Chaque fois qu’Amy Walsh rencontrait Joey Saputo, au fil des années, elle lui parlait de la possibilité d’avoir une équipe féminine à l’Impact de Montréal.

« Il était toujours poli avec moi », raconte en souriant l’ancienne joueuse de l’équipe canadienne féminine de soccer. Toujours respectueux. Mais j’imagine qu’à sa femme, ou au monde qui l’entourait, il devait dire : “Oh, mon Dieu, encore elle…’’ »

En quelque sorte, le souhait d’Amy Walsh semble finalement en voie d’être exaucé.

Le CF Montréal a annoncé son embauche à titre de collaboratrice à son académie pour le développement du soccer féminin, au début du mois. Dans le même communiqué, le club a indiqué vouloir « explorer la possibilité d’intégrer des équipes féminines » au sein de son école de foot.

Pour Amy Walsh, le simple fait que le CFM en parle ouvertement, « c’est très encourageant ».

On commence vraiment à parler à l’autre moitié de la population.

Amy Walsh

Celle qui est aussi analyste sur les lignes de côté pour TSN 690 lors des matchs du Bleu et noir est assise avec votre représentant de La Presse dans un café de la rue Ontario, non loin du Centre Nutrilait. C’est l’heure du dîner. En matinée, la résidante de Saint-Bruno a joué pas moins de quatre matchs contre d’anciens joueurs de l’Impact au centre d’entraînement du club. C’était la première fois qu’elle jouait plus sérieusement depuis sa retraite, en 2010.

La milieu défensive a disputé 102 matchs avec l’équipe canadienne séniore, de 1998 à 2009. Elle a joué pour différents clubs, dont les Comètes de Laval dans l’ancienne W League, de 2006 à 2009. Amy Walsh a été intronisée au Temple de la renommée de Soccer Québec en 2013, puis à celui de Canada Soccer en 2017.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Amy Walsh avec les Comètes de Laval en 2006

Bref, quand elle parle de soccer féminin, on l’écoute. Et elle en a beaucoup à dire. Surtout lorsqu’il est question de l’instauration prochaine d’un circuit professionnel féminin au Canada. Le club est-il en train de se préparer à devenir une pépinière de talents pour celui-ci ?

« C’est ce que je souhaite, dit-elle. C’est quelque chose qui s’en vient. Il faut être à l’avant, être engagé pour vraiment poursuivre le volet féminin. »

Amy Walsh parle de cette « fierté » lorsqu’elle voit des jeunes joueurs masculins affiliés au CF Montréal rappelés par les équipes canadiennes U20 ou U17. Et de la possibilité de voir des jeunes filles ainsi « représentées ».

« On s’est toujours posé la question : il y a beaucoup de talent ici au Québec, mais pourquoi y a-t-il aussi peu de représentation sur les équipes nationales ? »

Elle souhaite voir se créer « un cheminement » qui donne « plus d’accès » aux jeunes filles.

« Symbolique »

Mais on n’en est pas encore là. Il faut encore que ce projet s’imbrique avec le soccer féminin chez Soccer Québec, « bonifie » et « fasse s’épanouir » ce qui existe déjà.

Bien qu’Amy Walsh travaille déjà à l’académie pour aider les jeunes au chapitre de la « mobilité », de la « respiration » et du « mouvement » – le terme « yoga » s’applique plus ou moins bien ici –, elle ne fait qu’entamer ses démarches en tant qu’ambassadrice du soccer féminin.

Et elle a déjà goûté au fruit de ce que son travail pourra lui apporter. Le match des Étoiles féminines de 13 et 14 ans, organisé au stade Saputo le 4 septembre dernier en collaboration avec la fédération québécoise, a été un franc succès. D’autres évènements du genre sont à venir.

J’étais tellement contente d’être là. De faire partie de la planification. C’était symbolique de mettre cela en place. C’était la première fois que des jeunes femmes portaient le maillot du CF Montréal et jouaient au stade. C’est cliché, mais de les voir dans le vestiaire…

Amy Walsh

La serveuse arrive à ce moment, et notre interlocutrice ne finit pas sa phrase.

« Je suis partante »

Pour l’ambassadrice du soccer féminin au CFM, le « chemin » à prendre maintenant n’est pas encore tout à fait tracé. Elle veut s’asseoir avec le président Gabriel Gervais prochainement pour parler de la suite des choses.

On lui demande si un poste de directrice de la future académie féminine l’intéresse.

« Je ne sais pas si je serais de taille pour faire quelque chose comme ça, avoue-t-elle humblement. Mais je pourrais soutenir la personne en poste. Parce que côté administration, gestion, j’ai beaucoup de choses à apprendre. »

Tout en statuant qu’avec ses trois enfants, la gestion, elle connaît quand même ça.

Pourrait-elle alors plutôt s’impliquer sur le plan sportif, directement ?

« Oui, peut-être plus. Je fais ma licence C pour entraîner mes enfants. Je veux m’améliorer et approfondir mes connaissances sur tous les plans. Je suis partante. »