Une resplendissante moustache devrait bientôt s’amener à Montréal. Mais ce n’est pas (que) pour la pilosité faciale de Matías Cóccaro que la direction sportive du CF Montréal semble jeter son dévolu sur l’attaquant uruguayen.

Olivier Renard aurait-il trouvé son artilleur ? Tout indique que ce serait le cas. Samedi soir, l’informateur de la MLS Tom Bogert a confirmé la rumeur qui circulait depuis quelques jours dans les médias argentins : le CF Montréal se serait entendu avec le club argentin Huracán pour le transfert de l’attaquant Matías Cóccaro.

Le journaliste argentin César Luis Merlo parle d’un montant de transfert de 2 millions de dollars et d’un contrat de trois ans pour Cóccaro à Montréal, assorti d’une année d’option.

Samedi soir, Cóccaro lui-même a partagé sur Instagram la publication d’un média couvrant les activités de Huracán annonçant son départ vers Montréal. Elle est suivie de plusieurs autres stories soulignant la fin de son parcours avec le club.

« Attention, écrit Prensa Quemera dans la publication repartagée par Cóccaro. Le renard est parti. […] Il ira jouer avec l’Impact de Montréal (où il affrontera l’Inter Miami de Messi). »

Tout ça pour dire que Cóccaro à Montréal, on peut supposer que c’est pas mal fait. Le CF Montréal ne souhaite pas commenter là-dessus.

Le « Renard » des surfaces ?

Oui, vous avez bien lu. Le surnom de l’Uruguayen, c’est bien « le Renard ». Dans sa langue d’origine, c’est encore mieux : on l’appelle « El Zorro ».

Va pour le look et le surnom. Maintenant, au chapitre sportif, ça donne quoi ?

Cóccaro a 26 ans. Il a marqué 31 buts en 110 matchs en deux saisons dans le championnat argentin, l’un des bons circuits d’Amérique du Sud. Avec son club précédent, le Montevideo City Torque en Uruguay, c’était 13 buts et 10 passes en 55 rencontres. Les échos glanés ici et là sur les réseaux sociaux parlent d’un joueur charismatique, qui se donne corps et âme pour l’équipe.

Un buteur avec la grinta, donc. Tiens, tiens.

À Montréal, il viendrait s’insérer dans un groupe d’attaquants garni, mais jeune, et surtout en manque de réussite. La preuve : le meilleur buteur du CFM en 2023, c’était le milieu de terrain Mathieu Choinière, avec cinq filets.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE MATÍAS CÓCCARO

Matías Cóccaro

Romell Quioto et sa dizaine de buts par saison – lorsqu’il est en santé – sont partis en Iran. Quelqu’un devait venir épauler Jules-Anthony Vilsaint (20 ans), Sunusi Ibrahim (21 ans), Kwadwo Opoku (22 ans), Chinonso Offor (23 ans) et Mason Toye (25 ans). D’ailleurs, avec l’arrivée de Cóccaro, un attaquant comme Toye, qui a sans doute grand besoin de changer d’air après quatre saisons en dents de scie à Montréal, pourrait-il être tenté par une aventure ailleurs ?

Si l’affaire se concrétise, Cóccaro deviendrait ainsi le point focal de l’attaque montréalaise. À 26 ans, dans la fleur de l’âge, le potentiel presque déjà confirmé de l’Uruguayen est prometteur pour l’Impact et ses fans. Encore faut-il que les succès du Renard en Argentine se transposent bien sur les surfaces de la MLS.

Joueur désigné ?

Avec un montant de transfert estimé à 2 millions, la question se pose : Matías Cóccaro deviendrait-il le deuxième joueur désigné de l’effectif montréalais ?

Avertissement : nous tenterons dans les prochaines lignes d’expliquer certaines règles salariales de la MLS. Nous voulons d’ailleurs attribuer du mérite à Nilton Jorge, de la balado Couscous Piri Piri, pour son excellent travail de vulgarisation à ce sujet, notamment sur X.

Plongeons.

En 2024, le montant maximal qu’un club peut payer à un joueur régulier est de 683 750 $. À partir du moment où sa charge budgétaire est supérieure à ce montant, deux options s’offrent aux clubs : le convertir en joueur désigné ou utiliser du « TAM ». Nous y reviendrons.

Premièrement, qu’entend-on par « charge budgétaire » ? Il s’agit de la somme du salaire annuel du joueur et d’une partie des frais de transfert que le club a payés pour en faire l’acquisition. Le tout constitue le montant comptabilisé sur la masse salariale de l’équipe annuellement, soit la charge budgétaire.

Ainsi, si Cóccaro coûte 2 millions à Montréal en frais de transfert, on divise ce montant en fonction des années de son contrat. Ici, on parle d’une entente potentielle de trois ans. Alors, 2 millions divisés en 3, c’est 666 667 $ par année.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE MATÍAS CÓCCARO

Matías Cóccaro

Donc, avant même de parler du salaire annuel de Cóccaro, on suppose déjà qu’en 2024, sa charge budgétaire sera supérieure à 666 667 $. On n’est pas loin du montant maximal de 683 750 $. Une des solutions, alors, serait de le faire passer au statut de joueur désigné. Le club le paierait en fonction d’un salaire choisi – disons 500 000 $, hypothétiquement –, en plus de ses 666 667 $. Mais seulement 683 750 $ seraient comptabilisés sur la masse salariale.

Vous nous suivez ?

L’autre option serait de le faire passer à « joueur TAM ». TAM, c’est pour Targeted allocation money, ou argent d’allocation ciblé. En 2024, les clubs ont chacun accès à 2 400 000 $ en TAM. Ce montant ne peut être échangé à d’autres équipes, contrairement au GAM, ou argent d’allocation général.

Le TAM peut ainsi servir, dans le cas qui nous occupe, à réduire la charge budgétaire de Cóccaro pour qu’elle demeure dans les paramètres d’un joueur régulier. Si, par exemple, le CF Montréal décide de payer son nouvel attaquant 500 000 $ par année, ce montant va s’ajouter aux 666 667 $ issus de son montant de transfert. On parlerait donc d’une charge budgétaire annuelle de 1 166 667 $. On utilise donc du TAM pour payer l’excédent et ramener la charge budgétaire du joueur au montant maximal de 683 750 $.

Y a-t-il un avantage à prioriser un mécanisme salarial plus que l’autre ? Ça dépend du budget et des besoins. En règle générale, le CFM ne semble pas être dans l’urgence d’embaucher trois joueurs désignés, le nombre maximal permis. Présentement, il n’en a qu’un : Victor Wanyama. Dans les deux cas, de toute façon, c’est le club qui paie le reste de l’excédent budgétaire.

Ouf. Nous vous remercions de nous avoir lu jusqu’ici. Nous y sommes arrivés ensemble. Tope là.