Trois semaines après son arrivée avec fracas dans la LNH, Matt Rempe fait encore jaser.

Lundi, le nouvel homme fort des Rangers de New York s’est fait expulser d’un match pour un coup de coude à la tête de Jonas Siegenthaler. Après le match, le fier-à-bras des Devils du New Jersey, Kurtis MacDermid, a dit avoir « perdu beaucoup de respect » pour Rempe. Mardi après-midi, Rempe a été suspendu quatre matchs pour son geste.

Dans le vestiaire des Blue Jackets, il y a cependant un joueur qui, au contraire, n’a que du respect pour Rempe. C’est Mathieu Olivier, un autre qui n’hésite pas à laisser tomber les gants quand ça chauffe. Le 25 février dernier, Olivier et Rempe en étaient d’ailleurs venus aux coups, et Rempe en était ressorti le visage meurtri.

Avant de sauter sur la patinoire du Centre Bell pour l’exercice matinal de son équipe, Olivier a passé son message au sujet de Rempe. En cette époque où les séquelles laissées par les coups au cerveau sont mieux connues, c’est un sujet délicat, il en est bien conscient. Mais il l’aborde de front.

Je trouve que c’est super. Pas parce que ça ramène des bagarres, pas parce que ça ramène des discussions qu’il y avait peut-être moins. Je trouve ça super parce que c’est un kid qui est prêt à faire n’importe quoi pour rester.

Mathieu Olivier, en entrevue avec La Presse et LNH. com

« Peut-être que bien des gars ne seront pas d’accord avec moi et vont dire que ce n’est pas un exemple, mais moi, je trouve que oui. C’est un jeune qui veut accomplir son rêve, qui est prêt à faire n’importe quoi pour rester et il y a une belle leçon à apprendre.

« Le nombre de fois qu’on entend des gens dire : moi, je ferais n’importe quoi pour jouer dans la Ligue nationale. Là, un kid le fait et tout d’un coup, ça ne marche plus ? Lui, c’est de cette façon-là qu’il va se rendre. Est-ce qu’il est parfait ? Non. Il va faire des erreurs. Mais ses intentions et son vouloir sont là. »

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Matt Rempe et Ryan Reaves

Olivier occupe le même genre de rôle que Rempe. Un rôle ingrat qui consiste à jouer un nombre de minutes limité et à défendre ses coéquipiers au besoin. Le Québécois a donné ses premiers coups de patin dans la LNH à 22  ans, mais c’est la saison dernière, à 25 ans, qu’il est devenu permanent dans le circuit, jouant 66 matchs.

Rempe le fait en version extrême, cela dit. En 10 matchs, il a accumulé pratiquement autant de minutes de pénalité (54) que de minutes de jeu (56). Mais trois semaines après son arrivée, il fait encore parler de lui. Un article d’ESPN parlait même de la « Rempemania », ce qui place le joueur dans une étrange catégorie de gens avec les Beatles, Pierre Elliott Trudeau et Hulk Hogan.

Olivier voit aller la jeune sensation des Rangers, du haut de ses 21 ans, et l’envie. À ses 10 premiers matchs, Rempe a aussi livré des combats à Matt Martin, à Ryan Reaves et à Nicolas Deslauriers. Bref, il s’est attaqué au sommet de la hiérarchie des joueurs les plus craints du circuit.

« Moi, j’aurais aimé faire ça comme ça, pour être franc, a admis Olivier. Ça m’aurait peut-être pris moins de temps à m’établir. Il n’y a pas de hiérarchie. Il y a toujours un respect mutuel, mais tout le monde se bat pour sa job. On a tous des rôles différents et lui rentre dans ce rôle et ça fait partie de ce qu’il a à faire. »

Le respect de Vincent

Comme Michael Pezzetta avec le Canadien, Olivier a divisé son temps entre la patinoire et la passerelle cette saison. Mais mardi, il fera partie de l’effectif des Jackets pour le 12match de suite. En 36 matchs cette saison, il a inscrit 7 points (3 buts, 4 aides).

Olivier n’est pas dénué d’habiletés. La saison dernière, contre le Canadien, il avait par exemple démontré qu’il possédait des talents de tireur.

Mais l’aspect violent du jeu fait évidemment partie de son rôle. Sa confrontation avec Rempe en est un exemple. Pendant l’échauffement, Rempe « avait passé cinq minutes sur la ligne rouge. À un moment donné, si quelqu’un doit faire quelque chose, c’est moi », convient notre homme.

PHOTO SUE OGROCKI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Mathieu Olivier

D’ailleurs, malgré son respect pour Rempe, il n’avait pas particulièrement apprécié ce geste du géant des Rangers. « Ça ne se fait plus vraiment maintenant. […] Ça ne sert à rien de se promener sur la ligne rouge et essayer de faire peur avant. Parce que si ça n’arrive pas, tu as juste l’air d’un gars qui bluffe. Donc moi, j’aime mieux ne pas parler et juste le faire. »

Pascal Vincent, entraîneur-chef des Blue Jackets, apprécie le leadership du numéro 24. « On voit récemment que les bagarres ne sont pas nécessairement parties encore. Mais ça, c’est juste un aspect. »

Mathieu prend beaucoup de place dans le vestiaire avec son leadership.

Pascal Vincent, entraîneur-chef des Blue Jackets de Columbus

« Il s’est blessé à l’été et était un peu en arrière, donc ça lui a pris plus de temps avant de redevenir le Mathieu Olivier qu’on connaissait. Là, il est revenu. Son échec-avant est très efficace. Il a une présence sur la glace qui permet à des gars comme Johnny Gaudreau, comme Kent Johnson quand il joue, de jouer au hockey sans trop se casser la tête. »

Les mauvaises langues diront qu’avec 45 points en 64 matchs et une fiche de -20, Gaudreau a plutôt l’air d’un gars qui se casse la tête, mais les difficultés de Gaudreau sont un dossier un brin plus complexe que nous garderons pour une autre dissertation.