Les cérémonies d'ouverture et de fermeture, c'est une occasion où on peut échanger avec les athlètes des autres sports et des autres pays.

C'est pour ça que, selon moi, c'est LE moment par excellence des Jeux olympiques.

Sans vouloir verser dans la politique, avec le climat actuel entre les deux Corées, j'espère que les Jeux de PyeongChang serviront à bien plus qu'à prendre seulement quelques photos et qu'ils permettront vraiment de rapprocher le monde.

Car les Jeux, c'est beaucoup plus que juste une compétition.

Au fil des ans, les Jeux olympiques grossissent et on semble perdre de vue les raisons pour lesquelles ils existent et pour lesquelles les athlètes s'entraînent.

Oui, c'est la compétition la plus importante au monde, mais il y a quand même le mot « jeux » dans le nom de l'événement. Ça devrait rester plaisant.

Ça me rappelle qu'à Vancouver, après la mort de ma mère [survenue deux jours avant l'épreuve du programme court], quelques-unes de mes adversaires sont venues me voir afin de me souhaiter bonne chance. Certaines m'ont même souhaité la meilleure performance de ma carrière. C'était vraiment gentil.

Ce n'est pas que l'on se souhaite du mal, mais disons que c'est assez rare d'entendre une rivale te souhaiter ta meilleure performance à vie durant une compétition. Ça m'a vraiment touchée. Je ne m'attendais pas à ça du tout.

C'est là que tu comprends que tout ça, ça reste un sport. 

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Honnêtement, je ne me souviens pas de façon très précise des quatre cérémonies [deux d'ouverture et deux de clôture] auxquelles j'ai pris part. Ça fait déjà huit ans depuis Vancouver.

Et je dois avouer qu'en 2010, presque toutes les photos que j'ai prises durant la cérémonie d'ouverture étaient floues ! On dirait que tout le monde était trop excité. Disons que ça ne donne pas de très bons résultats.

Les jours de cérémonies, ce sont vraiment de très grosses et de très longues journées. On doit arriver très tôt dans un autre stade en attendant le début du défilé des athlètes, on doit rester debout durant de longs moments, lorsqu'il fait froid. Mais on a la chance de se retrouver avec tous les autres athlètes canadiens, ce qui n'arrive pas très souvent.

Heureusement, je me souviens encore de l'ambiance quand on entrait dans le stade.

Généralement, les athlètes sont toujours bien accueillis lors des Jeux olympiques, mais à Vancouver, j'ai vraiment senti que l'accueil des partisans était encore plus grand qu'à Turin. Il y avait tellement d'ambiance ! C'est un moment qui m'a vraiment marquée.

Aussi, c'était vraiment impressionnant de voir tous les drapeaux canadiens en si grand nombre. On croisait des gens habillés en rouge un peu partout à travers la ville qui nous encourageaient. On se sentait vraiment à la maison !

Et évidemment, quand on allume la flamme olympique, c'est un moment qui donne des frissons. En plus, lors des Jeux de Vancouver, voir les légendes canadiennes comme Wayne Gretzky, Steve Nash, Catriona Le May Doan et Nancy Greene participer à la cérémonie, c'était magique.

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Avec le recul des dernières années, j'ai réalisé que lorsqu'on est un athlète de haut niveau, on vit dans un monde isolé du reste de la planète. Le sport devient toute notre vie. [...] Sans le vouloir, on devient aussi très égocentrique. On doit faire attention à ce qu'on mange, on a une équipe qui travaille pour nous, etc. On devient vraiment la priorité de notre entourage.

Dans ma vie de tous les jours, je me rends maintenant compte que la Terre continue de tourner durant les Jeux olympiques. À l'époque, j'avais l'impression que les gens arrêtaient de vivre pour ça.

Vendredi, pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux de PyeongChang, j'étais à l'hôpital toute la journée pour un stage. J'ai croisé plusieurs personnes qui m'ont parlé des Jeux olympiques, mais comme on était très occupés, 17 h a sonné, et je me suis rendu compte que je n'avais pas eu le temps de voir grand-chose des résultats de la journée.

Quand on retourne aux études, comme c'est mon cas, ou qu'on se retrouve un nouveau job à l'extérieur du monde du sport, on voit soudainement ça d'un autre oeil.

En ce moment, j'ai l'impression de vivre les Jeux comme monsieur et madame Tout-le-monde. Oui, j'ai encore des amis avec qui j'échange régulièrement qui sont à PyeongChang, mais c'est la première fois depuis longtemps que je vis les Jeux d'aussi loin.

Bon, si c'était au Canada, ce serait une autre histoire, mais ça ne m'empêchera pas d'avoir quelques opinions dont je vous ferai part.