Il y a des joueurs qui ont un peu de pression sur les épaules. Il y a des joueurs qui en ont beaucoup. Puis, il y a Roberto Luongo. On dit de Carey Price qu'il a le job le plus difficile de toute la LNH? Eh bien, il faudrait en jaser avec Luongo. À 32 ans, le gardien québécois en est rendu là: il doit gagner. Maintenant, de préférence. Parce que malgré ses belles statistiques, il n'a toujours pas de bague de la Coupe Stanley au doigt, un léger détail que plusieurs experts aiment lui rappeler à la moindre occasion.

Luongo est une cible facile, et on peut comprendre pourquoi. Avec toutes nos excuses aux frères Sedin, le visage des Canucks, c'est lui. Il a été le capitaine du club pendant deux ans, avant de renoncer à ce titre en début de saison. Quand les Canucks l'ont obtenu des Panthers de la Floride en 2006, pour ensuite lui offrir une immense prolongation de contrat (12 ans, rien de moins), le message était assez clair: le joueur de concession à Vancouver, c'est Luongo.

Cela ne vient pas sans attentes. Le gardien québécois a beau avoir remporté l'or il y a un an aux Jeux de Vancouver, il a beau avoir remporté 47 matchs à sa première saison chez les Canucks, on lui demande toujours la même chose: cette Coupe Stanley, c'est pour quand?

Grands favoris

Ce printemps, ce sont les Canucks qui partent grands favoris. Cette fois, plus d'excuses. Et c'est Roberto Luongo qui aura tous les réflecteurs braqués sur lui.

Mike Gillis, directeur général des Canucks, le sait trop bien.

«Je crois certainement que les attentes sont plus grandes envers Roberto parce que nous avons une bonne équipe, a reconnu Gillis lors d'une conférence téléphonique il y a quelques jours. Mais pour gagner en séries, les astres doivent être alignés. Ça prend un peu de chance, ça prend quelques décisions favorables des arbitres, et tous tes joueurs doivent être au sommet de leur forme. Roberto est un gardien très fier, mais c'est un sport d'équipe, et tous nos joueurs doivent l'appuyer et jouer comme ils l'ont fait pendant une grande partie de la saison.»

J'ai demandé à Mike Gillis si ce n'était pas un peu injuste de juger un gardien au nombre de bagues qui sont accrochées à ses doigts.

«C'est un peu injuste parce que le hockey est un sport d'équipe, a-t-il répondu. Par contre, si on veut être considéré parmi les meilleurs gardiens de l'histoire du hockey, on doit être encore meilleur quand ça compte. Les choses peuvent mal tourner au cours d'un match, mais on doit être au mieux. L'an passé aux Jeux olympiques, sous une pression très intense, Roberto a augmenté la qualité de son jeu, et nous espérons qu'il le fera de nouveau en séries.»

Être bien entouré

C'est vrai, de très bons gardiens ont pris leur retraite sans avoir eu le privilège d'embrasser le fameux trophée argenté. «Le gardien doit être entouré d'un club qui est capable de gagner, d'ajouter Mike Gillis. On regarde un peu les gardiens dans l'histoire de cette ligue, et on réalise qu'il y en a plusieurs qui n'ont jamais remporté la Coupe, parce qu'ils ne pouvaient pas compter sur une bonne équipe.»

Ce n'est certes pas le cas de Luongo. Il a devant lui la meilleure formation du hockey. Il a devant lui le meilleur compteur de la ligue en Daniel Sedin. On le disait autrefois épuisé? Cette fois, la direction des Canucks l'a ménagé, en l'envoyant 60 fois devant le filet. Il s'agit de sa deuxième saison parmi les moins occupées au cours des huit dernières.

On dirait bien que cette année sera, enfin, celle des Canucks et de Luongo.

«C'est Roberto qui s'impose le plus de pression, souligne Mike Gillis. Il veut être le meilleur gardien possible. Chaque série éliminatoire est importante pour lui, parce qu'il s'impose toujours beaucoup de pression, parce qu'il est très fier, et parce qu'il cherche désespérément à gagner.»

Il n'y a pas qu'à Montréal où les attentes sont très grandes. C'est comme ça aussi à Vancouver, là où le club local vient de connaître la meilleure saison régulière de son histoire. À Vancouver, on veut la Coupe et rien d'autre. Et s'il n'y a pas de défilé en juin, on devine déjà qui sera le premier à être blâmé...

Henrik et la pression

Les Canucks ont donc conclu leur saison régulière avec une récolte de 117 points. C'est quelque chose, comme dirait le grand Mario. Mais on va rapidement oublier cette jolie récolte si jamais le printemps des Canucks vire au cauchemar. Pire, s'ils s'inclinent contre Chicago au premier tour...

Oui, il y a des sceptiques dans la salle, et la raison en est simple: les Canucks ont l'habitude des écrasements spectaculaires. En fait, ils n'ont pas franchi le deuxième tour des séries depuis 1994, année de leur dernière présence en grande finale.

Voyez un peu ces récents résultats: élimination au deuxième tour (2010), élimination au deuxième tour (2009), pas de séries (2008), élimination au deuxième tour (2007), pas de séries (2006)...

On ose à peine imaginer la réaction des fans là-bas si jamais ils s'écrasent à nouveau...

