Passé à côté du sprint la veille, le roi français du biathlon Martin Fourcade a réagi en champion lundi en remportant le troisième titre olympique de sa carrière lors de la poursuite, au cours d'une soirée qui a vu le deuxième sacre de l'Allemande Laura Dahlmeier, déjà reine des Jeux.

Fourcade, qui a devancé le Suédois Sebastian Samuelsson et l'Allemand Benedikt Doll, en a profité pour entrer dans les annales du sport français en égalant le record du légendaire Jean-Claude Killy, triple médaillé d'or aux Jeux d'hiver.

Au lendemain de son gros flop sur le sprint (8e), Fourcade était dos au mur, mais il a réagi de manière magistrale pour prouver qu'il était bel et bien un biathlète d'exception et offrir le second succès aux Jeux de 2018 à la délégation française après celui de Perrine Laffont en ski de bosses. Quatre ans après ses deux victoires à Sotchi, il se fraye à 29 ans une place de choix parmi les géants du sport de son pays et répare l'anomalie de dimanche.

Fourcade ajoute ainsi une ligne de plus à son incomparable palmarès, qui compte notamment 11 sacres mondiaux. Et dire qu'il lui reste encore 4 courses à disputer d'ici le terme de la quinzaine olympique (Individuel, mass start, relais, relais mixte). Autant d'occasions d'effacer définitivement le record de Killy et de renforcer sa position de plus grand biathlète de tous les temps aux côtés du mythique Norvégien Ole Einar Bjoerndalen.

Chasseur

Il ne faut pas énerver Martin Fourcade. Après son flop de la veille, le porte-drapeau de la «Team France» avait une faim de loup et voulait montrer à tout le monde qui était le patron. Exactement comme en 2014, quand il avait débuté les JO avec une piètre 6e place au sprint. Parti en 8e position, il a commencé timidement avec une faute à son premier tir couché mais il a ensuite fait très mal sur les skis pour revenir sur le groupe de tête juste avant le 3e passage au pas de tir.

Lui qui excelle dans la position du chasseur a surtout retrouvé comme par enchantement sa précision chirurgicale à la carabine (1 erreur au total) après ses gros ratés de la veille (3) et personne n'a été en mesure de le suivre. Le reste de la course n'a plus été qu'une formalité pour le Pyrénéen, qui a pu serrer le point comme il sait si bien le faire après un ultime 5/5 au tir pour devancer à l'arrivée le Suédois Sebastian Samuelsson et l'Allemand Benedikt Doll.

«C'est la folie»

«Aujourd'hui, je suis très heureux, a savouré le désormais triple champion olympique. Il y a quatre ans, c'était le bouchon de champagne qui sautait. L'émotion n'est pas moins forte, c'est la folie quand je vois tout le monde en tribunes. Avant de penser au titre, je pensais avant tout à faire une médaille. J'avais dit que j'aurais du mal à être déçu avec 5 médailles d'argent. Aujourd'hui, il y a ce titre, qui va rendre beaucoup plus facile la suite.»

Chez les dames, la poursuite a de son côté confirmé la mainmise de Laura Dahlmeier sur ses consoeurs. Deux jours après son titre sur le sprint, l'Allemande de 24 ans a dominé la Slovaque Anastasiya Kuzmina et la Française Anaïs Bescond et a de nouveau écrasé ses adversaires. Elle est bien partie pour refaire le coup des Mondiaux-2017, où elle avait glané cinq titres.

La tenante du Gros Globe de cristal, minée par les pépins physiques, a pourtant connu un début de saison mitigé. Mais elle s'était visiblement préparée pour ce grand rendez-vous olympique. Le calvaire n'est pas prêt d'être terminé pour ses adversaires.