Le malheur des uns fait le bonheur des autres, comme le dit le vieil adage. Chez le CF Montréal, ce proverbe peut s’appliquer à deux personnes en particulier.

Le premier n’a pas foulé le terrain depuis le 22 juillet. Le deuxième a obtenu quatre titularisations en cinq matchs depuis cette même date, et n’a pas été écarté de la formation depuis la fin de mai. Le premier s’approche du crépuscule de sa carrière, tandis que l’aube éclaire brillamment le ciel du deuxième.

Il est question ici de Victor Wanyama, milieu défensif et seul joueur désigné de l’Impact, ainsi que de Nathan Saliba, recrue ayant connu une très belle progression en 2023. Le joueur le mieux payé de l’équipe ne semble plus faire partie des plans de l’entraîneur-chef Hernán Losada, qui lui préfère un Saliba au profil plus mobile et offensif.

« J’ai une bonne relation avec Victor, a soutenu le milieu de 19 ans, mardi, après l’entraînement des siens au Centre Nutrilait. […] C’est un exemple pour nous, il a eu une très belle carrière. Il continue à avoir ce rôle de mentor qu’il a naturellement avec le groupe. Je pense qu’il fait très bien son rôle. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Victor Wanyama

Si Saliba concède que « c’est difficile sur le plan personnel » pour Wanyama, « il ne le fait pas sentir à personne ». « Il continue d’être positif et une bonne personne avec nous. »

Mais le profil de Wanyama à lui seul n’explique pas tout à fait les sélections régulières de Saliba depuis le mois de mai. Primo, parce qu’ils ne sont pas des joueurs en tout point interchangeables sur le plan tactique – Saliba déploie son amplitude dans le nord et le sud du terrain, tandis que Wanyama a fait sa carrière en tant que roc solide devant la défense.

Deuzio, la montée en puissance de la jeune pépite montréalaise tient aussi de son « travail » et de sa « constance » lors des entraînements et des matchs, selon lui.

« J’ai démontré [à Losada] qu’il pouvait avoir confiance en moi et me donner des responsabilités sur le terrain, croit-il. […] Je pense que je ne lui ai pas donné tort de me donner cette confiance. »

Saliba a entamé la saison comme partant, mais a graduellement vu son temps de jeu diminuer, jusqu’à un réel creux de vague au mois de mai. Mais depuis la visite chez le D.C. United le 31 mai, il a été présent à tous les matchs de son club, soit 16 rencontres consécutives.

« C’est juste la personne que je suis, affirme le milieu de terrain. Je n’ai jamais vraiment abandonné. Je savais que les moments durs, ça arrive, c’est juste le début de ma carrière, il y en aura plusieurs autres. […] J’ai continué à travailler, j’ai baissé la tête et j’ai fait ce que je savais faire le mieux, soit montrer mes qualités et prendre de la confiance sur les terrains. C’est ce qui m’a aidé à remonter cette pente. »

Fernando Alvarez et son bulldog

Parlant de jeunes espoirs, il y en a un chez le CFM qui a goûté à ses toutes premières minutes en MLS avant la trêve internationale : le petit nouveau Fernando Alvarez, jeune international colombien arrivé de Pachuca il y a un peu plus d’un mois.

Après 45 minutes sous le maillot bleu, blanc et noir, comment se sent-il ?

« J’ai attendu ce moment pendant très longtemps, depuis les premiers contacts avec le CF Montréal, explique-t-il dans un anglais tout à fait convenable. Je suis vraiment content. »

L’équipe perdait déjà 3-0 lorsqu’Alvarez a fait son entrée à la mi-temps contre Columbus. On convient donc que peu importe ce qu’il allait proposer à la gauche de la défense ce soir-là, ça allait constituer une amélioration. Mais on ne peut pas dire qu’il a mal paru à ses débuts en MLS. Loin de là.

Et sinon, comment va la vie à Montréal, pour ce jeune homme qui vient de changer de club pour la toute première fois de sa carrière ?

Ça va bien ! Ici au club, tout le monde est super avec moi. Je me sens à la maison ici, et en ville, c’est la même chose. Les gens sont vraiment gentils. C’est une belle ville, et on mène une belle vie. Je suis heureux.

Fernando Alvarez

On lui parle dans un contexte particulièrement joyeux, en plus : sa mère et sa grand-mère sont actuellement en visite dans la métropole québécoise. Elles devraient être au match contre le Fire de Chicago, samedi soir, au stade Saputo.

Et il a un autre ami qui lui tient une heureuse compagnie dans sa nouvelle vie de Montréalais. Son chien Theo, un corgi.

« C’est un petit chien, mais on a l’impression qu’il s’agit d’un bulldog ! »

Sera-t-il au match de samedi lui aussi, Fernando ?

« Oui, il a déjà mon chandail ! »

Va-t-il rester ici même après le départ des membres de ta famille ?

« Oui, il sera comme mon fils. »

Si vous entendez japper au stade samedi, vous saurez qui blâmer.

Et les blessés, eux ?

L’attaque du CF Montréal a un grand besoin du flair d’un Romell Quioto par les temps qui courent. Si l’international hondurien s’approche d’un retour au jeu, il serait très surprenant qu’il dispute son premier match en MLS depuis la mi-mai contre le Fire, samedi prochain. S’il s’est entraîné pendant presque toute la séance de mardi avec le groupe principal, il a quand même pris quelques minutes à l’écart pour faire des exercices en solo à un certain moment.

De son côté, le défenseur Joel Waterman n’a pas démontré de malaise apparent pendant l’heure et demie passée sur la pelouse du Centre Nutrilait. Il avait raté le dernier match contre le Crew.

Robert Thorkelsson, absent depuis juillet, s’est entraîné en solo, tandis qu’Aaron Herrera a passé sa matinée à faire des exercices à l’intérieur, encore loin des siens.