(Palerme) Jamais l’Italie n’a manqué deux Coupes du monde consécutives : les champions d’Europe de Roberto Mancini ont deux matchs de barrages à gagner pour éviter un tel fiasco historique et surmonter le traumatisme de la qualification manquée en 2018.

« Notre objectif est de gagner le Mondial. Mais pour cela, il faut gagner ces deux matchs », a lancé le toujours très optimiste sélectionneur italien. Il est pour la première fois dos au mur, en quatre ans de mandat, avant la demi-finale de barrage contre la Macédoine du Nord, jeudi (20 h 45) à Palerme.

Pour espérer jouer la qualification au Portugal, chez Cristiano Ronaldo, ou en Turquie, l’Italie quadruple championne du monde (1934, 1938, 1982, 2006) doit d’abord éviter le trop-plein de confiance contre la 67e nation mondiale.

Car le refrain des « Nuits magiques » qui a porté Giorgio Chiellini et les siens sur le toit de l’Europe l’été dernier a connu depuis plusieurs fausses notes : la fin de trois ans d’invincibilité (37 matchs), en Ligue des nations contre l’Espagne, et surtout le billet direct pour le Mondial abandonné à la Suisse.

La faute notamment à deux nuls contre la « Nati » (0-0, 1-1) avec deux penalties ratés par Jorginho, devenu le symbole du retour à l’ordinaire azzurro, et un autre contre la Bulgarie (1-1).

Neuf rescapés de la Suède

Et voilà cette Italie reine du nul — sacrée aux tirs au but à l’Euro - contrainte d’en repasser par de périlleux barrages, comme il y a quatre ans, quand elle avait échoué en matchs aller-retour contre la Suède (0-1, 0-0).

Une « apocalypse » pour tout le pays, privé de Mondial pour la première fois depuis 1958. Une brûlure toujours vive pour neuf joueurs encore présents dans le groupe : Bonucci, Chiellini, Immobile, Belotti, Verratti, Insigne, Jorginho, Florenzi et Bernardeschi.

« Depuis novembre 2017, le climat a changé, il y a plus d’enthousiasme et de confiance », assure Marco Verratti.

« Ceux qui ont vécu l’expérience d’il y a quatre ans auront cette lucidité pour mieux gérer les émotions », veut aussi croire le vétéran Chiellini, qui compte bien aller au Qatar pour « conclure en beauté » avec le maillot azzurro.

« On n’aurait peut-être pas dû se retrouver là, mais c’est le football », souligne Mancini, « confiant » dans ses joueurs à l’origine l’été dernier « d’une victoire à laquelle personne, mais absolument personne ne croyait ».

Mancini ne s’inquiète pas de l’état psychologique de son gardien Gianluigi Donnarumma, dont le mois de mars a tourné au vinaigre au Paris SG avec son erreur contre le Real Madrid en Ligue des champions, ou du physique précaire de Chiellini et Leonardo Bonucci, en phase de reprise et plutôt attendus pour l’éventuelle finale de ces barrages à haut risque.

Immobile enfin rayonnant ?

Le sélectionneur n’à qu’un leitmotiv : « le jeu ». Il faudra pour cela que l’Italie retrouve sa légèreté estivale, dans un stade plein (30 000 spectateurs) pour la première fois en Italie depuis le début de la pandémie.

En l’absence de Federico Chiesa (saison terminée), il faudra surtout marquer. En comptant sur un Ciro Immobile enfin rayonnant sous le maillot azzurro. Sur la fraîcheur et les automatismes du trio offensif de Sassuolo Berardi-Scamacca-Raspadori. Ou encore sur la motivation de l’attaquant de Cagliari Joao Pedro, né au Brésil il y a 30 ans et appelé pour la première fois avec l’Italie, car préféré à Mario Balotelli.

Il faudra enfin se méfier de cette Macédoine du Nord toujours capable d’exploit, même sans le « héros national » Goran Pandev, parti en retraite internationale : le petit pays de 2 millions d’habitants en avait réussi un énorme il y a un an, en Allemagne (2-1), avant de s’octroyer la deuxième place du groupe devant la Roumanie et l’Islande.

« On sait qu’ils défendent bien et ils ont des qualités techniques importantes. On doit rester tranquilles », a souligné Mancini mercredi.

Le milieu de Naples Eljif Elmas, auteur du but décisif des Macédoniens en Allemagne, est suspendu jeudi. Mais son sélectionneur Bobi Milevski, pas moins confiant que Mancini, l’a quand même convoqué, en pensant à l’éventuelle finale.

« Tout le monde est prêt. On n’est pas là par hasard, on est prêts à faire un grand match », a-t-il prévenu.