Oui, on s'attendait à un Lightning revu et amélioré cette saison. Après tout, le club de Tampa a apporté quelques changements judicieux à son alignement l'été dernier, et tous les espoirs étaient permis dans cette ville où la conquête de la Coupe Stanley ne semblait plus qu'un lointain souvenir. Et voici qu'on parle de nouveau de Coupe Stanley sous les palmiers de Tampa ces jours-ci. Et la raison en est simple: Guy Boucher.

J'ai eu l'occasion de discuter avec plusieurs joueurs du Lightning cette saison, et chaque fois, c'est le nom de Boucher qui refait surface quand vient le temps d'expliquer cette renaissance. L'entraîneur québécois a déjà réussi à gagner la pleine confiance de ses gars, qui ont rapidement adopté son système. Les résultats sont là: ce club, qui avait conclu la dernière saison avec 80 points et une 12e place dans l'Est, flirte maintenant avec le sommet de sa conférence, avec 57 points.

Ce qui nous mène à l'inévitable question: Guy Boucher sera-t-il sacré entraîneur de l'année?

La réponse ne semble pas préoccuper le principal intéressé. D'ailleurs, quand il a su que je cherchais à lui parler pour aborder la question, Boucher a poliment décliné ma demande d'entrevue. Pas étonnant. Cet homme aime mieux parler de ses joueurs. Parler de lui, ce n'est pas quelque chose qui lui plaît.

«Il a fait un travail fantastique»

L'attaquant Dominic Moore, qui a dit oui à l'offre de Tampa à l'été après avoir joué à Montréal la saison dernière, n'hésite pas à vanter son nouvel entraîneur.

«Je crois que oui, il mérite d'être parmi les candidats pour ce titre, m'a-t-il dit en entrevue téléphonique. Il a fait un travail fantastique jusqu'ici. On voit déjà combien cette équipe s'est améliorée depuis la saison dernière. Et ce n'est pas fini, il nous reste encore beaucoup à faire.»

Quand on demande à Dominic Moore d'énumérer les qualités principales de Guy Boucher, il attend quelques secondes avant de répondre.

«C'est qu'il a plusieurs qualités... Son enthousiasme est contagieux, il est intelligent et il arrive toujours bien préparé. C'est un gars qui travaille fort et qui va chercher le maximum de ses joueurs. C'est un passionné. J'ai parlé avec ceux qui font partie de l'équipe depuis longtemps, et ils disent tous la même chose: Guy a changé la culture du club, tout comme Steve Yzerman, notre directeur général. Guy nous rappelle toujours qu'on doit être un peu meilleurs chaque jour.»

Rappelons tout de même qu'au départ, il y avait des sceptiques. Il y avait ceux qui doutaient d'un entraîneur de 38 ans, sans expérience chez les grands de la LNH. «Son âge n'est pas un facteur, ajoute Dominic Moore. Les joueurs répondent bien à son enthousiasme et à sa personnalité. Il a du charisme et il nous respecte. Ses qualités sont beaucoup plus importantes que son âge.»

Et les autres?

À moins d'un effondrement complet de son club d'ici à la fin de la saison régulière, Guy Boucher fera certes partie des favoris dans la course au trophée Jack Adams. Qui seront les autres? On verra bien, mais n'oublions pas ceci: souvent, on remet ce trophée à l'entraîneur qui a obtenu les résultats les plus surprenants. À ce chapitre, deux autres noms devraient se retrouver sur la liste: Craig Ramsay et Marc Crawford.

Ramsay, le nouvel entraîneur des Thrashers, pourrait fort bien mener son club en séries. Si ça arrive, il sera assurément de toutes les discussions pour le trophée Jack Adams. Qui voyait les pauvres Thrashers en séries au mois de septembre?

Un autre qui fait jaser, c'est Marc Crawford, qui dirige les Stars de Dallas. À sa deuxième saison chez les Stars, Crawford est à la tête d'un club qui occupe la troisième position dans l'Ouest... après avoir fini en 12e place la saison dernière. Cet homme, rappelons-le, a déjà remporté le Jack Adams en 1995, alors qu'il était à la tête des Nordiques.

Alors ce sera probablement entre ces trois-là. Mais n'allez surtout pas croire que le suspense est en train de tuer Guy Boucher.

«Je ne pense pas qu'il s'inquiète à propos du trophée Jack Adams», a résumé Dominic Moore en riant au bout du fil.

Quelque chose nous dit que Dominic Moore a probablement raison.

Puisqu'on jase de trophées, là...

C'est souvent une habitude: en début de saison, on se réunit entre copains, on prend quelques bières, on écoute quelques disques de black metal à l'envers, comme Venom et Celtic Frost par exemple, puis on prépare notre pool de hockey. Souvent aussi, on s'aventure à quelques prédictions. Comme une prédiction pour le prochain gagnant du trophée Calder, remis à la recrue de l'année.

J'avais l'impression que Tyler Séguin allait être de cette discussion, mais ce n'est pas parti pour ça, n'est-ce pas? Les noms qui circulent ces temps-ci sont plutôt ceux de Logan Couture, Jeff Skinner, Taylor Hall, sans oublier le gardien Sergei Bobrovsky, des Flyers de Philadelphie.

Mais si ça continue, il va falloir sérieusement considérer un certain Corey Crawford, gardien chez les Blackhawks de Chicago.

Vous le connaissez peut-être déjà. Un gars de Chateauguay un peu timide, qui a passé les cinq dernières saisons «en bas», comme on le dit entre experts. Il a finalement eu sa chance cette saison, et il s'est permis de voler le poste de numéro un à Marty Turco. Rien que ça. Rappelons ici que Turco avait été embauché à l'été par les Hawks pour être le numéro un...

