Allons-y avec la nouvelle de première importance pour commencer: non, il n'y a pas eu d'effusion de sang sur la glace de l'Auditorium de Verdun, hier soir. Une bonne chose, finalement, puisqu'avec le nombre d'enfants dans la place, il aurait été bien mal vu de recréer les scènes du Vendredi saint. En lieu et place, on a eu un match de hockey. N'est-ce pas fabuleux?

Le match en question était le premier du Junior de Montréal, votre nouvelle équipe de hockey junior, au cas où vous l'auriez oublié. Si la première soirée peut servir d'indice sur la suite des choses, on peut avancer que c'est bien parti pour cette nouvelle équipe vêtue de bourgogne et de blanc; hier soir, 3780 personnes étaient là pour ce premier match de l'histoire de l'équipe, une défaite du Junior contre les Remparts de Québec, par la marque de 3-2.

Dans les gradins, on a vu des grands, des petits, et surtout plusieurs fans des Remparts, qui avaient fait le voyage de Québec pour venir faire du bruit à «Mourial», comme ils disent. Derrière le banc des Remparts, il y avait Patrick Roy, qui avait choisi d'envoyer son fils Jonathan entre les poteaux. Saint-Patrick a bien grimpé sur le banc une couple de fois, mais sans plus.

Petite confidence: c'était mon premier match de hockey junior depuis le défunt Rocket de Montréal. J'ai déjà cru remarquer que le public du hockey junior ressemblait parfois au public de la lutte de sous-sol d'église (un sport par ailleurs très noble, si vous voulez mon avis), mais hier soir, c'était un autre public. Plus familial. Plus poli. D'où j'étais en tout cas, je n'ai rien entendu de déplacé, à part peut-être ce spectateur qui a suggéré au commissaire Gilles Courteau, présenté au centre de la glace avant le match, d'aller faire un tour aux lavabos (mais en d'autres mots).

Le reste, c'était plutôt sympathique. La pizza gratuite à l'entrée. Le Ô Canada chanté par un duo d'allégeance hip-hop, avec le mec qui faisait la boîte à rythmes au micro. Des fans bruyants, qui ont applaudi chaque arrêt souvent spectaculaire du gardien Jean-François Bérubé, plutôt en forme hier.

Le grand moment, celui que l'on attendait tous, est survenu en deuxième période. C'est là que le premier but de l'histoire du Junior à Montréal a été marqué, par l'ailier gauche Benjamin Rubin. Voilà. Vous pourrez maintenant vous servir de cette information cruciale pour impressionner vos amis au prochain barbecue.

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La grande question, évidemment, c'est celle-ci: est-ce que ça va continuer comme ça? Lors d'un match d'ouverture, forcément, tout est beau. Tout est parfait, et tout le monde s'amuse. Mais en janvier, en février, ce sera quoi? Après tout, ce n'est pas la première fois qu'on fait le pari du hockey junior en ville. Des formations de hockey junior, il y en a déjà plusieurs dans le grand cimetière des équipes montréalaises.

Les récents problèmes du hockey junior ont fait mal à l'image de la ligue, et c'est peut-être à Montréal que les dommages ont été les plus importants. Par ici, on a souvent décrié, avec un brin de condescendance peut-être, ce qu'il convient déjà d'appeler la «culture du junior», avec toutes les bagarres et tous les coups de Sher-Wood que cela suppose.

C'est par ici qu'on a fait des heures et des heures de télé sur les ennuis de la ligue. C'est par ici qu'on a écrit des dizaines et des dizaines de pages sur le sujet. Les médias ont montré du doigt, avec raison, les travers d'une ligue qui est trop souvent figée dans le passé. La LHJMQ a un problème d'image, et elle doit y voir au plus vite.

En ce sens, le retour à Montréal, un marché qu'on ne peut ignorer, est un premier pas dans la bonne direction. Du hockey propre et excitant tel que joué hier soir, ça aussi, c'est un pas dans la bonne direction.

Reste à voir si ça va durer.