Pour son premier combat en près d'un an, Jean Pascal se battra au Cabaret de l'Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières, une salle de quelques centaines de sièges, le 16 décembre. Un contexte nettement plus modeste que celui des galas à grand déploiement, tenus devant des milliers de spectateurs et télédiffusés sur les réseaux américains, auxquels il était habitué depuis des années.

L'ancien champion WBC des mi-lourds s'empressera cependant de vous ramener à l'ordre si vous qualifiez ainsi sa prochaine sortie. À ses yeux, ce combat n'a rien de mineur. C'est le moment où jamais de prouver que malgré ses 34 ans et tous ces mois loin de la compétition, il a encore ce qu'il faut pour aspirer aux plus grands honneurs.

«Si [mon adversaire] n'a pas un nom aussi rayonnant que Bernard Hopkins ou Chad Dawson, les gens vont penser que c'est un combat de moindre importance. Mais ce combat est tout aussi important que mes autres, puisque c'est mon retour. Si je ne suis pas capable de passer cet adversaire, il n'y aura pas de suite des choses», a-t-il fait valoir en conférence de presse, mercredi.

L'identité de l'opposant en question n'a pas été dévoilée, puisque les négociations avec deux candidats potentiels se poursuivent. Le président d'InterBox, Antonin Décarie, a précisé qu'on devrait connaître le nom de l'heureux élu d'ici «24 à 48 heures».

«On veut un boxeur qui sera résistant et qui va me donner du fil à retordre, a indiqué Pascal (30-4-1, 17 K.-O.). Un boxeur qui pourrait me permettre de voir si j'ai retrouvé mes repères en tant que boxeur instinctif. C'est sûr à 100% que ça ne sera pas un jambon que je vais affronter. Ce sera un boxeur qui me permettra de reprendre confiance, crédibilité et de retrouver mes repères en tant que boxeur.»

«Ce sera un gars qui fera travailler Jean et qui va l'obliger à avoir ses mains hautes par moments. Un gars qui pourra être menaçant et qui, à la limite, si Jean devait avoir une contre-performance, pourrait gagner», a ajouté le nouvel entraîneur de Pascal, Stéphan Larouche

Sérieux à l'entraînement 

C'est la première fois qu'on verra Pascal dans un ring depuis sa défaite sans appel aux mains de Sergey Kovalev, le 30 janvier. Il admet avoir songé pendant un temps à la retraite dans les jours qui ont suivi, tant la raclée a été sévère.

Mais ces idées sont maintenant loin derrière lui, et le pugiliste souhaite désormais profiter du temps qu'il lui reste pour conclure sa carrière en beauté.

«Il me reste encore de belles années. Je ne suis pas endommagé physiquement ou mentalement. C'était à moi de me retrousser les manches et revenir plus fort», a-t-il affirmé.

Pour ce faire, il s'est adjoint les services du vétéran entraîneur Larouche. Mais celui-ci voulait d'abord être convaincu des intentions de Pascal avant de s'engager avec lui. Comme bien des gens gravitant dans l'univers de la boxe, il avait eu vent des rumeurs selon lesquelles Pascal ne fait pas toujours preuve d'une grande assiduité à l'entraînement.

«Ç'a été long, parce que je voulais voir comment il allait se présenter au gym, a expliqué Larouche. Va-t-il se présenter régulièrement? Vais-je courir après lui pour les entraînements? Ce n'est pas le cas. À partir du moment où je l'ai vu régulièrement pendant quelques semaines, j'ai conclu qu'il était décidé et sérieux dans sa démarche.

«J'ai demandé deux choses à Jean Pascal: s'occuper de boxer et de nous laisser faire le reste. Sur le plan boxe, on est entre 70% et 80% [de notre objectif]. Sur le plan de nous laisser faire le reste, on doit être à 90%. [...] Le 10% qu'il a à gagner, c'est dans la ponctualité!», a lancé l'entraîneur en boutade.

Vers un championnat du monde

À plus long terme, Pascal et son équipe ont déjà un combat de championnat du monde dans leur ligne de mire. Antonin Décarie a d'ailleurs évoqué un duel face à Adonis Stevenson, actuel tenant du titre WBC des mi-lourds. Pas question de brûler les étapes, toutefois. 

«Ce sera important de prendre notre temps, de permettre à Jean et Stéphan de se connaître et de s'apprivoiser, et de leur donner un ou deux combats d'apprentissage. [...] Je pense qu'il faudra mettre un peu les freins pour permettre à Jean de rebâtir quelque chose avec Stéphan sur des bases solides», a fait valoir Décarie.

«C'est un gars qui a énormément de potentiel, a pour sa part souligné Larouche. Ce dont je rêve avec Jean, et ce que j'espère, c'est d'être capable de vivre avec lui une deuxième carrière.»