Les Bruins et le Canadien ont-ils offert un bon match ? Dur à dire. Quand le compteur des tirs cadrés s’arrête à 24-19 et que les bonnes chances de marquer sont aussi rares, surtout dans le camp montréalais, on sait qu’on n’a pas assisté à un duel de titans.

Le Canadien, néanmoins, a-t-il disputé un bon match, en dépit d’une défaite de 2-1 en prolongation ? La réponse est certainement oui.

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Peut-être pas sur le plan offensif. Le site spécialisé Natural Stat Trick calcule que les locaux n’ont obtenu que quatre chances de marquer de grande qualité à cinq contre cinq, dont trois en première période. Et l’avantage numérique a continué d’être ordinaire. Personne n’a dit que c’était parfait.

Sur le plan défensif, toutefois, le Tricolore a probablement offert l’une de ses performances les plus inspirées de la saison.

Après l’échauffement matinal, Martin St-Louis avait lancé un avertissement. Les Bruins, avait-il prévenu, « ce n’est pas une équipe qui va se tirer dans le pied ».

« Il faut que tu sois patient, que tu joues leur game. Si tu amorces leur attaque, ça va être difficile », avait-il ajouté.

Encore une fois, rien n’est parfait. Les 10 premières minutes ont même ressemblé à la genèse d’une catastrophe. À mi-chemin en première période, les visiteurs menaient 7-1 au chapitre des tirs au but, et l’unique tir cadré des hommes en rouge était en réalité un dégagement.

Tout le monde a toutefois respiré par le nez. « On a commencé à mieux jouer, a analysé le gardien Samuel Montembeault. En deuxième, on n’a pas eu peur de flipper des rondelles, d’envoyer ça en zone neutre au lieu de forcer des jeux dans notre zone. Quand ils sont à l’extérieur, ils ne peuvent pas marquer. »

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Samuel Montembeault

Au cours de ce deuxième vingt, le CH n’a d’ailleurs accordé que cinq tirs cadrés, moins de la moitié de sa moyenne avant ce match (11,3).

David Savard a estimé que ses coéquipiers et lui avaient livré une « bonne bataille » face à « une équipe forte, bien rodée, qui joue ensemble depuis longtemps ».

Dans ce contexte, comme l’avait annoncé leur entraîneur, il leur fallait être patients. Et c’est ce que le Canadien a fait.

Je pense qu’on a disputé un match mature. On n’a pas pris trop de chances. J’ai aimé notre jeu d’équipe, on a joué leur style un peu, on ne leur a pas donné grand-chose. On a été dans la bataille jusqu’à la fin.

David Savard

Montembeault, encore : « Personne n’a essayé de forcer le jeu. Les deux équipes ont fait confiance à leur façon de jouer. »

« On a géré le match »

Le disque de l’équipe qui méritait mieux commence à être usé chez le Tricolore. Lorsqu’une équipe, à ses 14 derniers matchs, présente une fiche de 3-7-4, il faut parfois se forcer pour voir le verre à moitié plein. La ligne peut être mince entre l’optimisme et le triomphalisme.

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Nick Suzuki déjoue Linus Ullmark en première période.

La semaine dernière, contre les Hurricanes de la Caroline, on s’est félicité de remplir l’écart séparant le CH des meilleurs clubs de la ligue. Cela après avoir subi une domination complète en troisième période.

Après le match contre les Bruins, toutefois, les constats étaient certes positifs, mais lucides, mesurés. On avait l’enthousiasme sobre, à la lumière de la performance que l’on venait d’offrir. Si elle s’était soldée par une victoire, ç’aurait été mérité.

On a géré le match. Au début, je ne dirais pas qu’ils nous ont surpris, parce qu’on savait que ce serait ce genre de match, mais ça nous a pris du temps à trouver notre erre d’aller. Quand on l’a trouvé, on a joué de l’excellent hockey.

Martin St-Louis

On répète quasi quotidiennement à quel point cette équipe est jeune. Simplement parce que c’est un fait, encore davantage depuis les départs de Sean Monahan et de Jake Allen. Ce type de match « mature » a donc une valeur bien particulière. Surtout quand ça arrive contre une puissance de la ligue et non contre les Ducks d’Anaheim.

