L'ascension météorique d'Adonis Stevenson en avait laissé plusieurs sceptiques. Le crochet de gauche du Montréalais qui avait mis Chad Dawson K.-O. n'était-il qu'un coup chanceux?

Samedi soir, devant 9921 spectateurs au Centre Bell, Stevenson a confondu ces sceptiques. Sa domination de Tavoris Cloud (24-2, 19 K.-O.), qui s'est soldée par une victoire par K.-O. technique au 7e round, n'avait rien d'un coup de chance.

Stevenson a eu le dessus de bout en bout. Dès le deuxième round, Cloud portait sous l'oeil gauche les marques du combat. Puis son oeil droit s'est aussi mis à gonfler. Après le septième round, durant lequel Stevenson l'avait ébranlé, Cloud, les yeux tuméfiés et voyant difficilement, a jeté l'éponge. Il s'agissait de la première défense de titre du nouveau champion.

C'était la seconde défaite de la carrière de Cloud et la première avant la limite. Selon la carte de La Presse, Stevenson avait remporté les sept rounds.  Les trois juges ont également unanimement marqué le combat 70-63. L'abandon de Cloud a toutefois réglé la question.

Ce gain convaincant sur un boxeur respecté et ancien champion du monde va cimenter la réputation d'Adonis Stevenson. Même le légendaire promoteur de Cloud, Don King, a eu de bons mots pour lui. « Stevenson a démontré ce soir un peu de Tyson et un peu d'Ali. Il a livré un grand combat, a expliqué M. King en entrevue. Mon boxeur, Cloud, a montré beaucoup de courage et surtout, qu'il avait un bon menton.»

La démonstration du Montréalais s'est faite sur les ondes de HBO, qui s'était déplacé à Montréal pour l'occasion. « Mon défunt entraîneur, Emanuel Steward avait dit avant de mourir que je devais affronter Chad Dawson puis Tavoris Cloud, a lancé Stevenson sur les ondes de la télé américaine. Il pensait qu'ils avaient un style parfait pour moi, que je pouvais leur passer le K.-O. »

La première partie de la prédiction de Steward s'est réalisée le 8 juin dernier lorsque Stevenson a passé le K.-O. à Dawson en 76 secondes. Il est alors devenu champion WBC des mi-lourds (175 livres). La seconde partie s'est concrétisée hier.

Stevenson doit maintenant faire sa première défense de titre obligatoire. Elle aura vraisemblablement lieu en novembre à Québec, contre le Britannique et aspirant Tony Bellew (20-1-1, 12 K.-O.).

Alvarez bat Miranda

Juste avant le gain de Stevenson, Jean Pascal a réussi son retour au ring (voir autre texte).

Un peu plus tôt a eu lieu le combat attendu entre les Colombiens Eleider Alvarez (13-0, 8 K.-O.) et Edison Miranda (35-9, 30 K.-O.). Les coups ont plu, mais ça n'a pas été le déluge. Le Montréalais Alvarez a bien réussi à envoyer Miranda au tapis au 8e, mais n'est pas parvenu à l'arrêter. Il a remporté une victoire par décision unanime (95-94, 99-90, 97-92). Miranda, qui perdait son troisième combat d'affilée, a fait hier un pas de plus vers la retraite.

Kevin Bizier n'avait pour sa part pas boxé depuis neuf mois. L'inactivité lui donnait des fourmis dans les poings. Son retour au ring a été couronné de succès hier soir au Centre Bell, même si son vieux routier d'adversaire manquait cruellement d'envie. L'Italien Giuseppe Lauri (53-15, 31 K.-O.) a passé les 6 rounds sur les talons et la garde haute. Le boxeur de 37 ans est manifestement dans la partie descendante de sa carrière. Il a perdu ses six derniers combats et s'est fait passer le K.-O. au premier round au printemps 2012.

Même s'il l'a pincé à plusieurs reprises, Lauri a probablement lancé deux coups pour chacun envoyé par l'Italien, Bizier n'a pu l'achever. Il a toutefois dominé les six engagements pour remporter une victoire claire et nette (60-53). « Je suis un peu fâché, je voulais le knocker, a dit Bizier, visiblement embêté par l'attitude de l'Italien. Mais il se sauvait, il accrochait. Il frappait de peur on dirait. Il frappait en reculant quasiment! »

Antonin Décarie (28-2, 8 K.-O.) et Salim Larbi (17-4-2, 5 K.-O.) ont offert la surprise de la soirée. Les deux mi-moyens (147 livres) ont livré un combat chaudement disputé. Larbi était venu de France pour gagner. Le visage ensanglanté de Décarie, victime d'une coupure, témoignait du choc. Après 6 rounds, la décision aurait pu aller d'un côté comme de l'autre, mais les juges ont favorisé le boxeur local (59-55, 58-56, 58-56). Décarie doit maintenant participer cet hiver à un tournoi du WBC pour désigner un aspirant obligatoire à Floyd Mayweather.

La nouvelle acquisition du Groupe Yvon Michel Artur Beterbiev (2-0, 2 K.-O.) a signé un second gain en autant de sorties. Le faire-valoir Rayco Saunders (23-21-2, 10 K.-O.) se targue de ne jamais abandonner. Il n'avait été mis K.-O. qu'une seule fois avant de monter sur le ring hier. Le puissant Beterbiev était en voie de lui passer un premier knockout en dix ans, l'envoyant au tapis trois fois, lorsque le boxeur de Pittsburgh s'est blessé au bas du corps (pour emprunter au hockey). Beterbiev l'a donc emporté par K.-O. technique au troisième round.