Olivier Renard est un bon joueur d’échecs. Il s’assoit à la table et commence à déplacer des pièces de manière stratégique. Concrètement, le vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal choisit son personnel d’entraîneurs, va chercher des joueurs lors des mercatos et tente de bâtir une équipe qui pourra lui permettre de triompher.

Le hic, c’est que ses adversaires ne jouent pas avec les mêmes règles. Au lieu de faire avancer des pions et de calculer l’impact de chaque décision comme si leur vie en dépendait, ils font à leur guise et continuent de délier les cordons de leur bourse.

C’est devant ce constat et au cours d’une saison en montagnes russes que Renard rencontrait les membres des médias jeudi, au lendemain de la fermeture de la fenêtre des transferts estivale en MLS.

J’ai un budget à respecter, c’est aussi simple que cela. Est-ce que devant, il manque quelqu’un ? Oui, il manque [Romell] Quioto… Mais après, financièrement, je ne peux pas faire de miracles et aller chercher un joueur désigné si je n’ai pas l’enveloppe budgétaire pour pouvoir le faire.

Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal

« Donc moi, je fais la meilleure équipe possible avec ce que j’ai. Ce n’est pas une critique du tout par rapport à ma direction au-dessus de moi, c’est vraiment la réalité. Je suis content des joueurs que nous avons », ajoute-t-il.

Lors du mercato, Montréal a fait l’acquisition de l’attaquant Kwadwo Opoku pour 1,75 million de dollars et du défenseur Fernando Álvarez pour une somme d’un million de dollars, selon diverses sources. Il a également échangé l’un de ses meilleurs défenseurs, Rudy Camacho, au Crew de Columbus contre une somme de 400 000 $.

Pendant ce temps, ailleurs, les Whitecaps de Vancouver ont acquis le duo de latéraux de l’équipe canadienne, Ritchie Laryea et Sam Adekugbe. Le Crew, lui, a mis la main sur le meilleur buteur du circuit en 2020, Diego Rossi. Puis le Nashville SC a fait l’acquisition de l’attaquant anglais Sam Surridge de Nottingham Forest.

PHOTO GIORGIO VIERA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Lionel Messi a marqué cinq buts en trois matchs avec l’Inter Miami.

Sans oublier, évidemment, qu’il y a aussi eu l’Inter Miami. L’équipe de David Beckham a fait l’acquisition de Lionel Messi, Sergio Busquets, Jordi Alba et même des prometteurs Julián Fernández et Tomás Avilés.

« C’est sûr et certain que ce sont des équipes qui se sont renforcées d’une manière fulgurante par rapport à nous, mais c’est une réalité qui se fait. Mais je répète, chacun vit dans son monde », a lancé Renard.

L’Impact vivra dans un monde dans lequel il sera l’équipe nationale grecque de 2004, championne inattendue de l’Euro… Du moins, il le souhaite.

Le mot d’ordre : « patience »

« Patience », a répété Renard tout au long de son point de presse d’une vingtaine de minutes concernant les résultats de sa troupe. Il faut tout de même noter que Montréal n’est pas à feu et à sang. Le club est à un seul point des séries éliminatoires et détient un match en main sur l’équipe qu’il pourchasse, D.C. United.

Or, on sent que le vent de panique chez les partisans, qui ont vu leur club blanchi lors de 12 de ses 23 matchs en MLS cette saison, a atteint le Belge. L’an dernier, le Bleu-blanc-noir avait terminé au troisième rang du classement et battu plusieurs records du club et du circuit. Cette saison, plutôt que de pouvoir bâtir sur ces succès – avec le départ de rouages clés –, le club amorce un nouveau cycle.

Il faut laisser le temps aux joueurs. C’est notre façon de faire qui, tout d’un coup, déplaît aux gens peut-être. Mais l’an dernier, ça plaisait et c’était de la même façon que j’avais construit l’équipe il y a deux ans, donc…

Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal

Il tient à rappeler que lors de la première saison en poste de Wilfried Nancy, l’équipe ne s’était pas qualifiée pour les séries éliminatoires. Cependant, la saison suivante, en 2022, c’était la gloire.

Avec cette tactique, il s’accorde du temps et une marge de manœuvre pour la présente campagne. Toutefois, il se peinture dans un coin pour l’an prochain, où des résultats deviennent impératifs. Et ce, même si Montréal aura encore la plus petite masse salariale de la MLS.

Finalement, même si Renard dit qu’il ne peut faire de miracles, il devra visiblement en faire. Que ça lui plaise ou non.