Motivés par des considérations sociales, politiques ou leur simple confort personnel, les anti-Jeux tentent de faire entendre leur petite musique pendant les JO de Londres, malgré le concert des déclarations officielles enthousiastes et l'effervescence médiatique.

Sur le site internet officiel de la capitale, les autorités ne manquent pas de vanter les nombreux bénéfices que les habitants sont censés retirer de cet été «comme aucun autre». Les cent «apports» des Jeux sont dûment répertoriés, des créations d'emplois à la réhabilitation de l'est londonien où trône le stade olympique, en passant par la rénovation de divers terrains de sport.

Du «matraquage publicitaire», rétorque Julian Cheyne, porte-parole de «Counter Olympics Network», un réseau qui fédère les plus déterminés des opposants. «Les retombées promises ne vont pas se concrétiser», pronostique-t-il. «Ces Jeux sont faits pour les grosses boîtes, bien plus que pour répondre à l'idéal humaniste mis en avant par le Comité olympique».

Ce réseau est entré en action l'automne dernier. Il est soutenu par une mosaïque d'une cinquantaine d'organisations, des groupements d'habitants opposés à l'installation de missiles sur leur toit pendant les Jeux au mouvement anticapitaliste Occupy London, qui a campé pendant quatre mois cet hiver sur le parvis de la cathédrale St-Paul.

En ligne de mire, la «main-mise» des commanditaires, qui se servent des JO pour «redorer leur blason», la «surveillance policière» massive, les files réservées aux VIP dans les rues de Londres, l'encouragement du nationalisme pourtant «contraire au supposé esprit olympique» ou encore «les milliards dépensés, le plus souvent pour des installations temporaires», en ces temps d'austérité.

Mais, malgré des rassemblements et des manifestations, les anti-Jeux ont bien du mal à faire entendre.

Pas question de renoncer pour autant: samedi, qui marque le vrai début des compétitions olympiques, ils ont prévu une marche dans l'est de la capitale, appuyée par une quarantaine d'organisations, pour dénoncer le poids croissant des multinationales dans les Jeux. Ils ont néanmoins promis de ne pas perturber leur déroulement.

«Caprices des multinationales»

Les JO «sont soumis aux caprices des multinationales et des institutions financières qui cherchent ainsi un moyen d'échapper aux taxes et de saturer les épreuves sportives avec leur marketing pour se refaire une réputation», souligne Kate Morris, d'Occupy London.

La contestation peut prendre aussi des chemins plus personnels. Comme celui suivi par l'écrivain Iain Sinclair, auteur d'un livre pamphlet Ghost Milk, où il dénonce les conséquences de la métamorphose accélérée de l'est de Londres pour ses habitants et l'histoire locale.

Celle-ci a fait grimper les prix de l'immobilier et certains résidents ont peur d'être obligés de déménager, faute de moyens suffisants.

«Nous ne voulons pas partir», explique Andrew Barnard, un ouvrier à la retraite. «Nous sommes très heureux ici (...) mais nous allons probablement être déplacés à des kilomètres d'ici. Les bénéfices des JO, nous, on ne les verra probablement pas».

Plutôt que de descendre dans la rue ou de s'exprimer publiquement, certains Britanniques ont préféré prendre la fuite.

Selon une enquête de l'association de voyagistes ABTA, 19% des Britanniques partiront en vacances pendant les Jeux et 11% d'entre eux disent plier bagages pour échapper à la cohue des JO.

D'autres resteront chez eux, mais sans aller travailler.

«Je vais prendre deux ou trois semaines de congés», explique Glenn Micklewhite, chauffeur de taxi. «Car le temps de mettre en route mon taxi et de me faufiler dans le trafic pour être à pied d'oeuvre, il n'y aura plus de travail quand j'arriverai, juste plein d'embouteillages».