(Montréal) Jouera-t-elle ? Devra-t-elle patienter ? Est-ce que le contrat a été signé ? Voilà des questions qui ont été fréquemment posées à l’attaquante Mélodie Daoust lors de ses mêlées de presse avec les médias au cours de la saison régulière de la Ligue professionnelle de hockey féminin. Mercredi midi à l’Auditorium de Verdun, les journalistes avaient les mêmes préoccupations.

Le cas de l’attaquante de l’équipe de Montréal, c’est celui d’une jeune dame qui « vit un pur bonheur » chaque fois qu’elle saute sur la glace, mais qui ne peut pas pratiquer le hockey aussi souvent qu’elle le voudrait et comme une vraie professionnelle, à cause de sa situation de mère monoparentale d’un jeune garçon.

Sa seule avenue, ce sont des contrats de 10 jours, comme les deux qui lui ont été offerts pendant la saison régulière –– le maximum selon les règlements de la ligue à condition qu’une coéquipière soit blessée — et qu’elle a signés, et celui qu’elle pourrait parapher en vue des séries éliminatoires.

« Je sais que je peux jouer sous un autre contrat de 10 jours. Je vais attendre la décision ce soir (mercredi). Je suis disponible », a répondu Daoust lorsque questionnée sur son statut en vue du premier match de la série demi-finale, qui aura lieu jeudi soir à la Place Bell contre Boston.

Le règlement de la LPHF stipule qu’une joueuse peut signer un seul contrat de 10 jours pendant les séries éliminatoires. Dans le cas de Daoust, la question déchirante est de savoir quel est le meilleur moment pour apposer son nom au bas d’un tel pacte, si la possibilité se présente.

Le calendrier de la série de trois de cinq entre Montréal et Boston pourrait s’étirer jusqu’au 19 mai si le duel se rend à la limite. Ainsi, si Daoust signe un contrat qui lui donne le droit de jouer dès jeudi, il est assuré qu’elle ne pourra pas participer à la finale si la formation montréalaise s’y qualifie.

Un journaliste lui a d’ailleurs demandé si elle préférerait participer à la demi-finale ou si elle serait prête à prendre une chance que Montréal atteigne la finale.

« C’est un bon pari et je ne suis pas très bonne au casino ! », a-t-elle lancé en riant.

Je dirais que peu importe comment je peux avoir un impact sur l’équipe, c’est ce que je veux. Si c’est pour l’aider à aller en finale et vivre ce rêve-là, ce sera ça. Si c’est le contraire, ce sera ça aussi. Je suis là pour aider puis quand je reçois l’appel, je suis prête.

Mélodie Daoust

L’attaquante de 32 ans originaire de Salaberry-de-Valleyfield a eu le temps de participer à six matchs, incluant deux contre Boston, grâce à ses deux contrats de 10 jours. Elle a récolté cinq points, dont trois buts.

Six parties, c’est exactement le quart d’une saison complète, mais ça n’empêche pas Daoust d’avoir été comblée par la première année d’existence de la LPHF. Pour elle, une nouvelle ère a été lancée.

« On a établi la base et on ne peut que monter. Les partisans nous ont suivies tout au cours de l’année. Ils étaient là, ils étaient présents pour nous supporter. On voit qu’il y a un engouement pour le hockey féminin des plus jeunes à aller aux plus vieilles et c’est ça qui est important. On fait grandir le hockey féminin en ce moment », a d’abord souligné Daoust.

« Notre mission est encore la même, on veut qu’il y ait plus de jeunes joueuses qui jouent. Pour nous, c’est ça qui est important. Mais côté hockey professionnel, il y a encore des choses à améliorer, je ne le cacherai pas. Mais je crois qu’on a fait un bon pas dans la bonne direction », a-t-elle ajouté.

C’est lorsqu’elle a été invitée à élaborer sur les « choses à améliorer » que Daoust est revenue sur sa situation personnelle.

« Présentement, je ne peux pas faire une vie en jouant juste au hockey avec mon contrat de réserviste. C’est pour ça que je devais avoir un autre emploi à l’extérieur. Mais c’est la même chose pour des joueuses qui gagnent le salaire minimum. Si tu as une famille, c’est difficile, les fins de mois. »

« Il y a plein de matchs durant la saison où j’aurais pu jouer quand je n’avais pas la garde de mon garçon. Aussi, il faut que je signe un contrat quand il y a une blessée dans notre équipe. C’est plate parce que tu ne souhaites pas ça à personne. C’est peut-être une règle qui va changer dans le futur », a ajouté Daoust.

Selon l’entraîneuse-chef du club de Montréal, Kori Cheverie, le règlement relatif aux joueuses de réserve n’est pas ce qu’il y a de mieux.

« Ce serait préférable d’avoir 25 ou 26 joueuses régulières qui peuvent toutes jouer. […] Il y a du bon et du moins bon dans chaque option. Mais c’est sûr que le contrat de 10 jours, ce n’est pas idéal. C’est difficile. J’espère que les choses seront un peu différentes l’année prochaine. »