La nouvelle est venue de la bouche de Victor Wanyama lui-même. Le seul joueur désigné du CF Montréal a annoncé mardi qu’il ne serait pas de retour l’an prochain.

Il a fait sa déclaration devant les journalistes, après l’entraînement de l’équipe au Centre Nutrilait. Le Kényan était interrogé à propos de la fin prochaine de son contrat, au terme de la saison actuelle.

« À la fin de la saison, je pense que je vais partir », a-t-il déclaré après que le journaliste de la Gazette Herb Zurkowsky l’a interrogé sur sa situation contractuelle.

« Je vais partir à la fin de la saison, a-t-il enchaîné, un peu plus catégorique. J’ai eu de belles années ici, j’ai aimé faire partie de l’équipe. C’était bien. »

Il dit se soucier surtout de bien finir la saison à Montréal. « Ensuite, j’aurai la chance de dire au revoir », a expliqué Wanyama.

Même s’il semble avoir pris sa décision, on a senti une hésitation montante à annoncer son départ encore plus officiellement lors de sa disponibilité médiatique.

« Je ne veux pas trop en parler parce que je ne sais pas ce qui va se passer », a-t-il lancé, tentant peut-être de corriger le tir.

Un architecte important du CFM

C’est que le club avait jusque-là évité de dévoiler ses cartes dans ce dossier. Le directeur sportif Olivier Renard avait indiqué à La Presse, en août dernier, que des « discussions » devaient se faire avec le milieu de terrain. Il avait aussi parlé de Wanyama comme d’une « personne adorable » dans le vestiaire.

Mais Renard n’avait pas non plus passé sous silence son « âge » et son « prix d’investissement ».

Le milieu de terrain est le plus haut salarié de l’équipe cette saison. Il commande une charge budgétaire de plus de 3 millions de dollars, selon l’Association des joueurs de la MLS (MLSPA). Le contrat de Wanyama s’inscrit aussi dans le top 15 des plus chers de la ligue.

« Est-ce que le club préfère investir encore pour cette même position alors qu’on a peut-être déjà d’autres joueurs qui peuvent jouer ? se demandait Renard l’été dernier. Est-ce qu’on garde Victor parce qu’il est une personne importante dans le vestiaire ? On a déjà pesé le pour et le contre là-dessus. »

Avec son expérience, sa carrure et sa justesse au milieu de terrain, Wanyama a été l’un des architectes les plus importants des succès du CF Montréal cette saison. Sans être spectaculaire, il a néanmoins été la pierre angulaire du milieu, le roc sur lequel le jeu s’est basé.

La révélation a peut-être été faite maladroitement par le joueur. Et le moment était discutable, alors que l’équipe achève une saison de rêve avant d’entamer son parcours éliminatoire.

Mais elle n’est toutefois pas très surprenante. Wanyama a été l’une des premières embauches de Renard à son arrivée à Montréal. Mais depuis, le club s’est tourné vers le talent jeune et local.

Le profil du joueur de 31 ans ne s’inscrivait plus dans celui recherché par le club, qui souhaite faire l’acquisition de joueurs plus verts, les développer, puis les revendre à fort prix.

Selon ces paramètres, pour le garder à Montréal, le club aurait dû négocier avec lui un contrat remanié, au salaire nettement plus bas que celui actuel.

Ce qui ne semblait pas impossible, au vu du souhait du joueur de rester dans la métropole québécoise, et dans la MLS.

« Plusieurs équipes progressent bien, disait-il à la fin d’août. La ligue s’améliore de plus en plus. J’aimerais continuer de jouer ici. Et continuer d’écrire l’histoire de notre équipe. »

Renard avait aussi souligné un autre aspect lors de son entretien avec La Presse : certains joueurs souhaitent « monétiser » leur dernier contrat. Ce que Wanyama n’aurait visiblement pas eu ici. Trouvera-t-il preneur ailleurs ?

Ce qui est certain, c’est qu’un hiver occupé attend Olivier Renard. Le directeur sportif devra trouver des remplaçants à Djordje Mihailovic, Victor Wanyama et probablement Ismaël Koné.

Si ce n’est que ceux-là.