David Savard était là, avec sa barbe hirsute, sur la patinoire du Centre Bell samedi matin. Il y sera aussi en soirée pour un jamais ennuyant duel contre les Maple Leafs de Toronto. Et c’est exactement là où il souhaitait passer son samedi soir, même si ça signifie de jouer pour une équipe qui est larguée de la course aux séries.

« Je suis vraiment content d’être à Montréal encore, d’être proche de ma famille, pour la fin de la saison », a lancé le vétéran défenseur, après l’entraînement matinal.

Savard n’est pas un idiot. À sa 11e saison dans la Ligue nationale, il connaît bien l’étendue des possibles à la date limite des transactions, surtout au sein d’un club vendeur. Il l’avait d’ailleurs vécu une première fois au printemps 2021 quand il est passé de Columbus à Tampa Bay.

Son vendredi, il ne l’a pas passé devant le téléviseur à regarder les chaînes sportives, mais plutôt en famille, pour « reconnecter avec les enfants » après une semaine passée sur la route. « J’ai gardé mon téléphone sur le son au cas où, mais sinon, c’était une journée normale », a-t-il lancé.

Normale, jusqu’à ce que ledit téléphone sonne sur le coup de 15 h. « J’ai fait le saut ! », a-t-il admis. C’était finalement son père, Gervais, qui voulait s’assurer que fiston restait à Montréal. « Il ne s’attendait pas que ce soit si grave, mais moi, j’ai pensé à autre chose ! », a raconté le Maskoutain, tout de même amusé, 20 heures plus tard.

Savard, le nouveau doyen de l’équipe avec le départ de Jake Allen, n’était pas le seul à se réjouir de rester en ville. Son coach était également guilleret.

Une présence comme Savvy, ça aide nos jeunes, ça calme notre groupe. Ces joueurs-là, ça ne pousse pas dans les arbres. Il y en a de moins en moins dans une jeune ligue.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien, au sujet de David Savard

S’il n’en tient qu’à Savard, St-Louis pourra compter sur sa présence pour encore au moins un an. « Je veux rester ici jusqu’à la fin de mon contrat, a assuré le joueur. Mon but est de construire de quoi avec ce groupe-là. On est encore jeunes, mais on s’en va dans la bonne direction et je veux en faire partie. Je sais qu’on a des jeunes qui poussent, mais ensuite, ça peut être un vieux ou un jeune qui part. »

Un vide dans le vestiaire

Le problème, c’est qu’il n’en tient pas qu’au joueur, et que Kent Hughes doit gérer son équipe. Il en a fait la preuve en échangeant Sean Monahan le mois dernier, puis Jake Allen vendredi, quoi que dans le cas d’Allen, c’était aussi l’occasion d’en finir avec le trio, un format plus apprécié chez Valentine que devant le filet.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Jake Allen a été échangé vendredi aux Devils du New Jersey contre un choix au repêchage.

Avec le départ d’Allen, St-Louis se réjouit que Cayden Primeau puisse « trouver son rythme ». Sauf qu’en contrepartie, son vestiaire perd un bon vétéran, particulièrement bon pour Samuel Montembeault.

« Je n’étais pas autour de Sam et Jake quand ils se parlaient, mais ils avaient une bonne relation de gardiens qui s’aidaient. Souvent, avec un jeune et un vieux, le vieux va aider le plus jeune. Je ne sais pas exactement comme ils faisaient ça, mais tu voyais la relation. Dans les entraînements des gardiens, ça se parlait. Il montrait l’exemple à Sam, comment s’établir, comment se préparer. Cette communication n’est pas toujours verbale, c’est dur à mesurer, mais c’est important. »

Statu quo

L’échange d’Allen signifie donc que c’est le statu quo parmi les patineurs. Tanner Pearson, un vétéran en fin de contrat, n’a finalement pas trouvé preneur. Un parcours en séries l’aurait certes aidé à mousser sa valeur en vue des négociations estivales, mais à 3,25 millions de dollars, son salaire était difficile à refiler.

« Tout le monde veut des joueurs des séries, donc ça m’aurait aidé, a-t-il reconnu. Mais il reste quoi, 19 matchs ? Je dois prouver ma valeur de cette façon. »

Le départ de Pearson ou d’un autre attaquant aurait assuré un peu plus Joshua Roy de terminer la saison dans la grande ligue. Mais pour l’heure, il reste à Montréal, où il semble de plus en plus à l’aise avec deux buts à ses deux derniers matchs.

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Joshua Roy

Le Canadien compte actuellement 13 attaquants en santé, et en aura 14 quand Colin White reviendra au jeu, si son absence est de courte durée. À ce moment, Roy pourrait donner un coup de pouce au Rocket, qui tente de se qualifier pour les séries de la Ligue américaine.

« Je ne peux pas être égoïste et dire que j’aimerais garder Roy ici, sans penser à Laval. Il faut trouver un équilibre. Mais la décision [de le garder] serait plus facile à prendre si Laval était assuré de participer aux séries », a convenu St-Louis.

En bref

Samuel Montembeault défendra le filet du Canadien. À l’avant, Michael Pezzetta réintègrera la formation du Canadien, à la place de Jesse Ylönen. En défense, tout indique que l’effectif demeurera inchangé et que Johnathan Kovacevic sera laissé de côté.

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