Parole d'Yvon Michel: une défaite contre Juan Durango fera beaucoup de tort à la carrière d'Hermann Ngoudjo.

«Le perdant de ce combat va vivre un recul important, très difficile à remonter. Il va devoir retourner faire ses classes... Le monde de la boxe ne sera pas tendre à son égard.» Mais le patron du Groupe Gym est convaincu que son poulain va lever à bout de bras la ceinture de champion IBF des super-légers vendredi au Centre Bell. «Herman est le boxeur le plus polyvalent de sa division. Il sait mieux s'adapter que quiconque au style de ses adversaires. Je m'attends à ce qu'il livre la performance de sa carrière. L'ère Ngoudjo est commencée!»

Seulement, il y a un os dans ce beau scénario. Ngoudjo va devoir livrer bataille privé de son entraîneur, Howard Grant. Ce dernier est suspendu pour avoir bousculé l'arbitre au terme du combat Bute-Andrade.

Le moment est mal choisi pour Ngoudjo (17-2-0, 9 K.-O.). Le Colombien Urango (20-1-1, 16 K.-O.) est loin d'être un tendre; le moindre relâchement contre lui peut être fatal. À preuve: son K.-O. brutal contre Carlos Vilches, en avril dernier, en a fait une star sur YouTube. Il a sorti une droite à la tête assez phénoménale... surtout pour un gaucher! Ancien champion du monde IBF de la division, il a perdu sa ceinture contre un certain Ricky Hatton.

Et Urango a tenu le coup pendant 12 rounds contre le «Hitman».

«C'est un cogneur, qui va foncer directement sur Hermann, prévoit Howard Grant. Il ne recule jamais. C'est un adversaire dangereux qui essaie de te démolir. Hermann va devoir user de vitesse pour se tenir loin du danger pour les cinq ou six premiers rounds.» «Il peut t'assommer d'un coup de poing, ajoute Michel. Tu ne peux pas te sauver quand tu es sur le ring avec lui.»

Pour affronter cette déferlante, la «Panthère noire» (rebaptisé «le Guerillero» pour l'occasion) a passé quatre semaines en Colombie pour s'entraîner en altitude. Son taux de globule rouge a grimpé en flèche. Sa confiance aussi. «Je ne me suis jamais autant préparé avant un combat, dit Ngoudjo. J'ai travaillé sur de nouvelles techniques, de nouvelles stratégies; j'ai développé un nouveau talent. Vous allez voir un Herman Ngoudjo que vous ne connaissiez pas.»

La préparation d'Urango, elle, est plutôt atypique. Il ne regarde aucune vidéo de ses adversaires. «Étudiez les styles, c'est l'affaires des entraîneurs, c'est leur boulot de développer le plan de match. Le premier round me permet d'étudier le boxeur en face, d'analyser son jeu de pied.» Joachim Alcine non plus n'était pas un fan des vidéos. On connaît le résultat aujourd'hui... Ngoudjo, lui, a regardé attentivement le combat d'Urango contre Hatton. Et ce qu'il a vu ne l'inquiète pas une miette. «Il n'a jamais rencontré pire...» Ngoudjo, lui, a plusieurs gros noms à sa fiche. «Je ne connais personne au Québec qui se soit battu contre des boxeurs d'aussi haut niveau qu'Hermann, estime Yvon Michel. Il a affronté cinq anciens champions du monde, qui totalisent entre eux plus de 30 combats de championnat!»

La ceinture IBF a déjà échappé une fois au boxeur québécois d'origine camerounaise, après une défaite serrée contre Paul Malignaggi en janvier dernier. Il a l'intention de ne pas laisser passer cette nouvelle chance: «Ça fait très longtemps que je rêve d'entendre l'annonceur dire: le nouveau champion du monde, Hermann Ngoudjo!»

Et parole d'Yvon Michel, si Ngoudjo l'emporte, il est promis à une année 2009 faste: peut-être des combats d'unification ou des combats contre des vedettes mondiales. Comme des gars appelés Ricky Hatton et Manny Pacquiao...