À trois semaines des jeux Olympiques de Rio, les Jeux d'hiver 2014 reviennent hanter la Russie avec la publication par le Canadien Richard McLaren de son rapport sur les accusations de dopage organisé des sportifs russes à Sotchi avec l'aide des services secrets du Kremlin.

À quelques heures de sa publication, ce document semble en tout cas avoir fuité et, du côté américain et canadien, on appelle déjà à l'exclusion de tous les sportifs russes de Rio, et pas seulement des athlètes, déjà suspendus.

Les accusations sont parties de Grigory Rodchenkov, l'ancien patron du laboratoire russe antidopage, désormais réfugié aux États-Unis après avoir démissionné en novembre.

En mai, il s'épanche, dans les colonnes du New York Times. Jusqu'à décrire la trappe par laquelle les services secrets russes ont selon lui escamoté les échantillons «sales» de plusieurs sportifs russes, pour les remplacer par des échantillons «propres». «Cela a fonctionné comme une horloge suisse», ironise-t-il alors, décrivant le système mis en place au sein du laboratoire antidopage de Sotchi (sud-ouest de la Russie). Un système qui aurait profité à «15 médaillés olympiques» russes.

C'est sur cette base que Richard McLaren, un juriste canadien, a été chargé d'enquêter par l'Agence mondiale antidopage (AMA). Et c'est le ministère russe des Sports, dirigé par Vitali Moutko, qui pourrait se retrouver au banc des accusés : selon M. Rodchenkov, c'est en effet ce ministère qui lui fournissait chaque jour la liste des athlètes russes dont les échantillons devaient être subtilisés.

Mais ce rapport d'enquête a visiblement déjà été lu, avant même que son auteur ne le présente, lundi matin à Toronto (Canada), à 09h00 heure locale (13h00 GMT).

«L'option nucléaire»

Et une lettre circule depuis samedi, apparemment émise par les agences antidopage américaine et canadienne, pour demander l'exclusion totale des sportifs russes des Jeux d'été de Rio de Janeiro. Et pas seulement des athlètes, déjà suspendus par la Fédération internationale d'athlétisme et en attente du verdict du Tribunal arbitral du sport de Lausanne (Suisse) cette semaine à la suite de leur appel.

Le 19 juin, dans le Sunday Times britannique, l'ancien patron de l'AMA, le Canadien Dick Pound, avait averti qu'une exclusion totale des sportifs russes n'était pas impossible, tout en reconnaissant que «ce serait l'option nucléaire».

«Nous démontrerons notre volonté de bâtir un sport propre», avait assuré le lendemain le président actuel de cette agence, le Britannique Craig Reedie, menaçant même de «mesures sans précédent» si la rapport McLaren devait démontrer que le dopage a gangréné le sport russe au-delà de l'athlétisme.

«Le monde nous regardera», avait-il insisté.

Du côté de Moscou, dimanche, on se félicitait en tout cas de la réaction de Pat Hickey, le président des Comités olympiques européens (EOC), «choqué» par l'appel à l'exclusion lancé du côté américain et canadien.

M. Hickey «a tout à fait raison quand il dit que cette démarche de l'Usada (NDLR : l'agence antidopage américaine) met en question l'indépendance et la confidentialité de l'enquête» du professeur McLaren.

Cet appel «mine la crédibilité» du rapport à venir du professeur McLaren, a également déclaré dimanche la Fédération internationale de natation.

Dès leur parution en mai, M. Moutko avait balayé les accusations de M. Rodchenkov, les qualifiant d'«absurdes».