« Son fils Alessandro dans les bras, Mauro Biello attend les représentants de La Presse sur le balcon de sa maison. Il réside dans un quartier paisible de Saint-Léonard, face à un parc. Gabriele, 3 ans, arrive à son tour. Il bougonne sérieusement. La séance photo promet d’être une catastrophe, mais on dépose un ballon à ses pieds et il est charmé. Même chose pour Alessandro, 13 mois. Tel père, tels fils ? »

Ces lignes, rédigées en 2007, ne sont pas de nous, mais bien de notre collègue Sophie Allard. Si Alessandro avait 13 mois à l’époque, Mauro avait 34 ans, à deux saisons de sa retraite de joueur. Un reportage publié le 19 mai de cette année-là, et accompagné de ces sympathiques photos, prises par le photojournaliste de La Presse André Pichette.

  • Alessandro, 13 mois, et Mauro Biello

    PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Alessandro, 13 mois, et Mauro Biello

  • Gabriele, Alessandro et Mauro Biello

    PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Gabriele, Alessandro et Mauro Biello

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Près de 17 ans plus tard, nous pouvons finalement répondre à la question formulée par Sophie Allard en amorce de son texte : absolument.

Mercredi, le CF Montréal a annoncé avoir accordé un premier contrat professionnel à son milieu de terrain de 17 ans Alessandro Biello. L’entente avec le joueur formé à l’Académie est de deux saisons et est assortie de trois années d’option, soit jusqu’en 2028.

« C’est un moment que je ne vais jamais oublier de ma vie », a souligné Biello, jeudi matin au Centre Nutrilait, à propos de la signature de son contrat.

C’est grâce à ce club qui m’a aidé à grandir, à franchir toutes les étapes pour être dans la position dans laquelle je suis aujourd’hui.

Alessandro Biello

Biello a fait son entrée à la pré-académie de l’Impact en 2014, à 8 ans. Il s’est joint à l’Académie du club en 2019, chez les moins de 15 ans, puis a gravi les échelons jusqu’à cet important jalon, aujourd’hui.

Ainsi, Alessandro Biello n’est pas seulement le fils de Mauro. Il est aussi, en quelque sorte, un enfant du CF Montréal. « J’ai une connexion avec ce club depuis que je suis tout jeune », notamment grâce à son père.

« J’ai vécu tellement d’émotions en tant que joueur, et aussi en tant que fan », ajoute celui pour qui le but de Cameron Porter contre Pachuca, en 2015, demeure son meilleur souvenir de partisan.

« Être ici aujourd’hui, signer mon premier contrat pro et vivre mon rêve, c’est incroyable. »

Bien sûr, les comparaisons avec Mauro seront inévitables, à commencer par la ressemblance physique, particulièrement frappante. Mais le jeune Alessandro ne veut pas trop s’en faire avec ça pour l’instant.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Mauro Biello

« Je sais que mon père a créé un héritage incroyable à ce club, qui ne va jamais être oublié, affirme-t-il. Mais je suis un jeune joueur. [Je dois] rester concentré, apprendre, grandir et travailler très fort pour un jour avoir une chance de jouer et aider cette équipe. »

Évidemment, Biello père a contacté son fils pour le féliciter.

« Il m’a appelé […] et a dit qu’il était très fier de moi. Et moi, je l’ai remercié pour tout ce qu’il a fait pour moi depuis ma tendre enfance. Il m’a toujours donné des conseils au bon moment. Il a toujours été là pour moi, pour me soutenir. »

« Il n’a peur de personne »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Alessandro Biello, à l’entraînement du CF Montréal, jeudi, au Centre Nutrilait

Vous vous doutez bien, chers lecteurs, que le CFM n’a pas offert de contrat à Alessandro Biello seulement pour sa chevelure qui ressemble à s’y méprendre à celle de son père.

Laissons Samuel Piette vous expliquer ce en quoi le milieu de terrain québécois se démarque.

C’est un gars très, très bon techniquement, mais aussi très intelligent. Malgré son jeune âge, il comprend très bien le foot. […] Il est plus grand que moi, il est costaud, capable de s’imposer, il n’a peur de personne.

Samuel Piette, capitaine du CFM

La position de prédilection de Biello, c’est au milieu défensif, soit essentiellement la même que Piette, justement.

« Dans le vestiaire, il est à côté de moi, dit le vétéran. Donc on va encore plus se parler. »

C’est que Biello voit des mentors en son capitaine et en l’ancien académicien Mathieu Choinière.

« Des gars comme Mathieu et Sam m’ont beaucoup aidé durant le camp, rappelle le nouveau membre de l’équipe sénior du CFM. […] Ils m’ont donné beaucoup de conseils en tant que jeune joueur, parce qu’ils l’ont vécu aussi. »

Piette confirme qu’il entretient une « relation spéciale » avec Alessandro, puisque son père Mauro est son entraîneur en équipe nationale. Il remarque d’ailleurs une « attitude similaire » entre les deux Biello.

« C’est un battant, un gagnant, dit-il. C’est un gars qui donne son 100 %. Je pense que Mauro était comme ça, en tant qu’entraîneur et en tant que joueur. »

« Rester concentré » en attendant son tour

Selon toute vraisemblance, Biello ne partira pas en prêt cette saison. Et ce, contrairement à son comparse Matteo Schiavoni, parti rejoindre le Forge en Première Ligue canadienne après avoir signé un contrat avec le CF Montréal au même moment.

Ils m’ont dit qu’ils voulaient que je reste ici. Pour moi, en ce moment, [il s’agit] de rester concentré aux entraînements et de continuer à apprendre et grandir au niveau professionnel.

Alessandro Biello

Le milieu défensif peaufine son jeu à cette position depuis son entrée à l’Académie. Le hic, c’est que chez l’Impact actuellement, le milieu de terrain est congestionné. Piette, Choinière, Nathan Saliba, Victor Wanyama, Rida Zouhir et Ilias Iliadis ont préséance sur le joueur de 17 ans.

Pendant le camp d’entraînement, on a d’ailleurs vu Biello utilisé en défense centrale, faute d’occasions au milieu. À moins de blessures, jumelées à des absences en raison des nombreuses compétitions internationales qui auront lieu l’été prochain, le jeune homme devra faire ses classes en périphérie pour l’instant.

« Il est conscient de cette situation-là, affirme Piette. C’est sa première année professionnelle, il a beaucoup à apprendre. »

« On touche du bois, mais on peut avoir des blessures, des joueurs qui performent moins. Le coach [assure que] si tu performes à l’entraînement, on va te donner ta chance. Avec la mentalité d’Alessandro, je ne suis pas inquiet pour lui que cette année, il va avoir une chance. »