(Shanghai) Les joueurs du Championnat de Chine de football, coupés du monde depuis cinq semaines dans des « bulles » sanitaires où ils devront vivre jusqu’à fin septembre, sont soumis à de la propagande louant le président Xi Jinping.

Des campagnes de communication du Parti communiste chinois sont régulièrement organisées dans le pays. Mais certaines sont devenues ces dernières années des opérations de glorification du chef de l’État.

PHOTO ALY SONG, REUTERS

L'équipe Shanghai SIPG à l'entraînement dans une bulle sanitaire le 14 juillet dernier, à la reprise des activités de la Super Ligue de Chine, après la première vague de coronavirus. Certaines campagnes de communication du Parti communiste chinois sont devenues ces dernières années des opérations de glorification du chef de l’État.

Les 16 équipes de la Super Ligue chinoise ont été séparées dans deux complexes hôteliers pour la première phase du championnat qui a débuté en juillet avec cinq mois de retard : l’un à Dalian (nord-est), l’autre à Suzhou, près de Shanghai (est), pour un huis clos d’environ 70 jours.

« Activités thématiques d’apprentissage et d’éducation »

Il leur est impossible de voir leur famille et ils n’en sortent que pour aller s’entraîner ou disputer leurs matchs. Pour tromper l’ennui, les joueurs peuvent jouer à des jeux vidéo, au billard ou encore faire du karaoké.

Mais des « activités thématiques d’apprentissage et d’éducation » ont également été organisées récemment par le PCC pour les footballeurs, l’encadrement des clubs et les arbitres chinois qui sont membres du parti ou aspirent à le devenir, selon la Ligue chinoise de football (CSL).

Plus d’une dizaine de joueurs et membres du Shanghai SIPG, club des Brésiliens Hulk et Oscar qui n’étaient pas présents, ont été pris en photo la semaine passée assis à une table, stylo en main.  

Face à eux, le drapeau du Parti communiste, faucille et marteau entrecroisés sur un fond rouge, était accroché sur le mur de la pièce.

« Tous ont appris ensemble l’esprit du discours du secrétaire général Xi Jinping », a indiqué la CSL dans un compte-rendu.

« Tous les membres du parti ont fait une déclaration commune : “Nous devons nous souvenir de la confiance que le parti nous accorde afin de […] réaliser le rêve chinois de la grande renaissance de la nation”. »

Visionnement du film L’amour de Xi Jinping pour le soccer

Les joueurs du Henan Jianye ont eux regardé un film intitulé L’amour de Xi Jinping pour le soccer, car le président est connu pour sa passion supposée du ballon rond et sa volonté de développer ce sport en Chine.

« La Super Ligue chinoise bat son plein, mais le travail d’édification du parti au niveau des cellules de base à Dalian et Suzhou se poursuit », a souligné la ligue.

L’isolement dans ces bulles sanitaires depuis déjà plus d’un mois commence à peser. Le site internet Soccer News a averti la semaine dernière que certains joueurs avaient atteint « une période psychologiquement critique ».

Un statut de membre du PCC est en général signe que l’on appartient à l’élite politique, intellectuelle ou sportive.  Si la plupart sont patriotes, ils n’adhèrent pas forcément au marxisme-léninisme ni à l’idéologie officielle.

Ce n’est pas la première fois que le pouvoir soumet ses footballeurs à des exercices de propagande. En 2018, une cinquantaine de jeunes joueurs de moins de 25 ans avaient été emmenés dans une base militaire pour y suivre des entraînements.