La FIFA a mis fin mardi au suspense en maintenant sur le fil du rasoir Curitiba parmi les 12 villes hôtes du Mondial 2014 de soccer, évitant au Brésil un cinglant camouflet à 114 jours du coup d'envoi.

La Fédération internationale de football (FIFA) a notamment jugé que le chantier du stade de Curitiba, l'Arena da Baxaida, avait suffisamment avancé depuis l'ultimatum qu'elle avait lancé en janvier à Curitiba.

La décision est basée sur les «garanties financières» apportées et les «progrès accomplis» sur le chantier depuis janvier, ont souligné la FIFA et son secrétaire général Jérôme Valcke sur leurs comptes twitter.

«Mais la course contre-la-montre reste très serrée et il est essentiel que l'effort collectif de toutes les parties impliquées à Curitiba se poursuivre à un rythme très élevé», a souligné dans un second tweet M. Valcke.

L'annonce est tombée avant même que M. Valcke ne s'exprime en personne lors d'une conférence de presse à Florianopiolis, où s'ouvre mercredi un séminaire de la FIFA en présence des sélectionneurs des 32 pays qualifiés pour le Mondial.

Après des mois de polémiques, l'exclusion de Curitiba aurait constitué une gifle pour le gouvernement de Dilma Rousseff, qui promet à l'envi d'offrir au monde «la Coupe des Coupes» au «pays du futebol».

Elle aurait accentué les doutes sur la capacité du Brésil émergent à organiser avec succès un événement d'une telle magnitude planétaire, alors que l'image du pays est déjà écornée par de multiples retards (stades, aéroports, transports) et des manifestations violentes à répétition depuis la fronde sociale massive de juin 2013

Dans la matinée, des délégations de la Fifa et du Comité organisateur local s'étaient rendues à Curitiba pour inspecter le stade. Elles y ont surtout discuté avec la municipalité et les dirigeants du club Atletico-PR des garanties qu'elles pouvaient offrir sur le déblocage rapide des 65 millions de réais (environ 30 millions de dollars) nécessaires à la conclusion des travaux.

Lors de sa précédente visite, Jérôme Valcke avait parlé d'une «situation d'urgence» et menacé de l'exclure de la compétition s'il ne constatait pas de «progrès» le 18 février.

Peu après, il avait dit tabler sur une livraison «fin avril-début mai». Et la présidente du Brésil Dilma Rousseff s'était dite «sûre» que l'Arena serait prête «dans les temps».

Depuis l'ultimatum de Jérôme Valcke, les travaux ont avancé au pas de charge. Coquille vide début janvier, le stade est désormais doté d'une pelouse et les premières rangées de sièges ont été installées.

Mais «la situation va nécessiter un contrôle régulier» et «nous comptons sur l'engagement pris par l'Atletico Paranaense (propriétaire du stade, Ndlr) la ville de Curitiba et l'État» du Parana, a souligné M. Valcke.

«Bonne direction»

Plus qu'embarrassante pour les autorités brésiliennes en pré-campagne électorale en vue des élections d'octobre, l'exclusion de Curitiba aurait aussi constitué un casse-tête pour la FIFA.

Il lui aurait fallu déplacer les quatre matchs du premier tour prévus sur ce site: Iran-Nigeria (groupe F, 16 juin), Honduras-Équateur (groupe E, 20 juin), Australie-Espagne (groupe B, 23 juin) et Algérie-Russie (groupe H, 26 juin). Sans doute vers des villes proches comme Porto Alegre.

La sélection espagnole, qui sera logée à Curitiba, se serait peut-être posée aussi la question de déménager alors que ses deux autres matches ont lieu à Salvador et Rio de Janeiro.

Sans parler des supporteurs qui ont déjà acheté des places et réservé vols et hôtels.

En mars 2012, Jérôme Valcke avait mis le feu aux poudres en déclarant que le Brésil devait se mettre un «coup de pied au derrière» pour avancer dans les travaux.

Début janvier, le président de la FIFA, Joseph Blatter avait renchéri: «le Brésil (...) est le pays le plus en retard depuis que je suis à la FIFA, et pourtant c'est le seul qui avait autant de temps, sept ans, pour se préparer».