Le CF Montréal a atteint un maximum de 15 000 abonnements de saison vendus. Un record absolu du club, qui n’avait jamais dépassé les 10 000 dans son histoire. Il y a maintenant un nouvel objectif dans sa ligne de mire : disputer une saison complète à guichets fermés.

« C’est quelque chose que je n’ai pas eu depuis 12 ans », souligne Roberto Linhares, directeur principal des ventes, services et opérations de billetterie du CFM.

L’employé de longue date du club discute avec La Presse en visioconférence au côté d’Éric Nadeau, nouveau chef des revenus et vice-président de l’organisation. Le fond d’écran de Linhares au cours de cet appel virtuel ? Un stade Saputo plein, sous un ciel bleu d’été.

« Si on pouvait dire que tous les matchs de 2024 seront joués à guichets fermés, ce serait vraiment incroyable, ajoute-t-il. C’est vraiment un objectif. »

Le nombre à atteindre pour une salle comble au stade Saputo est de 19 619 partisans. À 15 000 abonnements vendus, soit un peu plus de 75 % de la capacité de l’enceinte, ça fait environ 4600 billets à vendre à la pièce pour les 17 matchs à domicile. Ceux-ci seront mis en vente autour de la mi-février, indique Linhares.

« Tout est faisable quand ton chiffre de billets de saison est assez haut et stable », ajoute-t-il.

Selon Éric Nadeau, cet objectif « est réaliste ».

« S’il y a un marché pour lequel je n’ai aucun doute, [c’est Montréal]. C’est un marché extraordinaire au niveau du sport professionnel et du live en général. […] On a une population qui adore ça. On entretient le rêve d’avoir une saison à guichets fermés. »

Non seulement le nombre maximal d’abonnements a été atteint, mais une liste d’attente pour 2025 a déjà été créée. Elle est en place depuis une semaine, donc il n’y a pas encore de chiffre à annoncer à ce chapitre.

« Ceux qui ont un abonnement pour 2024, il sera naturellement renouvelé pour 2025. À part s’ils se désabonnent. Avec une liste d’attente, le but à long terme est de remplacer ces gens-là, s’il y en a, avec de nouveaux acheteurs pour 2025 et plus loin. »

L’effet Messi ?

Cet engouement est-il seulement dû à la venue potentielle de Lionel Messi avec l’Inter Miami, le 11 mai prochain ? On rappelle que le contrat de l’Argentin avec Miami est valide jusqu’à la fin de 2025.

« Messi a peut-être aidé dans le commitment, estime Linhares. On a peut-être amené beaucoup de fans occasionnels à devenir des abonnés. Mais c’est du monde qui venait déjà au stade. »

« La grande majorité des nouveaux acheteurs pour 2024 existaient déjà dans notre système de billetterie, précise-t-il. Ce sont déjà des fans du club, ce n’est pas comme si on était allé chercher plein de nouveau monde qui ne nous connaissait pas. »

On espère qu’à long terme, ces gens vont rester comme détenteurs de billets de saison.

Roberto Linhares, directeur principal des ventes, services et opérations de billetterie du CF Montréal

Nadeau parle quant à lui de la venue de Messi comme d’un « déclencheur ». « En général, quand on regarde les parties contre Messi, c’est une aubaine d’avoir un billet de saison. Je pense que le club a été très respectueux des fans en n’augmentant pas, ou pratiquement pas, le prix des billets. »

Mais les deux s’entendent pour dire que cet engouement pour le CF Montréal va au-delà de la simple venue potentielle de Messi et de sa bande en mai.

« L’an dernier, si je me fie aux chiffres, on était à 90 % de billets vendus à tous les matchs », affirme Éric Nadeau. Il rappelle qu’il y a aussi eu sept parties à guichets fermés.

Il parle aussi de la « progression fulgurante » de la MLS, qu’il compare à la NBA : deux ligues qui « s’adaptent à ce que les gens veulent voir comme spectacle ».

« On est juste très contents de voir que les gens de Montréal et du Québec réalisent la chance qu’on a d’avoir une équipe de la MLS. […] Il y a plusieurs villes qui rêveraient d’avoir ça. Nous autres, on l’a. Et clairement, il y a vraiment une volonté des fans de le démontrer. On le voit par les chiffres. »

Selon Nadeau, « les étoiles s’alignent ». L’engouement pour le soccer et la MLS, jumelé à l’arrivée de Messi, crée un « concours de circonstances » qui « joue en [leur] faveur ». « C’est ça qu’on vit. »

« Il n’y a rien qui vend plus qu’un match à guichets fermés »

Et pour atteindre son « rêve » de disputer toute la saison à guichets fermés, le CF Montréal mise sur « l’expérience » que vivront les partisans lors des premiers matchs du calendrier au stade Saputo.

Vous avez peut-être vu passer ce forfait de six matchs, dont celui de l’Inter Miami, proposé par le club pour 750 $ ? Son but : remplir le stade Saputo très tôt dans la saison « pour que les gens reviennent après ».

« Un match à guichets fermés est souvent suivi d’un match à guichets fermés, souligne Roberto Linhares. Il n’y a rien qui vend plus qu’un match à guichets fermés. »

D’ailleurs, ce forfait, déjà vendu à 80 %, connaît lui aussi du succès. « Samedi matin, ça a été comme une mise en vente de concert, lance Nadeau. Ça a été très occupé. »

Le « stress » que vivra l’équipe des ventes de billets individuels sera moins intense en 2024, certes. En revanche, le club doit maintenant s’assurer de répondre aux attentes des partisans qu’il souhaite attirer le plus régulièrement possible au stade Saputo.

Et ça, c’est le travail d’Éric Nadeau, chef des revenus.

« Au cours de la saison, on va revamper certains de nos endroits premiums, confirme-t-il, surplombé par de grandes fenêtres donnant sur un stade Saputo enneigé. Et c’est d’essayer de gérer les flots de circulation, les files d’attente dans les concessions. On ne reverra pas de fond en comble l’offre alimentaire, mais on va peut-être y ajouter des items clés. »

Un stade Saputo pro-Messi ?

Comment le CF Montréal se prépare-t-il à accueillir la frénésie Lionel Messi en mai ? Doit-on s’attendre à ce que le stade Saputo soit envahi de partisans vêtus des couleurs de Miami, de l’Argentine ou du FC Barcelone ?

« On va prendre la leçon de Patrick Roy [jeudi] au Centre Bell ! », lance Éric Nadeau, à la blague.

« Nos fans vont être encouragés à porter nos couleurs, c’est certain », souligne-t-il plus sérieusement.

Robert Linhares rappelle que « c’est très clair dans le processus d’achat que dans une section supporters, on encourage les gens à porter [leurs] couleurs, à être debout, à chanter ».

Mais il souhaite néanmoins « éviter que [les fans de Messi] s’assoient » dans ces zones.

« On l’a vécu avec Beckham, Ibrahimovic, Giovinco, David Villa, Pirlo, ajoute Linhares. On est quand même habitués à avoir ça. Mais on s’attend à ce que ces gens-là sachent que nos zones de supporters, c’est pour nos fans, et pas les fans des équipes adverses. »

Il rappelle que tous les stades de la ligue, y compris le stade Saputo, ont des sections de partisans qui soutiennent l’équipe visiteuse.

« Mais on s’attend aussi à ce que des fans occasionnels, qui s’assoient n’importe où dans le stade, portent un maillot de Barcelone. C’est normal. Le gars est une légende. Mais on veut que le stade soit bleu quand même. »