« C’est beau à voir, dit Mathieu Choinière à propos de Joel Waterman. C’est vraiment notre général en arrière à la défense. Il guide tout le monde, il le remet sur le droit chemin quand il le faut. »

Le choix des mots de Choinière est important : le titre de « général » défensif, qui a longtemps appartenu à Laurent Ciman, puis a graduellement été associé à Rudy Camacho, est ainsi en train de revenir à Waterman.

Le défenseur canadien a connu une « grosse évolution » au fil des années avec Montréal, selon le milieu de terrain québécois.

C’est un gars qui amène beaucoup d’intensité, de directives. Il guide beaucoup l’équipe. C’est sa plus grande force.

Mathieu Choinière

Ces propos faisaient écho au rappel des deux joueurs, ainsi que de ceux de Samuel Piette et de Jonathan Sirois, avec l’unifolié en vue du match crucial du 23 mars contre Trinité-et-Tobago pour une qualification à la Copa América, l’été prochain.

Une convocation que Waterman estime avoir « méritée ». Et ses statistiques en MLS le prouvent. En 2023, l’arrière de 28 ans a été le deuxième joueur de champ parmi les plus utilisés par Montréal, derrière Choinière. Il a réussi 86,9 % de ses passes l’an dernier pour le deuxième rang de l’équipe, derrière Samuel Piette (87,9 %) – et en excluant Ousman Jabang et ses 75 minutes. Il est, et de loin, celui qui a réussi le plus de passes sous Hernán Losada (1430).

L’échantillon est encore faible pour 2024, mais parmi les joueurs ayant disputé plus de 200 minutes pour le CFM, il domine chacune des catégories précédemment mentionnées. Le défenseur a aussi réussi 17 dégagements en trois matchs, le plaçant pour l’instant au quatrième rang de la MLS.

Tout ça pour dire qu’au-delà du rendement perceptible à l’œil nu, Waterman est devenu l’un des éléments les plus importants du CF Montréal. Notamment depuis le départ de Camacho vers Columbus, ce qui lui a permis de s’imposer au centre de la défense.

« C’est gentil de sa part, répond-il en souriant lorsqu’on l’informe du qualificatif de “général” employé par Choinière. Je ne me donnerais jamais ce titre. J’aime ce rôle, je peux tout voir, je peux contrôler la position, je peux dire aux gars où ils doivent se placer et organiser les choses. Je pense que je peux exceller dans ce rôle. Je suis reconnaissant et honoré que le personnel d’entraîneurs me le confie. Ça fonctionne jusqu’à présent, mais je dois continuer de travailler sur les bases et démontrer mon leadership. »

Pour son entraîneur-chef Laurent Courtois, il est « encore un peu tôt » pour conférer à Joel Waterman le surnom de « général ». À noter que Courtois ne manque jamais l’occasion de parler du « général Ciman » lorsqu’il est question de son collègue belge.

« L’aspect défensif personnel et organisationnel, il y a des progrès à faire, admet le technicien. Comment verbaliser ce qu’il voit sur le terrain avant les autres, c’est une autre histoire aussi. »

Le CF Montréal a nommé Joel Waterman en tant que cocapitaine de l’équipe cette saison. C’est à lui que Samuel Piette a remis le brassard de capitaine à sa sortie du terrain, dimanche contre Miami, alors que Victor Wanyama, un autre cocapitaine, faisait son entrée sur la pelouse.

« En revanche, je pense qu’il a le potentiel, assure Courtois. Il a le bagage tactique, technique et la personnalité pour être un très grand leader. Et, à terme, un général. J’ai eu la chance de voir des joueurs de qualité [dans ma carrière], et Joel en est un. […] C’est vraiment un joueur de très haut niveau. Je pense qu’il n’a pas de limites. »

Une nouvelle vague avec le Canada

PHOTO PHELAN M. EBENHACK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Joel Waterman

On le disait : l’affrontement des Rouges contre les Soca Warriors dans un peu plus d’une semaine, il sera déterminant. Déjà que le Canada a échoué dans sa tentative d’une qualification directe à la Copa en s’inclinant à domicile contre la Jamaïque au BMO Field de Toronto, à l’automne.

Une victoire contre Trinité-et-Tobago mènerait à la dernière place disponible du groupe A, où se retrouvent l’Argentine de Lionel Messi, le Pérou et le Chili. L’occasion est trop belle, trop grande, et surtout trop rare pour la rater. La Copa América, compétition sud-américaine organisée par la CONMEBOL, n’a pas accueilli des équipes issues de la CONCACAF depuis 2016.

Pour cette rencontre cruciale du 23 mars, le sélectionneur Mauro Biello a décidé de faire se déployer une nouvelle vague au sein de l’effectif canadien. Exit Milan Borjan et Steven Vitória : les joueurs convoqués, à l’exception de Jonathan Osorio, ont tous moins de 30 ans.

« J’ai eu une bonne conversation avec Mauro à propos de la mentalité de l’équipe nationale, révèle Waterman. Il y a de nouveaux gars qui arrivent, et c’est une grande occasion qui se présente pour eux. Mais ça ne change pas qu’on a besoin d’un résultat. On doit aller à la Copa América. »

Il s’agit également d’un premier rappel pour Jonathan Sirois, qui tentera d’en découdre avec Maxime Crépeau et Dayne St. Clair devant lui sur l’échiquier.

« Les gens l’ont vu devenir un excellent gardien en confiance, puissant, qui est bon pour sortir de sa boîte et faire les arrêts nécessaires, analyse Waterman. Il a été fantastique pour nous. Je l’ai vu s’épanouir depuis son arrivée [à Montréal]. Il mérite ce rappel. »