La présidente suspendue du Brésil Dilma Rousseff et son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva, grâce à qui les jeux Olympiques ont été attribués à Rio de Janeiro, ont décidé de boycotter la cérémonie d'ouverture au stade Maracana le 5 août.

L'absence des deux dirigeants de gauche à cette cérémonie est un chapitre de plus - même si moins grave que les précédents - dans la crise politique qui secoue le Brésil depuis des mois.

«Elle n'ira pas», a déclaré mardi à l'AFP une source du Palais de l'Alvorada, où Mme Rousseff attend le résultat de sa procédure en destitution.

«Lula ne viendra» pas, a affirmé à l'AFP le porte-parole de l'Institut Lula à Sao Paulo, José Chrispiniano, dans un bref email.

Les Jeux seront ouverts par le président par intérim Michel Temer, ancien vice-président de Mme Rousseff devenu son ennemi et qui fera un discours éclair pour éviter de se faire huer, selon la presse brésilienne.

D'autres ex-présidents, Fernando Henrique Cardoso, Fernando Collor de Mello et José Sarney, ont été invités pour la cérémonie.

Refus d'être «au second plan» 

Mme Rousseff, écartée provisoirement du pouvoir le 12 mai par le Sénat, dans l'attente fin août du jugement final de sa procédure de destitution pour maquillage présumé des comptes publics, a indiqué lundi dans une interview au service portugais de la radio RFI qu'elle refusait «d'être au second plan» lors de cette cérémonie des Jeux.

«Pour commencer, ils sont le fruit d'un grand travail de l'ex-président Lula (2003-2010). Deuxièmement, parce que le gouvernement fédéral a fourni l'infrastructure des JO» sous son gouvernement (2011-2016), a-t-elle souligné.

Le 12 mai, elle a été remplacée par son vice-président de centre droit, Michel Temer, qu'elle accuse de l'avoir trahie et ourdi un «coup d'Etat» parlementaire.

L'ancien président Lula, qui avait pleuré de joie en apprenant le 2 octobre 2009 à Copenhague que les JO-2016 avaient été attribués à Rio et que les habitants étaient en liesse sur la plage de Copacabana, n'a pas dit explicitement pourquoi il n'irait pas au Maracana.

C'est en grande partie le fabuleux destin de cet ancien ouvrier métallurgiste et ex-syndicaliste, qui a fondé la Parti des Travailleurs (PT, gauche) en 1980, et son charisme qui avaient pesé en faveur de Rio, alors que le Brésil était en plein boom économique et que des millions de personnes sortaient de la misère.

«Pour le Brésil, les jeux Olympiques vont redonner confiance au peuple», avait affirmé Lula, résumant le sentiment du pays avant le vote du Comité international olympique (CIO) à Copenhague.

Rousseff prédit «un succès» 

Depuis, le Brésil a connu la récession économique et Mme Rousseff, réélue en 2014, est devenue très impopulaire. De plus, un mégascandale de corruption au sein du géant pétrolier étatique Petrobras a éclaboussé la coalition au pouvoir, aggravant la situation même si Mme Rousseff n'a jamais été impliquée directement dans ce scandale.

Un récent sondage Datafolha a révélé que 50% des Brésiliens s'opposaient à la tenue des JO et 63% considéraient que cet évènement planétaire apporterait plus d'inconvénients que de bénéfices.

Mais Mme Rousseff, une ancienne guérilléra de 68 ans, économiste de formation, emprisonnée et torturée sous la dictature, estime toutefois que les JO de Rio seront «un succès».

«Toutes les conditions sont réunies pour qu'ils se déroulent dans un climat tranquille. Les autorités ne doivent pas se reposer avant les Jeux. Le Mondial de foot 2014 a été un processus très intense où nous avons beaucoup appris», a-t-elle ajouté.

«Nous avons le meilleur dispositif de securité possible», a-t-elle souligné pour écarter les craintes d'un attentat.

La semaine dernière, la police a arrêté un groupe de 12 Brésiliens qui avaient prêté allégeance à l'organisation djihadiste État islamique (EI) et préparaient des attentats pendant les JO de Rio.