Le CF Montréal a pensé faire un grand coup à Chicago, un autre, en ce début de saison. Puis, comme en une rafale dans la ville des vents, tout s’est écroulé.

Le CFM menait 3-1 jusqu’à la 84minute. Il s’est finalement incliné 4-3, encaissant deux buts tard dans les arrêts de jeu.

Que s’est-il passé ?

Tentons de retracer le fil des évènements de cette folle fin de match.

Tout commence avec un coup de coude de Raheem Edwards envers Georgios Koutsias dans la surface à la 82e minute. Cette erreur lui a valu un carton rouge et a poussé l’officiel à décerner un penalty en faveur du Fire. Brian Gutiérrez a fait 3-2 deux minutes plus tard, donnant lieu à une fin de match endiablée.

PHOTO MIKE DINOVO, USA TODAY SPORTS

Brian Gutiérrez tire un penalty après un carton rouge décerné à Raheem Edwards.

Se défendant à 10 contre 11, Montréal a encaissé le but égalisateur à la 95e, sur le premier en MLS du Belge Hugo Cuypers. Jusque-là, on reste dans le domaine de l’envisageable.

Mais c’est le quatrième but de Chicago qui sort complètement de l’ordinaire. Le milieu de terrain Kellyn Acosta, de sa propre zone défensive, a envoyé un ballon en se servant de la chanson Un peu plus haut, un peu plus loin pour inspirer sa trajectoire. Jonathan Sirois, trop avancé, s’est fait complètement déjouer, autant par le tir que par le souffle intense du vent.

4-3, Chicago. Le coup parfait des Montréalais s’est transformé en un premier retour à la réalité cette saison.

« Ma lecture [du match], c’est que je suis fier des gars », a dit d’emblée Laurent Courtois lorsqu’appelé à commenter le résultat en conférence de presse.

« Mais il y a des évènements extérieurs qui font que c’est quand même compliqué. »

« Dur à avaler »

Quels sont-ils ?

On doit ici porter notre attention sur les arbitres qui ont officié ce match… et tous ceux en MLS depuis le début de la saison. C’est que les officiels de l’Organisation des arbitres professionnels (PRO), qui gèrent habituellement les matchs du circuit Garber, sont actuellement en lock-out. Ils n’ont pu s’entendre avec la ligue sur les termes d’une nouvelle convention collective avant la saison 2024.

Ainsi, la MLS emploie temporairement des arbitres de remplacement. Samedi, le premier officiel était DeShun Beard, un arbitre surtout habitué à la USL, la deuxième division nord-américaine, avant cette saison en première division.

On vous en parle, aujourd’hui, parce que les décisions douteuses ont joué un grand rôle dans cette rencontre entre Chicago et Montréal. Laissons Laurent Courtois nous expliquer ce qui lui a déplu.

« Ça arrive de faire une erreur, dit-il. Je n’ai pas envie d’aller trop loin, j’ai peur que ça devienne plus grave. Mais 22 minutes de temps ajouté [sur les deux mi-temps]. Un carton rouge sur le gardien [adverse] qui n’est pas donné. Les remises en touche, [les joueurs] viennent sur le terrain. Sur un des buts [encaissés], il n’y avait même pas corner. Ça s’accumule. Le premier but qu’on concède, il est hors jeu ! »

PHOTO REBECCA BLACKWELL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Laurent Courtois

J’ai l’impression qu’on a enlevé quelque chose à mes gars. C’est dur à avaler dans ces conditions-là. Ils travaillent trop dur.

Laurent Courtois, entraîneur-chef du CF Montréal

Le Zorro s’impose

PHOTO MATT MARTON, ASSOCIATED PRESS

Matías Cóccaro a marqué deux fois sur penalty.

Et pourtant, pendant longtemps, l’histoire de cette rencontre n’avait été écrite ni par le vent, ni par les arbitres, ni par le Fire : non, l’histoire, c’était celle de Matías Cóccaro. Il a suffi de 15 minutes au Zorro montréalais pour apposer sa signature sur ce match.

Cóccaro a forcé ses adversaires à la faute, tôt en première mi-temps, ce qui a entraîné deux penaltys coup sur coup. Tirs qu’il a lui-même concrétisés à la 8e et à la 12minute. Juste comme ça, Montréal menait 2-0.

En jouant son rôle de peste à la perfection, l’Uruguayen s’est même permis un carton jaune à la 15minute. Les joueurs du Fire ne savaient pas comment contenir celui qui flambait en Cóccaro en ce début de rencontre.

« On connaît Matí, ce qu’il peut faire, a souligné Courtois. Il apporte quelque chose de différent, il est obsédé par le but. Il a un flair particulier. Après, il y a encore beaucoup de boulot sur la fitness, sur la capacité à répéter les efforts et à être connecté tactiquement et défensivement. »

« On garde la tête haute »

La physionomie du match a ensuite rappelé celle des rencontres précédentes pour le CFM : après une entame intense, les visiteurs ont laissé les locaux faire le jeu. Ce qui s’est traduit par plus de 60 % de possession pour Chicago en première demie. Le Fire n’en a que très peu profité à ce moment, se heurtant à un bloc défensif solide de la part des Montréalais.

Jusqu’à ce que Maren Haile-Selassie s’amène dans la surface, récipiendaire d’une longue et belle passe lobée de Rafael Czichos du rond central, et déjoue Jonathan Sirois pour le filet du 2-1, tard dans les arrêts de jeu.

La deuxième mi-temps a initialement eu la même allure. Le Fire a même commencé à se rapprocher de plus en plus de la cage de Jonathan Sirois. Laurent Courtois a ensuite effectué des changements qui ont semblé salvateurs : il a remplacé Bryce Duke, qui a connu une autre sortie difficile, par Dominic Iankov, et Ruan par Raheem Edwards.

Cinq minutes plus tard, à la 70e, Iankov a remis le ballon à Martínez sur une courte passe dans la surface, qui lui a joliment retransmis en talonnade, permettant ainsi au numéro 8 de l’Impact de marquer son premier but en MLS.

« On garde la tête haute, on n’a pas fait un mauvais match, a estimé Mathieu Choinière. […] Les circonstances ont fait qu’on perd ce match à la dernière minute. »

Appelé à commenter la faute d’Edwards à la 82e qui a été le moment décisif de la rencontre, Choinière a confirmé que le latéral gauche « s’est excusé » à ses coéquipiers dans le vestiaire.

« On est tous derrière lui, dit-il. Il ne faut pas qu’il s’en fasse. On va l’aider à aller de l’avant. »

Samuel Piette a eu le même discours à propos de son compatriote Jonathan Sirois, partiellement fautif sur le but victorieux du Fire, et avec qui il s’envolera dimanche vers le Texas pour y rejoindre l’équipe canadienne.

« J’ai dit à Jo : “Tu nous as sauvés autant aujourd’hui que dans les matchs précédents, à maintes reprises”, a indiqué le capitaine du CFM. […] Un gardien, ton erreur, tu la paies cash. C’est la réalité d’un gardien de but. Ça fait mal, mais il ne faut pas que Jo le prenne trop difficilement. »

Du reste, Piette a voulu retirer le plus de positif possible de cette défaite crève-cœur.

« C’est peut-être drôle à dire, mais un match comme ça où on ne va pas chercher les trois points, ce sont de très bons apprentissages. »