(Laval) À son premier match devant ses nouveaux partisans, vendredi soir, David Reinbacher n’a pas été le plus visible, mais il n’a pas commis de gaffe non plus. Pour un défenseur en développement comme lui, c’est probablement la meilleure manière de s’illustrer.

« Les bons défenseurs dans la Ligue nationale de hockey ne sont pas flashy », a lancé l’entraîneur-chef Jean-François Houle après la victoire de 2 à 1 du Rocket de Laval face aux Senators de Belleville. Match au cours duquel le cinquième choix au total du dernier repêchage a été blanchi de la feuille de pointage, mais en affichant un différentiel de +1.

Professeur Houle parlait avec un enthousiasme débordant, presque exagéré, de son jeune étudiant. « Première palette que tu vois, tu fais la passe. Tu sautes dans le jeu au bon moment. Quand on te demande de jouer physique et d’avoir le bâton sur la rondelle, faut le faire. Il garde ça simple. »

Reinbacher a écouté les consignes et appliqué les enseignements reçus au cours des cinq matchs qu’il a maintenant disputés avec l’équipe lavalloise.

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David Reinbacher

Il n’y avait aucun banc vide pour cet autre duel entre le Rocket et les Senators. On se demandait si les gens s’étaient déplacés en masse en raison de l’engouement suscité par la jeune sensation autrichienne ou si c’était pour assister au retour de Mattias Norlinder dans la formation après avoir regardé les quatre derniers matchs depuis les gradins.

Lorsque Reinbacher a touché au disque à la 41e seconde de la rencontre, on a eu notre réponse. Des encouragements polis, mais sans plus de la part des partisans de l’équipe locale. « C’est différent [qu’en Suisse]. À Kloten il y a des chansons pendant 60 minutes. Il y a de grosses chorales comme au soccer. Mais les partisans ici sont fantastiques », a précisé le joueur de 19 ans.

Reste que dans l’ensemble, Reinbacher a bien paru. Il a même été « excellent », selon son entraîneur-chef.

Flanqué de Tobie Paquette-Bisson, le droitier a été impliqué, engagé, intelligent en possession du disque et même porté à se porter en attaque à quelques occasions. Il a même bouffé des minutes en désavantage numérique lors des cinq punitions de Belleville. Sans pour autant épater la galerie, il a fait le nécessaire pour ne pas nuire à son équipe. Et le Rocket s’en est tiré avec une cinquième victoire de suite face à leurs plus féroces rivaux de section.

« Il [Houle] doit aimer ce que je fais. Je ne sais pas quoi dire de plus. C’est la décision de l’entraîneur. J’essaye juste de bien faire mon travail », a répondu Reinbacher au sujet de son utilisation dans les moments critiques du match.

Pour un jeune, il se débrouille très bien. La petite glace n’a pas l’air de trop l’affecter. J’aime qu’il aille dans les coins. C’est très important pour un jeune défenseur de montrer que tu es capable de jouer physique.

Jean-François Houle, entraîneur-chef du Rocket

Dobes se dresse

Jakub Dobes avait connu une entrée en matière plutôt boiteuse en début de saison.

Mais contrairement à Ti-Mé Paré à la barre de son talk-show, il a su s’adapter.

Le cerbère de 22 ans avait entamé la campagne avec un dossier de trois victoires à ses 13 premiers matchs.

Vendredi soir, en pleine course aux éliminatoires, il a repoussé 35 des 36 tirs dirigés vers lui.

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Le gardien Jakub Dobes

Une performance expliquant en grande partie pourquoi le Rocket a une priorité de quatre points sur les Senators et se situe seulement un point derrière les Marlies de Toronto.

« Il a commencé fragilement, a admis Houle, mais il avait montré des choses prometteuses à l’université. Au camp des recrues, il a été excellent. Il avait besoin de temps pour apprendre et on n’avait pas bien joué devant lui, on avait des trous. Mais c’est tout un retour et ça montre le genre de joueur qu’il est. »

Le principal intéressé n’a plus envie de laisser tomber son équipe à ce stade-ci de la saison et c’est pourquoi il s’est présenté au match dans son plus bel habit printanier.

Quand tu arrives en mode séries, il n’y a rien qui importe plus que la victoire. Je veux offrir à mon équipe les meilleures chances de gagner.

Jakub Dobeš

Paquette-Bisson n’a pris aucun détour pour expliquer pourquoi le Rocket avait filé avec la victoire : « Dobes a fait un méchant travail pour nous autres ! »

William Trudeau et Brandon Gignac auront été les seuls joueurs du Rocket à trouver le fond du filet.

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Brandon Gignac vient d’inscrire le deuxième but du Rocket de Laval.

La course se poursuit

Comme les Senators, les Marlies et les Comets de Utica se sont aussi inclinés vendredi soir : « OK ! Ce sont de bonnes nouvelles ça », a soufflé gaiement Paquette-Bisson lorsqu’on le lui a appris dans le vestiaire.

Il reste sept matchs à la saison du Rocket, toujours en cinquième position de la division Nord, la dernière donnant accès aux éliminatoires. Du lot, trois seront disputés face à ces mêmes Senators.

Pour se rendre dans le bal éliminatoire, le Rocket devra d’abord « bien jouer défensivement. » Selon Houle, son équipe a accordé trop de tirs au but. Néanmoins, « quand tu peux donner juste un but, tu as une chance de gagner. On veut continuer là-dessus. La défensive est primordiale pour nous. C’est rare qu’on gagne un match 5-4. On n’est pas ce genre d’équipe-là. »

Ensuite, jouer avec le même état d’esprit que Dobes : « Il ne faut pas être satisfait. Du moins, il ne faut pas l’être tout de suite. On doit bien jouer jusqu’aux séries. »