(Fort Lauderdale) « Messi 10 ». Partout, tout le temps. C’en est presque étourdissant. Lorsque l’on se promène dans les alentours du Chase Stadium avant un match de l’Inter Miami, il y a une seule combinaison nom-numéro sur les chandails roses des partisans : celui du champion du monde argentin.

Évidemment, son chandail a été le plus vendu de la saison 2023. Ce qui fait certainement l’affaire du club et de la MLS. Mais à Miami, la frénésie Messi ne fait pas que des heureux.

« Je pense qu’il y a bien des gens qui ne viennent ici que pour voir Messi », estime José Gaitan, un membre de longue date du Southern Legion, un groupe de supporters dont l’existence précède même l’arrivée de l’Inter Miami en MLS en 2020

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José Gaitan

On le rencontre quelques heures avant la partie contre le CF Montréal, dans un des stationnements entourant l’enceinte. Il y a de la bière, un barbecue, de la musique latino, et des jeunes qui jouent au ballon. Tout le monde est en rose, à l’image de l’ambiance festive et bon enfant.

« Si Messi dit qu’il ne joue pas, ils ne viendront peut-être pas, continue José. Ils prennent ça comme un concert. Ça ramène de faux membres [chez les supporters]. Ils ne connaissent rien de l’équipe, ils viennent pour Messi et c’est tout. »

Comme de fait, la Pulga n’a pas joué contre Montréal, dimanche. Il y avait une belle atmosphère dans le stade malgré tout, et les groupes de supporters les plus ardents y ont grandement contribué.

As-tu l’impression qu’à travers cette aventure plus grande que nature, le club perd un peu de sa proximité avec ses premiers partisans, ceux qui suivent l’équipe depuis ses débuts en 2020 ?

« Ça ne les dérange pas de voir que les gens ne viennent que pour lui. Ils veulent juste voir le plus de monde possible dans le stade. »

« Tout le monde met la main à la pâte »

José Gaitan semble aigri, si on ne se fie qu’aux commentaires cités ci-dessus. La vérité, c’est que sportivement, il se réjouit de la présence de l’Argentin dans son club.

« C’est bon parce qu’il aide l’équipe. Il a amené de ses anciens coéquipiers de Barcelone avec lui. L’équipe avant Messi, elle ne valait rien du tout. On perdait tout le temps. C’était une équipe faible. Maintenant, on est plus forts. »

Carlos, un des leaders du groupe Vice City 1896, n’y voit que du bon. « Je suis très excité que Messi soit ici ! On s’améliore en tant que club. Mais je ne te mentirai pas, ç’a été assommant [overwhelming]. »

Il parle de la charge de travail liée à la gestion de VC1896 depuis l’été dernier,

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Carlos (à droite), et deux membres du groupe Vice City 1896

« On n’est pas encore arrivés à nous y adapter. Quand on a commencé, on était un groupe de 40 personnes. Maintenant, on est plus de 300. Il y a des gens qui veulent nous rejoindre toutes les semaines. C’est beaucoup de responsabilité pour nos membres. Tout le monde met la main à la pâte. »

On peut prendre ces derniers mots littéralement : derrière lui, on s’affaire à préparer les sandwichs de chorizo qui seront offerts aux membres un peu plus tard.

Pour ces deux partisans interrogés, issus de la communauté latino majoritaire à Miami, l’amour qu’ils vouent à leur équipe de foot va évidemment perdurer, bien après la fin de contrat de Lionel Messi en 2025.

« Nos parents nous ont transmis leur culture du soccer, explique Carlos, d’origine péruvienne. On jouait dans les rues quand on était enfants. On essaie de le transmettre à nos enfants. »

« Je vis ici depuis 20 ans, souligne José Gaitan. Quand j’ai appris que Miami allait avoir une équipe, j’étais content. J’aime pouvoir représenter ma ville. […] On a eu des saisons terribles. Mais il y en a quand même une au cours de laquelle je suis allé voir tous les matchs, même à l’extérieur. »

On verra bien, dans deux ans, quel legs résultera de l’ère Messi à Miami.