«Dans ce marché, ce n'est pas différent des autres années, a expliqué Henrik Sedin lors d'une conférence téléphonique la semaine dernière. À Vancouver, la pression serait aussi intense même si on gagnait quatre Coupes Stanley de suite... Pour nous, il n'y a aucune différence avec les autres années. En fait, la seule différence, c'est que nous avons une meilleure équipe.»

Ça, et une équipe qui sera enfin en santé, à ce qu'il paraît. Les défenseurs Ehrhoff, Hamhuis, Edler, Salo, Bieksa et Ballard devraient tous être à leur poste pour le début des séries contre Chicago...

Lors du match des Étoiles en Caroline, l'entraîneur Alain Vigneault m'avait expliqué que la pression à Vancouver est aussi forte qu'à Montréal. Je commence à croire qu'il disait vrai.

Photo: PC

Les frères Daniel et Henrik Sedin.

Saison à oublier pour David Perron

J'étais à St.Louis le soir où David Perron s'est fait cogner solide par le gros Joe Thornton, des Sharks. Perron avait dû quitter le match, mais était ensuite revenu pour marquer un but. Après la rencontre, il avait raconté que sur le coup, il avait eu peur de devoir rater de deux à quatre semaines de jeu... mais qu'il croyait s'être bien remis de la charge de Thornton à son endroit.

Finalement, il a raté le reste de la saison.

C'est bien ça; pour David Perron, 2010-11 se résume à seulement 10 matchs. Il n'a jamais joué depuis ce soir du 4 novembre, et il n'est même pas capable de reprendre l'entraînement, toujours aux prises avec des symptômes de commotion cérébrale.

«Je ne peux rien faire», a-t-il confié à Associated Press après le dernier match des Blues, samedi soir.

En fait, tout ce que David Perron peut faire, c'est espérer. Espérer être en forme au moment où s'ouvrira le camp d'entraînement de son club, en septembre.

Son histoire nous rappelle qu'il faut être très prudent quand il est question de commotions cérébrales. Certainement que Perron n'aurait jamais dû obtenir le OK pour revenir sur la glace et compléter le match ce soir-là.

Son histoire nous rappelle également qu'il est difficile de prévoir quand un joueur sera remis. Alors, avant de s'imaginer que Max Pacioretty sera de retour en séries face aux Bruins, respirons un peu par le nez. Même chose dans le cas de Sidney Crosby.  Enfin, les clubs de la LNH semblent jouer de prudence quand il est question de blessures à la tête. On peut dire qu'il était temps.

Photo: André Pichette, La Presse

David Perron

Le CH et les Bruins se retrouvent... encore

En tout, il s'agira de la 33e série entre les deux grands rivaux. Souvent, très souvent, c'est le CH qui a l'avantage quand les Bruins s'amènent au printemps; en séries, le Canadien l'a emporté 24 fois sur ses vieux rivaux de Boston...

C'est d'ailleurs à cause des résultats du passé qu'on se dit que le CH a peut-être une chance cette saison. En séries, souvent, on a vu le Canadien surprendre des Bruins beaucoup plus puissants. C'est arrivé régulièrement, dont lors de cette fameuse série de 2004, quand les Bruins avaient une avance de 3-1 après le quatrième match au Centre Bell. On se souvient du reste, non?

Il y a une constante dans tout ça: quand le CH se permet de surprendre les Bruins, c'est parce que son gardien vole la série. C'est arrivé avec Ken Dryden, Steve Penney, Patrick Roy, José Théodore... et si jamais ça arrive une fois de plus, ce sera sans doute parce que Carey Price est supérieur à Tim Thomas. On n'en sort pas.

Par ailleurs, on parle souvent d'expérience au moment d'amorcer les séries, et à ce chapitre, il est intéressant de rappeler qu'un seul joueur des Bruins a déjà gagné le gros trophée: Mark Recchi. Le Canadien, lui, mise sur cinq types qui ont déjà réussi le coup en Gionta, Gomez, Moen, Gill, et Brent Sopel il y a un an avec les Hawks.

Tout ça pour dire qu'il y a un mois à peine, j'aurais dit les Bruins en quatre. Sans hésiter, en plus. Mais là? Là, je ne suis plus si certain.

Le chiffre de la semaine

3

Le nombre de buts réussis par Steven Stamkos à ses 15 derniers matchs. Le jeune attaquant du Lightning était en route pour une saison de 50 buts en 50 matchs... mais il a fini la saison avec 45 buts. Seul Corey Perry a atteint la barre des 50 buts cette saison.

La décision inévitable

Le congédiement de Cory Clouston

C'était clair que le coach des Sénateurs (pardon, ancien coach) vivait sur du temps emprunté. Et maintenant, qui va prendre sa place? Je mettrais un petit 2$ que le nom de Kirk Muller va se mettre à circuler assez vite, si ce n'est déjà fait.

La question qui fait mal... surtout à Gary Bettman

Les Coyotes contre les Red Wings de Detroit au premier tour... Est-ce qu'il s'agira des derniers matchs des Coyotes en Arizona?

Le détail digne de mention

Les Sharks, les Ducks et les Kings sont des séries.

Ça fait donc trois clubs de Californie en séries... contre seulement deux clubs canadiens.

La citation de la semaine

«Je retourne où j'étais avant»

Jacques Lemaire, pour expliquer sa décision de ne pas revenir derrière le banc des Devils du New Jersey en octobre.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Carey Price et le Canadien affronteront Patrice Bergeron et les Bruins à compter de jeudi.