligné Michel.

La patience d'Alvarez

Alvarez, de son côté, sera en action samedi au Casino de Montréal, alors qu'il fera face au Polonais Norbert Dabrowski. Le Colombien de 32 ans était d'ailleurs absent de la conférence de presse de mardi afin de poursuivre son entraînement.

En cas de défaite contre Dabrowski, le combat contre Bute n'aura pas lieu. Mais pour qu'on annonce dès maintenant la tenue de l'événement, avec mise en vente des billets dès dimanche, on suppose que le clan Alvarez a assez confiance en ses chances de sortir gagnant du ring, n'est-ce pas?

«C'est quelque chose qu'on voit fréquemment en boxe. Si on avait procédé avec un autre individu qu'Eleider Alvarez, j'aurais peut-être demandé à Yvon d'attendre. Eleider est très terre-à-terre par rapport à ce genre de choses», a fait valoir l'entraîneur d'Alvarez, Marc Ramsay, qui assure que son poulain est entièrement concentré sur son affrontement de samedi.

Si on doit saluer l'initiative de GYM d'organiser un combat au Québec impliquant deux pugilistes locaux de haut calibre, on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour Alvarez, qui attend depuis un an de pouvoir se battre contre Stevenson et qui voit à nouveau sa chance remise à une date ultérieure. Il semble néanmoins que sa patience n'ait pas encore atteint sa limite.

«Si vous pensez que l'attente est longue en ce moment, ce n'est rien, lance Ramsay. J'ai vu des boxeurs attendre trois ou quatre ans sur la tablette en attendant que les choses se passent, que ce soit en raison de négociations ou de blessures. On trouvait que c'était acceptable.»

Mentionnons enfin que Bute n'a toujours pas décidé s'il travaillerait avec son controversé préparateur physique Angel Heredia pour son combat contre Alvarez. Mais si c'est le cas, ce sera uniquement sur le plan du conditionnement physique.

Bute confiera son alimentation et la préparation de suppléments diététiques à un nutritionniste d'ici afin d'évacuer tous les doutes potentiels dans la foulée de l'affaire de dopage qui l'a éclaboussé. Une sage décision.

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Photo archives La Presse canadienne

Eleider Alvarez

Entente à long terme entre Bute et GYM

En plus d'annoncer la tenue du combat contre Eleider Alvarez, le Groupe Yvon Michel a fait savoir qu'il avait conclu une entente «à long terme» avec Lucian Bute. Si la durée exacte de ce partenariat n'a pas été précisée, Yvon Michel a toutefois indiqué qu'il mènerait Bute jusqu'à sa retraite, et sans doute au-delà. Rappelons que Bute fait aussi dans la gérance de boxeurs, lui qui veille sur la carrière des frères Dario et Bruno Bredicean.