Saku Koivu m'avouait mardi au téléphone être très, très nerveux à deux jours de la cérémonie lui rendant hommage, ce soir au Centre Bell.

J'ai couvert le Canadien au quotidien pendant dix ans à la belle époque où les journalistes suivaient l'équipe à bord des avions et des autobus, logeaient au même hôtel. Ça favorise toujours les rapprochements. Une visite d'une semaine dans sa ville, à Turku, en 2002, où il m'a accueilli avec générosité, m'a permis de découvrir un homme différent, profond, tout en relief, curieux, brillant.

Kirk Muller a été brièvement le capitaine lorsque j'ai commencé à couvrir l'équipe en 1994, suivi de Mike Keane, Pierre Turgeon, Vincent Damphousse, puis Saku Koivu. Il y a eu six capitaines chez le Canadien entre 1994 et 1997. Le règne de Saku Koivu allait marquer une période de stabilité en ce sens dans l'histoire de l'équipe puisque seul Jean Béliveau a été capitaine du CH aussi longtemps, 10 ans.

Jean Béliveau a eu trois entraîneurs au cours de son règne et de sa carrière, Toe Blake, Claude Ruel et Al McNeil. Il a connu deux directeurs généraux, Frank Selke et Sam Pollock.

Koivu, le premier capitaine européen de l'histoire, est venu à une autre époque, et une époque plus tumultueuse dans l'histoire du CH. Quatre DG se sont succédés au cours de sa carrière, Serge Savard, Réjean Houle, André Savard et Bob Gainey. Il a connu sept entraîneurs, Jacques Demers, Mario Tremblay, Alain Vigneault, Michel Therrien, Claude Julien, Bob Gainey et Guy Carbonneau.

Ses ailiers ont été Martin Rucinsky, Brian Savage, Oleg Petrov, Valeri Bure, bref, il était très mal entouré. Mark Recchi a été le seul ailier de grande qualité. Il n'a peut-être pas été le rassembleur qu'on aurait voulu qu'il soit. Ni la grande vedette espérée, même si, étonnamment, il vient au sixième rang de l'histoire de l'équipe au chapitre des passes avec 450, derrière Guy Lafleur, Jean Béliveau, Henri Richard, Larry Robinson et Jacques Lemaire, mais devant Yvan Cournoyer et Maurice Richard. Bref, seulement trois centres dans l'histoire du CH, Béliveau, Richard et Lemaire, ont eu plus de passes que lui.

Koivu a toujours mené par l'exemple avec sa détermination exemplaire et son grand courage. Sa lutte contre le cancer, son retour au jeu héroïque, ont frappé l'imaginaire. Une fondation a suivi. Même s'il ne porte aucune bague de la Coupe Stanley, l'héritage de Saku Koivu à Montréal est riche, très riche.