Il ne s'agit pas de fermer les yeux. Le Canadien traverse une séquence désastreuse. Inquiétante.

Mais cette équipe - qui ressemble à s'y méprendre à celle qui a terminé au premier rang dans l'Association de l'Est l'an dernier - est-elle subitement pourrie parce qu'elle vit une léthargie? Sa direction pourrie? Son entraîneur pourri? Son gardien pourri?

Ces hommes ont prouvé l'an dernier qu'ils pouvaient produire des victoires. Le problème est donc d'ordre psychologique. Problème provoqué entre autres par les attentes immenses. Personne ne voyait le Canadien dans les séries l'an dernier. Une fiche de 29-20-6, le sixième rang dans l'Est, à deux points de la quatrième place, n'aurait sans doute pas provoqué un tel vent de panique il y a un an.

Mais  c'est l'année du centenaire. Et pour plusieurs, le Canadien est comme sommé de gagner. Pourtant, nous ne sommes pas à Hollywood.

Je trouve qu'il y a un parallèle intéressant à faire entre le Canadien et les Canucks. Vancouver, quand il a perdu son gardien Roberto Luongo, a réussi à gagner des matchs. À son retour, Luongo n'était plus le même. Il devait retrouver son synchronisme et sa technique, minutieusement développée au fil des années. Un seul mouvement différent et la rondelle est dans le filet. Un peu comme le golfeur qui ne peut se permettre la moindre faille dans l'élan.

Les Canucks en ont perdu huit de suite en janvier. Luongo, considéré par plusieurs comme le meilleur gardien de la LNH, a accordé 21 buts au cours d'une séquence de cinq matchs. On a demandé la tête de l'entraîneur Alain Vigneault. C'était la panique à Vancouver.

Les Canucks ont gagné un match, puis deux, Luongo a commencé à retrouver ses repères. Vancouver vient maintenant de remporter ses quatre derniers matchs même si son gardien n'est pas encore au sommet.

On semble oublier que Price a raté deux semaines en raison d'une blessure "au bas du corps" qui n'est probablement pas complètement guérie. Ce genre de blessure est mortelle pour un gardien.

Je ne dis pas que Bob Gainey ne doit pas faire un échange pour obtenir un défenseur de premier plan. Je ne dis pas que les joueurs ne doivent pas se parler dans le blanc des yeux à chaque jour s'il le faut. Je ne dis pas non plus que j'ai la solution. Parce que même les hommes de hockey du CH n'en ont pas pour l'instant.

Je dis simplement que cette équipe a du talent.

Comme le mentionnait mon collègue Jean-François Bégin, si j'étais Bob, j'irais parler aux joueurs dans le vestiaire (si ce n'est déjà fait). Je leur rappellerais d'abord qu'ils sont capables d'être bons. Je leur montrerais des images du septième match contre Boston le printemps dernier. Je leur dirais aussi de ne pas attendre le sauveur, le Lecavalier, le Bouwmeester ou le Pronger, qu'ils devront se tirer du pétrin eux-mêmes. À l'heure actuelle, ces joueurs donnent l'impression d'attendre du renfort.  Tant mieux s'il y a un échange, mais Gainey n'a pas nécessairement à leur dévoiler ses plans.