Il y a quelque chose de presque surréaliste à voir Victor Wanyama, finaliste de la Ligue des champions européenne avec Tottenham, et Josef Martínez, l’un des plus prolifiques buteurs de l’histoire de la MLS, débarquer dans un cégep de Montréal-Nord par grand froid.

Cette scène était pourtant bel et bien réelle, jeudi matin, et elle se répète depuis le début de la saison du CF Montréal. Malgré quelques séances à son Centre Nutrilait habituel au cours des dernières semaines, les hommes de Laurent Courtois sont de nouveau contraints de s’entraîner au complexe sportif Marie-Victorin en raison des conditions hivernales de ce début de printemps dans la métropole et, surtout, d’un Stade olympique indisponible.

On arrive sur l’entrefaite de la sortie des joueurs du bus, entrant par une porte donnant directement sur le terrain synthétique de l’enceinte. Dans les gradins, quelques badauds venus assister à la scène, une poignée de journalistes et des passants insouciants, certains savourant une des excellentes viennoiseries produites par le café installé juste à côté de la surface de jeu.

Oui, on se permet une critique positive de cette chocolatine, dégustée avec appétit au moment même où on a aperçu un Matías Cóccaro embêté par un petit pépin physique à une jambe. Il passera toute la séance à jogger autour du terrain sans prendre part aux exercices de ses coéquipiers. Heureusement, l’attaquant uruguayen, auteur de deux buts sur penalty lors de la défaite de 4-3 à Chicago, a encore une semaine et demie pour s’en remettre.

  • L’attaquant Matías Cóccaro lors d’un entraînement au complexe sportif Marie-Victorin

    PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DU CF MONTRÉAL

    L’attaquant Matías Cóccaro lors d’un entraînement au complexe sportif Marie-Victorin

  • Le milieu de terrain Raheem Edwards lors d’un entraînement au complexe sportif Marie-Victorin

    PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DU CF MONTRÉAL

    Le milieu de terrain Raheem Edwards lors d’un entraînement au complexe sportif Marie-Victorin

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Le CF Montréal a congé ce week-end, contrairement à plusieurs autres équipes de la ligue, alors que cinq de ses joueurs sont partis se joindre à leurs équipes nationales. Samuel Piette, Mathieu Choinière, Jonathan Sirois et Joel Waterman, convoqués par le Canada, ont rendez-vous avec Trinité-et-Tobago pour un match crucial ce samedi. Ariel Lassiter a été rappelé par le Costa Rica pour disputer un important duel de rivalité centroaméricaine contre le Honduras en Ligue des nations.

Ainsi, ces piliers de l’équipe manquent à l’appel cette semaine. Ce qui explique probablement pourquoi l’entraîneur adjoint Laurent Ciman, encore visiblement en grande forme à 38 ans, a pris part à quelques exercices avec le groupe de joueurs. On a même vu le vénérable Eduardo Sebrango, bientôt 51 ans, enfiler un dossard et échanger le ballon avec ses ouailles pendant des séquences de jeu offensif.

On en parle comme d’un entraînement bon enfant, sans pression, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Parce que de la pression, Mason Toye en ressent. L’attaquant américain se retrouve en queue de peloton, sinon au dernier rang, sur l’échiquier de Laurent Courtois actuellement. Devant lui, Jules-Anthony Vilsaint, Sunusi Ibrahim, Josef Martínez et Matías Cóccaro engrangent toutes les minutes. On a l’impression que chaque tir raté à l’entraînement éloigne Toye de l’alignement. Lui aussi semble avoir cette impression : il a lâché quelques très audibles jurons, déchirant presque son maillot, à la fin de l’une des séquences de jeu.

Pendant ce temps, Lassi Lappalainen a mis fin à sa séance prématurément, la terminant assis à l’écart avec un préparateur physique, enchaînant quelques exercices de remise en forme au sol. L’histoire ne dit pas, pour l’instant, s’il vient à nouveau de s’éloigner d’un retour au jeu, lui qui n’a pas joué depuis octobre dernier.

Le temps avance, il est presque midi. Un groupe de jeunes adolescents bruyants viennent s’asseoir à la droite des journalistes. Ils interpellent un des membres du personnel du CFM sur le terrain, qui les ignore.

Midi sonne. On siffle la fin de l’entraînement, alors que les joueurs venaient pourtant d’entamer une nouvelle séquence de jeu. Un joueur de soccer amateur est sur la surface. Puis un autre. On comprend que la période de location de Marie-Victorin par le CFM est terminée. Le seul club professionnel de Montréal chassé de l’unique terrain où il peut s’exercer.

Les ados sautent à leur tour sur la surface de jeu. Eux aussi ont leur moitié de terrain louée. C’était donc pour cela qu’ils dérangeaient le CFM pendant qu’il jouait, quelques minutes plus tôt.

« Pas besoin de changer »

Rapidement, on organise le point de presse en bordure de la surface. Gabriele Corbo s’amène, accompagné du physiothérapeute Alessandro Marconato afin que celui-ci traduise les propos de l’Italien.

PHOTO PHELAN M. EBENHACK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Gabriele Corbo

Les quelques jours de congé depuis la défaite crève-cœur contre Chicago « ont fait du bien », dit-il, après avoir souligné sa déception de « ne pas avoir pu revenir avec les trois points ». Il cite les mêmes raisons énumérées par son entraîneur-chef samedi soir, soit « le premier but hors jeu », et l’arbitre qui ne les « a pas vraiment aidés ».

Y a-t-il maintenant des ajustements tactiques à faire, ou alors la fin de match à Chicago n’est pas représentative de l’ensemble de l’œuvre ?

On n’a pas besoin de changer. Nous développons un bon style de jeu, et on s’améliore tous les jours.

Gabriele Corbo

Après Corbo, Nathan Saliba s’installe devant les micros. Les deux joueurs s’entendent notamment là-dessus : le groupe peut retirer beaucoup plus de leçons de cette défaite que de la victoire qui leur est glissée entre les doigts.

« On sait qu’on n’a pas été chanceux, on sait qu’on doit rebondir très rapidement, avance le milieu de terrain québécois. Ça ne sert à rien de se concentrer sur la défaite. On regarde les pour et les contre du match. […] Il y a plusieurs petits trucs techniques qu’on doit améliorer de notre côté pour les fins de match, surtout quand on a l’avantage. »

La courte disponibilité médiatique se termine sèchement : le bus du CF Montréal est prêt à refaire le trajet d’environ 30 minutes le ramenant au Centre Nutrilait.

Citoyens fatigués de l’hiver, n’ayez crainte, vous n’êtes pas les seuls à attendre impatiemment le retour du temps doux.