Des étudiants de 17 ans embauchés après cinq minutes d'entrevue. Un personnel qui laisse filtrer de fausses bombes dans le parc olympique. Et 2500 postes de gardiens toujours à pourvoir. À deux semaines de la cérémonie d'ouverture, les préparatifs pour la sécurité des Jeux sont si chaotiques que l'armée britannique vient d'être appelée en catastrophe.

Les autorités britanniques avaient donné l'impression qu'elles ne laisseraient rien au hasard pour assurer la sécurité des Jeux, en transformant même des toits résidentiels en bases de lancement de missiles. Or, seulement 4000 des 10 000 postes de gardiens des installations olympiques ont été pourvus par la firme G4S, mandatée par le comité britannique en mars 2011.

L'inquiétude est telle que 3500 soldats ont été appelés en renfort, ce qui porte à 17 000 le nombre de militaires qui participent à la protection des Jeux.

Le scandale s'est aggravé hier à la suite de témoignages sur le processus de sélection de G4S, firme de sécurité britannique dont le chiffre d'affaires était de 11,8 milliards de dollars l'année dernière.

Test d'eau et de vodka

«L'entrevue a été incroyablement rapide, a raconté Jack Rivlin, 24 ans, au quotidien londonien Evening Standard. Il y avait un test visuel, auquel j'ai probablement échoué... Il y avait aussi un test olfactif où on m'a demandé de sentir de l'eau et de la vodka et de dire laquelle des deux avait la plus forte odeur.»

Trois questions plus tard, Jack Rivlin s'est fait offrir un poste d'opérateur d'appareils à rayons X.

Même son de cloche chez d'autres candidats, certains de seulement 17 ans, sur un forum étudiant en ligne. «J'ai passé l'examen sans avoir d'expérience en sécurité ou quoi que ce soit», s'est étonné l'un d'eux sur le site www.thestudentroom.co.uk.

Des employés de G4S ont décrit le processus d'embauche comme une «vraie blague». «Certains candidats ne pouvaient épeler leur propre nom, a dit une source au Guardian. D'autres ne savaient pas ce qu'étaient des références d'emploi.»

À deux semaines des Jeux, des recrues n'avaient toujours pas reçu d'entraînement ni d'horaires de travail.

La firme a fait circuler des offres d'emploi urgentes au sein de l'association britannique des policiers retraités, jeudi, en précisant qu'être titulaire d'un certificat de sécurité n'était pas un préalable obligatoire.

Fausses bombes

L'équipe déjà en place n'est toutefois pas à la hauteur. Elle a laissé filtrer deux fausses bombes dans des exercices de simulation au cours des dernières semaines. Son taux de réussite n'est que de 50 % lorsque mise à l'examen, selon le tabloïd The Sun.

Le comité organisateur des Jeux (LOCOG) a attribué un contrat d'environ 450 millions à G4S contre l'approvisionnement de 10 000 surveillants, dont quelques milliers de novices. Dans un communiqué datant du 21 mars 2011, il vante ses 75 ans d'expérience, notamment dans la sécurité d'événements sportifs comme le tournoi de Wimbledon et le Grand Prix de Silverstone.

Malgré les ratés qui viennent d'éclater au grand jour, le président des Jeux de Londres, Sebastian Coe, a maintenu son appui au sous-traitant en conférence de presse, hier matin. «G4S est le plus important fournisseur de personnel de sécurité du monde, a-t-il dit, la voix rauque, au centre de presse étrangère. J'ai été extraordinairement impressionné par la qualité des gens qu'il a déjà engagés.»