Par moments, samedi, le Canadien ressemblait au club lent et désorganisé de l'an dernier.

Quand on remplace Victor Mete par Karl Alzner et Charles Hudon par Nicolas Deslauriers ou Andrew Shaw, on perd inévitablement de la vitesse.

Les Sénateurs d'Ottawa ont un club jeune, dynamique et rapide et ils ont fait payer le Canadien, après avoir tiré de l'arrière deux fois par deux buts.

Il est très surprenant qu'on ait fait confiance à Karl Alzner pour un deuxième match consécutif, samedi, après qu'il eut montré déjà des signes de faiblesse lors du match précédent.

Mete ne connaît pas le début de saison espéré, mais il avait recouvré la santé ce weekend et sa mobilité constitue un atout de taille comparativement à celle d'Alzner.

Il y a d'abord eu cette gaffe du vétéran en première, une petite passe molle du revers interceptée par Mark Stone derrière son filet. La passe de Max Domi n'était pas géniale mais Alzner avait le temps de faire un jeu plus intelligent avec la rondelle.

Mais le manque de mobilité de Alzner - et aussi des pivots très laborieux - le place souvent en position vulnérable. Les Sénateurs ont passé de longs moments en territoire offensif lorsque Alzner était sur la glace.

À preuve, Alzner était sur la glace pour seulement huit tirs dirigés par son équipe vers le filet adverse à cinq contre cinq, le pire rendement du club. Il était aussi sur la patinoire pour 14 tirs dirigés vers le filet de Price, la pire fiche de son équipe sur un pied d'égalité avec Mike Reilly. Celui-ci a compensé en étant sur la glace pour 17 tirs dirigés vers Craig Anderson.

Alzner a eu le droit d'entamer seulement trois séquences en territoire adverse, contre huit en zone défensive, mais Mike Reilly a eu droit sensiblement au même traitement, trois contre sept, et Noah Juulsen a repris le jeu une seule fois lors d'une mise en jeu en territoire adverse.

À l'attaque, Claude Julien a voulu donner une nouvelle identité à son quatrième trio. Or, avec Nicolas Deslauriers et Andrew Shaw au sein d'une même unité, on a été dépassés par moments par la vitesse de l'adversaire. L'équipe a dirigé seulement quatre tirs vers le filet adverse à cinq contre cinq lorsque Deslauriers était sur la glace, et trois tirs avec Shaw sur la patinoire, de loin le pire rendement de l'équipe.

Le trio de Philip Danault, Brendan Gallagher et Tomas Tatar a été de loin le meilleur à ce chapitre avec respectivement 21, 20 et 20 tirs dirigés vers le filet à cinq contre cinq. Ils ont aussi été parmi les meilleurs au chapitre des tirs contre, Gallagher avec seulement cinq, Tatar et Danault neuf chacun.

Mais les entraîneurs n'ont vraisemblablement pas aimé la punition inutile de Gallagher contre Mark Borowiecki en première période, suivi d'un vilain revirement de Danault par la suite.

En deuxième période, la pire du Canadien, puisqu'elle a accordé deux buts à Ottawa, Gallagher et Tatar ont été parmi les attaquants les moins utilisés du club, tandis que Danault a pu grappiller quelques dizaines de secondes supplémentaires en infériorité numérique.

Toujours est-il qu'après deux périodes, Andrew Shaw venait au deuxième rang chez les attaquants du club au chapitre de l'utilisation derrière Jonathan Drouin avec 11:27, dont 6:15 en deuxième.

Deslauriers, lui, a joué plus souvent en deuxième que Kotkaniemi, Tatar et Gallagher. Pourtant, le colosse du Canadien n'avait pas joué depuis un mois. En outre, on ne lui a peut-être pas fait de faveur en l'utilisant en infériorité numérique après une si longue absence et de la rouille dans les jambes.

Sur le but égalisateur, Deslauriers s'est non seulement laissé attirer le long de la rampe par le porteur de la rondelle, Mark Stone, mais son bâton est mal placé. Sa palette est située à la droite de Stone, contre la bande, alors qu'elle aurait dû être placée à l'intérieur pour bloquer l'angle de passe. Stone a remis facilement à Bobby Ryan qui fonçait vers l'enclave et il a réussi une passe facile à Duchene, laissé seul devant le filet.

Les entraîneurs ont dû voir les mêmes statistiques et les mêmes séquences entre la deuxième et la troisième période puisque Shaw a joué seulement 2:02 dans le dernier engagement et Deslauriers 1:59. Mais le mal était fait.

Le Canadien a néanmoins subi un seul revers en temps réglementaire depuis le début de la saison, ne l'oublions pas. Mais l'ambiance serait plus positive dans le camp du Canadien aujourd'hui si on l'avait emporté en prolongation.

Combien de chances aura Jonathan Drouin à trois contre trois avant de réaliser qu'il ne peut plus tenter de jeux individuels à haut risque en fin de présence? Quand Jeff Petry comprendra-t-il qu'il doit viser le filet à trois contre trois, et non pas tirer dans la baie vitrée et ainsi provoquer une contre-attaque imparable?

Carey Price a fait de gros arrêts, mais il a mal paru sur le deuxième but des Sénateurs, celui de Mikkel Boedker. Noah Juulsen est jeune et vivra des hauts et des bas.

Il n'en demeure pas moins que la LNH est désormais axée sur la vitesse. Le Canadien ne peut plus se permettre de s'en remettre à ses vieux réflexes.

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Temps d'utilisation en deuxième période samedi

Jonathan Drouin      7:01

Max Domi                6:25

Andrew Shaw           6:15

Paul Byron                5:10

Joel Armia                4:46

Philip Danault           4:32

Matthew Peca           4:04

Nicolas Deslauriers   4:03

Jesperi Kotkaniemi    3:53

Tomas Tatar              3:43

Brendan Gallagher     3:10