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Kaiden Guhle

« On en a parlé toute l’année, a abondé Kaiden Guhle. La pire chose qu’on puisse faire, c’est de se retrouver à 0-2, de courir après le match et d’essayer de faire des jeux qui ne sont pas les bons. Si on joue de la bonne manière, les chances vont venir, et les buts aussi. C’est énorme pour notre groupe. »

Le même Guhle a potentiellement péché par excès d’enthousiasme lorsqu’il a ajouté que son équipe croyait toujours à ses chances de se faufiler en séries éliminatoires. Les 11 points de retard sur l’actuelle équipe qualifiée, avec un match de moins à disputer et cinq équipes à dépasser, rendent cet objectif virtuellement impossible à atteindre.

Il y avait curieusement beaucoup de naïveté dans cette remarque. Beaucoup de jeunesse, pourrait-on ajouter.

Or, personne ne s’en formalisera. Car si la maturité pouvait s’installer sur la glace pour de bon, ce serait déjà un grand pas de franchi.

En hausse : Joel Armia

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Joel Armia (au centre)

Tout ce qui lui a manqué, c’est des points. Sept tentatives de tir, dont trois cadrées. Trois mises en échec. Il a été de tous les combats, à forces égales comme en désavantage numérique.

En baisse : Rafaël Harvey-Pinard

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Rafaël Harvey-Pinard lors de la séance d’échauffement

Son niveau de chimie avec Colin White et Tanner Pearson, sur le quatrième trio, a été de zéro. Son jeu en désavantage numérique a racheté une soirée difficile à cinq contre cinq.

Le chiffre du match : 11

Pour la 11e fois de la saison, Mike Matheson a passé plus de 28 minutes sur la glace pendant un match. Il conserve sa place parmi les cinq défenseurs les plus utilisés de la LNH.

Dans le détail

Une marque qui laisse Slafkovsky de glace

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Juraj Slafkovsky

En obtenant une passe sur le seul but du Canadien jeudi soir, celui de Nick Suzuki, Juraj Slafkovsky a porté son total de points cette saison à 35, tout en se rapprochant d’une marque d’équipe, celle de la meilleure saison, au chapitre des points, pour un joueur de 19 ans ou moins. Le grand Slovaque n’est plus qu’à quatre points de ce record d’équipe (39 points), établi par Mario Tremblay lors de la saison 1974-1975. Mais pour Slafkovsky, il s’agit d’une marque à laquelle il n’attache pas beaucoup d’importance, surtout pas après une défaite comme celle-ci, par un seul but. « Les statistiques sont une chose, mais j’aimerais bien gagner des matchs comme ceux-ci au bout du compte, a-t-il expliqué dans le vestiaire montréalais. Ce qu’on cherche à faire, c’est à propos des victoires, pas à propos des statistiques personnelles, ou encore où je me situe dans l’histoire du club avec mes points dans une certaine catégorie. Je veux juste aider l’équipe à gagner des matchs. »

Armia en feu

Joel Armia n’a pas conclu le match avec des points à sa fiche, comme presque toute l’équipe d’ailleurs, mais une fois de plus, l’attaquant finlandais a offert une solide prestation, entre autres avec du jeu inspiré en désavantage numérique. Armia s’est avéré tout aussi inspiré en attaque, lui qui a souvent mené la charge et qui a conclu sa soirée au bureau avec trois tirs au but, un sommet à ce chapitre jeudi soir parmi les joueurs du Canadien. « Je pense que j’ai bien joué, et aussi, notre trio a obtenu plusieurs bonnes occasions de marquer contre les Bruins, a expliqué le vétéran. Ça aurait pu faire la différence au cours du match, mais on n’a pas réussi à marquer, alors ce bout-là est un peu frustrant. »

Une stratégie payante pour les Bruins

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John Beecher (19) et Cole Caufield (22)

L’entraîneur Jim Montgomery a un peu étonné le monde du hockey, et peut-être même plus, en envoyant John Beecher sur la glace pour le début de la prolongation. Il faut savoir que ce jeune attaquant de 22 ans venait à peine d’être rappelé de la Ligue américaine, et qu’il avait amorcé ce match parmi le quatrième trio des Bruins. Mais Montgomery a vu quelque chose que personne n’avait vu, de toute évidence, et les Bruins et Jake DeBrusk ont réussi le but de la victoire 24 secondes plus tard. « John a été notre meilleur joueur aux mises en jeu [jeudi soir], a tenu à faire remarquer l’entraîneur des Bruins. Tu veux essayer de commencer la prolongation en possession de la rondelle. Mais même s’il a perdu la mise en jeu, il a été bon pour exercer de la pression et il a ensuite effectué un bon changement, ce qui nous a permis d’envoyer Brad Marchand sur la glace. »