Alors oui, Corey Crawford mérite d'être de la course au trophée Calder. Et il le sera assurément s'il continue comme ça. Pendant ce temps, notre ami Antti Niemi, qui avait tout juste volé le poste qui devait appartenir à Crawford la saison dernière à Chicago, peine à retrouver ses moyens chez les Sharks de San Jose. En fait, Niemi a plus de défaites que de victoires à sa fiche.

Ça change vraiment vite dans cette ligue, ne trouvez-vous pas?

Photo: AP

Le gardien des Blackhawks Corey Crawford mérite d'être de la course au trophée Calder.

Il pleut des dollars dans le vestiaire des Leafs

C'est pour ça que j'adore les Maple Leafs de Toronto. Pensez-y. Y a-t-il une équipe plus hilarante dans la Ligue nationale de hockey? J'en doute. Ça va du directeur général, qui affirme haut et fort à la radio qu'il n'y a pas d'intouchables dans son club, à l'entraîneur, qui promet des liasses de fric à ses joueurs si jamais ils battent son ancien club, les Sharks de San Jose. Ron Wilson a bel et bien promis 600$ à celui qui allait marquer le but de la victoire contre les Requins...

D'ordinaire, ce genre de récompense ne sort pas du vestiaire; ce qui est dans la chambre reste dans la chambre, on le sait. Mais cette fois-ci, quelqu'un a ébruité l'affaire, et les Leafs se sont retrouvés dans l'embarras. Une autre fois.

Ceci dit, les Leafs ne sont pas les seuls à s'adonner à ce genre d'activité. Des liasses de fric qui changent de mains, ça arrive souvent dans cette ligue. C'est juste que la ligue aimerait mieux que le partisan moyen ne soit pas au courant. Je me souviens des parties de cartes et des piles de billets de 20$ dans l'avion privé du Canadien, à l'époque où les journalistes y avaient accès. Les saisons sont longues, et des fois, les boys ont besoin de relaxer un peu, n'est-ce pas?

Mais quand c'est l'entraîneur qui offre du fric à ses gars, c'est pire. La LNH ne voudrait pas se retrouver avec un coach qui offrirait de l'argent à un gars qui, par exemple, «sortirait» le meilleur défenseur de l'autre équipe. C'est pour ça que Ron Wilson a été mis à l'amende.

La prochaine fois, je suis sûr que Monsieur Wilson va être plus discret. Un dépôt direct, par exemple? C'est tellement plus pratique...

Photo: PC

L'entraîneur des Maple Leafs de Toronto, Ron Wilson, a promis 600$ à celui qui allait marquer le but de la victoire contre son ancien club, les Sharks de San Jose.

Des nouvelles de Sheldon

Il fut un temps où Sheldon Souray était l'un des joueurs les plus populaires à Montréal. Les dames aimaient bien sa belle gueule, les fans aimaient son immense tir depuis la ligue bleue, et puis moi, je l'aimais bien parce qu'on pouvait jaser de Pearl Jam et de Metallica dans le vestiaire.  

Bref, il n'y a pas si longtemps, plusieurs fans en voulaient au CH de ne pas avoir retenu ses services. Mais aujourd'hui, plus personne ne veut du gros Sheldon  

En chicane avec les Oilers d'Edmonton, Souray a été largué dans la Ligue américaine en début de saison. On croyait bien que cela n'allait être que temporaire, mais, surprise, Souray est toujours «en bas». Et rien ne permet de croire qu'il va se retrouver «en haut» sous peu.

Pour ceux que ça intéressent, la fiche du gros défenseur depuis qu'il est chez les Bears de Hershey: seulement 15 matchs de disputés... et un but avec six passes.

Souray a été blessé à une main et à un genou, et il n'a toujours pas retrouvé la forme. Le gars a 34 ans, et la question se pose: le reverra-t-on un jour dans la LNH?

Pour cette saison-ci, en tout cas, les chances semblent bien minces.

La statistique qui étonne

À ses sept derniers départs, Jaroslav Halak n'a récolté que deux victoires.

Le chiffre qui étonne

Après 46 matchs, Steven Stamkos a récolté 33 buts. C'est excellent, bien sûr, mais tout indique que l'attaquant du Lightning n'atteindra pas le plateau mythique des 50 buts en 50 matchs... à moins de récolter 17 buts à ses quatre prochains matchs. Ce qui serait plutôt incroyable, on en conviendra.   

La citation de la semaine

«Je suis content d'avoir parlé au coach. Maintenant, je sais ce qu'il veut.»

Andrei Kostitsyn, suite à sa rencontre avec Jacques Martin. On va risquer une réponse: peut-être que le coach veut qu'Andrei se présente plus souvent qu'une fois aux 10 matchs?

À l'extérieur de la patinoire...

> Comme ça, ce sera Packers contre Bears dans la Conférence nationale, puis Steelers contre Jets dans la Conférence américaine. La plus grosse surprise, c'est les Jets, qui ont réussi à faire passer Tom Brady pour un vulgaire pee-wee, dimanche à Foxboro. Rarement vu Brady aussi confus, et rarement vu les Pats aussi indisciplinés. Les Steelers ont besoin d'être prêts.

> Il reste donc quatre équipes encore en vie dans la NFL, et ces quatre équipes sont menées par des quarts qui ont tous été des choix de première ronde. Ce n'est sans doute pas une coïncidence.

Photo: PC

En chicane avec les Oilers d'Edmonton, Sheldon Souray a été largué dans la Ligue américaine en début de saison.