Guy Carbonneau et Patrick Roy ont partagé le même vestiaire, celui du Canadien de Montréal, pendant neuf saisons. Mercredi prochain, au Colisée Pepsi, les deux hommes croiseront le fer, non pas à titre de joueurs, mais bien comme entraîneurs-chefs de deux équipes de la LHJMQ alors que les Saguenéens de Chicoutimi, alma mater de Carbonneau, rendront visite aux Remparts de Québec, dirigés par Roy. Que pensent-ils l'un de l'autre? Réjean Tremblay leur a posé la question.

«Venir diriger une équipe junior, ce n'est pas un pas en arrière»

C'est quand même curieux, la recrue derrière le banc au Colisée est un ancien coach du Canadien. Et le vétéran en face de lui est un homme qui a choisi le hockey junior. Guy Carbonneau contre Patrick Roy.

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À l'époque, quand Patrick Roy, 20 ans, est entré dans le vestiaire du Canadien, c'était le contraire. Carbo était déjà un joueur établi: «À dire vrai, quand je suis entré dans le vestiaire du Canadien la première fois, ce sont les plaques sur les murs qui m'ont le plus impressionné. C'est peut-être mon goût de collectionneur de cartes de hockey qui m'a poussé. Même l'équipement du gardien avait un attrait sur moi. Les masques, les jambières, ça racontait une histoire. Ç'a contribué à ce que je devienne un gardien.»

Roy reprend: «À mes débuts, Carbo ne parlait pas beaucoup dans le vestiaire. Ceux qui se levaient étaient Bob Gainey et Larry Robinson. Mais j'ai bien senti que Carbo avait un charisme spécial même s'il n'était pas très verbal. Il était un leader par son intensité sur la patinoire. Aujourd'hui, les jeunes joueurs ont peur de se jeter devant une rondelle pour l'arrêter. Carbo s'en faisait une gloire et, comme gardien, je peux vous dire que j'appréciais son courage», de dire Patrick.

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Lui aussi se souvient de ces longues balades de L'Île-Bizard au Forum: «Au début, je me disais que ça serait long parce que Carbo ne parlait pas beaucoup. Mais j'ai compris qu'une fois qu'on le connaissait mieux, il était un homme passionné par le hockey. Autant que je pouvais l'être. Une de mes premières rides est gravée dans ma mémoire. J'étais tout jeune. On était arrêté à un McDo et Carbo s'était pris un grand café. Brûlant, vraiment brûlant. Il l'avait posé sur le tableau de bord, mais moi, un peu nerveux comme un jeune, j'avais pesé sur l'accélérateur et le foutu café s'était renversé sur sa jambe. Carbo était vraiment brûlé pis moi j'essayais de pas rire.

«Une autre fois, on s'était retrouvés sur Décarie en panne de liquide lave-glace. On ramassait de la neige partout où on pouvait en trouver pour essayer de nettoyer un peu la vitre. Des affaires que tu n'oublies jamais même si ce n'est pas très important», se rappelle Casseau.

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«Je trouve ça extraordinaire de voir Carbo venir nous rejoindre, Bobby Smith et moi, dans le hockey junior. C'est une belle façon de redonner à notre sport ce qu'on a reçu. Aider des jeunes de 16 à 20 ans à vivre des expériences extraordinaires, c'est valorisant. Dans chacun de nous, il y a un passionné du hockey et je suis vraiment content de voir Carbo redonner de son expertise. Venir diriger une équipe junior comme les Saguenéens, ce n'est pas un pas en arrière, au contraire. Il va apprendre à communiquer avec des jeunes, il va les connaître. C'est très différent de la Ligue nationale. Il faut savoir les approcher. Ce ne sont pas seulement des joueurs de hockey, dans le groupe il y a des jeunes qui veulent devenir médecin ou avocat ou n'importe quelle profession. Il faut aller chercher ses joueurs, il faut leur permettre de s'exprimer pour avoir plus de hockey», d'expliquer Roy.

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Il est intarissable quand il se met à parler de sa vraie passion: «Le plus gros problème de la Ligue de hockey junior majeur du Québec est un problème de marketing. On ne montre pas assez tout ce qui se fait de bien dans notre ligue. Ce n'est pas parfait, il n'y a rien de parfait dans la vie, mais nos jeunes vont à l'école et réussissent à 95%. C'est beaucoup mieux que dans le reste de la société. Je pense que l'on fournit en général un encadrement de qualité. En permettant à nos jeunes de vivre des expériences extraordinaires. Carbo était déjà engagé comme président des Saguenéens, ça va être bon de le retrouver derrière le banc», lance Roy.

Évidemment, c'est le premier match entre les Remparts et les Saguenéens, les deux organisations qui vivent la plus forte rivalité du hockey junior majeur québécois.

On se fait des mamours et des tendresses avant le match du 9 mars. Puis, les Remparts vont rendre la politesse aux Sags au Centre Vézina.

Conservez ces pages au cas où les deux équipes s'affronteraient en séries éliminatoires. Toutes ces belles paroles risquent de n'être qu'un beau souvenir.