Tout est bien qui finit bien pour Lucian Bute. Le boxeur, plongé dans la tourmente depuis qu'il a échoué à un test antidopage au mois de mai, en est arrivé à une entente avec la commission athlétique du district de Columbia qui lui permettra de poursuivre sa carrière librement, a annoncé le Groupe Yvon Michel (GYM) vendredi.

Bute (32-3-1, 25 K.-O.) avait été contrôlé positif à l'ostarine à la suite de son combat contre Badou Jack, le 30 avril à Washington, qui s'était soldé par un verdict nul. À l'origine, la commission avait signalé son intention de le suspendre pour trois ans s'il ne portait pas sa cause en appel. L'avocat de Bute, Howard Jacobs, a indiqué qu'il contesterait effectivement la décision. Les parties devaient en principe se rencontrer à Washington le 1er décembre à ce sujet.

Entre-temps, Bute et GYM ont appris qu'un supplément diététique que le pugiliste de 36 ans avait consommé avant son combat contre Jack avait été contaminé au laboratoire californien Pharmagenic, avec lequel le préparateur physique de Bute, Angel Heredia, faisait affaire. Le clan Bute a présenté sa découverte aux membres de la commission. Après vérification, ceux-ci se sont montrés satisfaits du bien-fondé de leur version, et ont accepté de régler le tout à l'amiable. 

Ainsi, Bute a plutôt reçu une suspension de six mois rétroactive au 6 mai, de sorte qu'elle a déjà été purgée. Le Roumain a aussi offert une contribution volontaire de 50 000 $ au programme antidopage du World Boxing Council. Le résultat du duel face à Jack demeure inchangé.

«Je suis extrêmement soulagé et heureux que tout soit maintenant terminé», s'est réjoui Bute par voie de communiqué. Actuellement en vacances à l'étranger avec sa famille, le boxeur n'était pas disponible pour des entrevues vendredi. Il devrait s'adresser aux médias la semaine prochaine.

«Ce qu'on a obtenu, c'est très rare. Ça démontre hors de toute doute que c'était involontaire et que Lucian n'a pas voulu profiter d'un avantage illégal pour le combat», a pour sa part indiqué Yvon Michel lorsque joint par La Presse.

Déjà des plans

Maintenant que cette histoire est derrière lui pour de bon, que réserve l'avenir à Lucian Bute? 

Si une suspension de trois aurait signifié la fin de sa carrière, il est maintenant question de le revoir dans le ring en 2017, au plus tard en février. Selon Michel, l'objectif de Bute est de se mesurer au gagnant du combat entre Badou Jack et James DeGale, qui aura lieu le 14 janvier.

Il faudra maintenant voir si la résolution de cet imbroglio sera suffisante pour réhabiliter Bute dans l'opinion publique. Celui qui a toujours été l'un des chouchous des amateurs de boxe québécois a vu sa réputation jusque là immaculée être mise à mal par cette controverse. 

«Lucian Bute n'est pas un tricheur. Ceux qui ne veulent pas lui accorder le bénéfice du doute, on ne peut rien y faire. On regarde en avant», a insisté Michel, nullement inquiet pour la suite de la carrière du boxeur.

Que faire avec Heredia?

Une autre question subsiste: Bute voudra-t-il s'associer de nouveau avec Angel Heredia? Rappelons que celui-ci, un chimiste de formation, était impliqué dans le scandale BALCO qui a éclaboussé le baseball majeur au début des années 2000.

Yvon Michel n'a pas voulu se prononcer sur la question, expliquant que la décision revenait entièrement à Bute. Dans ses apparitions publiques suivant l'annonce de son contrôle antidopage positif, ce dernier a toujours défendu Heredia, soulignant que «tout le monde a droit à une deuxième chance».

À première vue, c'est plutôt Pharmagenic qui risque de subir les foudres du clan Bute. Lorsque La Presse l'a joint au mois d'août, le propriétaire de l'entreprise, Guillermo Ramos, s'était défendu en disant que la contamination était survenue en Chine, là où il avait commandé les produits utilisés pour fabriquer le supplément fautif.

«Il y a eu beaucoup de problèmes avec la commande. Des fois, ça fait peur, car on ne sait pas ce qu'ils vont nous envoyer», avait notamment déclaré celui qui a reçu un avertissement de la Food and Drug Administration en 2014 pour de «sérieuses violations» relatives à l'étiquetage de ses produits.

L'équipe du boxeur a déjà évoqué la possibilité de poursuivre Ramos et Pharmagenic. En entrevue avec La Presse vendredi, Howard Jacobs a affirmé qu'ils allaient «certainement explorer» cette avenue et qu'il y avait un «intérêt» en ce sens.