Après Glendale et Tempe, les Coyotes de l’Arizona tentent de nouveau leur chance pour dénicher un domicile permanent, cette fois à Phoenix. Tard jeudi soir, ils ont annoncé en grande pompe leur nouveau projet, qui pourrait bien être celui de la dernière chance. Décryptage.

Encore un projet d’aréna ?

Eh oui, encore. Le pire dans tout ça, c’est que les Coyotes avaient un domicile. Mais le Desert Diamond Arena, anciennement le Gila River Arena, était problématique à deux égards. Primo : il était mal situé, à une bonne trentaine de minutes de voiture du triangle formé par les villes de Phoenix, Tempe et Scottsdale. Secundo : les Coyotes se sont mis à se quereller avec la Ville de Glendale, qui détenait l’aréna. Or, comme faire cuire du bacon en bedaine, ce n’est pas le genre d’idée qui donne des prix Nobel. Chassés de Glendale en 2022, ils ont migré au Mullett Arena, leur domicile actuel de 4600 sièges. Ce domicile est censé être temporaire, mais la planification d’un nouvel amphithéâtre se bute à des écueils. L’équipe avait identifié un terrain sis sur un ancien dépotoir en bordure du centre-ville de Tempe, mais le projet a été rejeté par les citoyens de Tempe par référendum, en mai 2023.

Et le nouveau projet, ça ressemble à quoi ?

Disons que ça prend de l’imagination, car pour le moment, le terrain convoité est désertique. Du moins, si on se fie à la dernière image disponible dans Google Street View de l’intersection de Scottsdale Road et de l’autoroute 101.

IMAGE TIRÉE DE GOOGLE STREET VIEW

« Le terrain est entouré d’une bonne base d’entreprises, avec un accès direct à l’autoroute, et est prêt pour la construction puisque ce n’est pas un dépotoir », dit fièrement l’équipe, sur un site web créé spécifiquement pour vendre le projet⁠1. L’accès à l’autoroute est effectivement crucial, puisque le terrain est situé à 38 km de l’aéroport de Phoenix, et à la même distance du centre-ville. Le Vieux-Scottsdale, quartier central d’une banlieue plutôt vivante de Phoenix, est à 16 km du terrain convoité. L’aréna, d’une capacité de 17 000 spectateurs, serait inauguré à temps pour la saison 2027-2028, affirme l’équipe. On y construirait aussi trois patinoires qui serviraient à la fois de centre d’entraînement pour les Coyotes et pour le hockey mineur, de même qu’une salle de spectacle de 3000 places. Des logements, des bureaux et des stationnements compléteraient le portrait. Une facture de 3 milliards de dollars, payée entièrement par des fonds privés, assure-t-on.

Bon, super. Et acheter le terrain, c’est compliqué ?

Un peu, oui. Contrairement au terrain convoité à Tempe, le développement sur ce terrain-ci ne peut pas faire l’objet d’un référendum, affirment les Coyotes. Mais pour en devenir propriétaire, l’équipe doit participer à un encan, et donc soumettre la plus haute mise. La mise minimale, pour le terrain de 110 acres, est de 68,5 millions de dollars, lit-on sur le site internet du gouvernement de l’Arizona. Cet encan aura lieu le 27 juin.

Et si ça ne fonctionne pas ?

C’est là que ça devient intrigant. En janvier dernier, Smith Entertainment Group (SEG) a officiellement demandé à la Ligue nationale de hockey (LNH) de déclencher un processus d’expansion afin que Salt Lake City puisse accueillir une équipe. En réponse, la LNH a déclaré, par communiqué, « apprécier l’intérêt de SEG » et s’est dite « impressionnée par l’engagement, la passion et la vision » de Ryan et Ashley Smith, à la tête du groupe. Bref, rien pour calmer le jeu. Du côté de Québec, le ministre des Finances, Eric Girard, devait rencontrer cette semaine Gary Bettman, une rencontre « de courtoisie », selon nos confrères du Journal de Québec. Cela dit, une relocalisation immédiate des Coyotes, dans l’éventualité d’un échec à l’encan, constituerait un précédent. La dernière relocalisation dans la LNH, quand les Thrashers ont migré d’Atlanta vers Winnipeg en 2011, avait été annoncée le 31 mai. En février dernier, soit avant que les détails soient connus, Gary Bettman disait avoir « raisonnablement » confiance en la capacité du propriétaire des Coyotes, Alex Meruelo, de construire un nouvel aréna.

Et chez les Coyotes, on y croit ?

L’organisation a opté pour une stratégie de communication que l’on pourrait qualifier d’agressive. Sur le site web susmentionné, on retrouve un décompte détaillant, en secondes, le temps restant d’ici à l’encan. Tard jeudi soir, un long communiqué détaillé a été envoyé aux journalistes inscrits à la liste d’envoi des Coyotes. Sur X, l’équipe incite ses partisans à mettre de la pression sur la mairesse de Phoenix, Kate Gallego⁠2, bien que l’encan soit de compétence étatique et non pas municipale. Dans une autre publication, l’équipe répond au journaliste Frank Seravalli, du site Daily Faceoff, qui rappelle que les Coyotes étaient également convaincus que les citoyens appuieraient leur projet à Tempe. Et à un simple internaute demandant d’évaluer les chances qu’un autre investisseur mise davantage que les Coyotes sur le terrain convoité, l’équipe a répondu : « 0 % ».

1. https://www.nhl.com/coyotes/new-arena/

2. https://twitter.com/ArizonaCoyotes/status/1776301262398800086