Jeudi midi, lors de son point de presse d’avant-match dans une bucolique banlieue de Raleigh, Martin St-Louis a servi une petite mise au point aux journalistes, dont les questions portaient beaucoup sur la saison 2024-2025.

« Vous parlez tous de l’an prochain. Nous, on ne parle pas de l’an prochain ! »

On se déplace dans une banlieue moins bucolique de Montréal, vendredi. Kent Hughes a bien failli tomber dans le panneau. « Ta saison morte commence maintenant ? », lui demande un collègue, non pas pour laisser entendre que c’était le temps des vacances, mais plutôt que le temps était venu de passer en mode préparation.

« Oui, a immédiatement rétorqué Hughes, avant de nuancer. Oui et non. Il reste 19 matchs. Il y a ensuite le [Championnat du monde] U18, on se prépare. À l’étape où on en est, on regarde toujours dans le futur. »

Hughes vient de vivre sa troisième date limite des transactions comme directeur général. Son bilan du jour : Jake Allen aux Devils contre un choix au repêchage. La veille, il avait conclu un échange pour son club-école en allant chercher Jacob Perreault. Et un mois avant la date butoir, il a refilé Sean Monahan aux Jets contre un choix de premier tour.

L’an passé, Hughes n’avait essentiellement rien à vendre ; il s’était contenté d’un échange cosmétique (Evgenii Dadonov contre Denis Gurianov), d’une transaction avec la Ligue américaine et avait obtenu un choix de 5tour pour absorber une partie du salaire de Nick Bonino.

En 2022, il avait liquidé Tyler Toffoli, Ben Chiarot, Artturi Lehkonen et Brett Kulak.

« J’ai hâte au jour où on sera acheteurs, pas vendeurs, a lancé Hughes. Je suis un gars compétitif. Je veux sentir les hauts et les bas de la victoire et de la défaite quand il y a des attentes de Coupe Stanley. Le plus vite que ça arrive, le mieux ce sera. J’espère être encore là. Mais je veux le faire de la bonne façon. »

Pas une liquidation

C’est justement en comparant son présent bilan avec celui de 2022 que l’on comprend qu’il y a une certaine évolution dans la démarche de Hughes. Que l’éternel pelletage vers l’avant commence peut-être à achever.

Les susmentionnés Toffoli et Lehkonen n’étaient en effet pas des joueurs dits de location. Toffoli avait deux autres années de contrat à écouler, tandis que Lehkonen devenait joueur autonome avec compensation, donc le Tricolore pouvait conserver ses droits. Il s’agissait de joueurs en milieu de carrière, mais à l’amorce d’une reconstruction, le DG a jugé qu’il valait mieux les échanger.

Cette saison, des vétérans comme David Savard et Joel Armia auraient pu être des équivalents, de valeur moindre, toutefois, de ce qu’étaient alors Toffoli et Lehkonen. La qualité du jeu d’Armia a souvent été soulignée par St-Louis ces dernières semaines, tandis que les jeunes défenseurs pourraient pratiquement tenir une chronique hebdomadaire sur le bien que leur apporte Savard. Arber Xhekaj est le plus récent cas de figure.

PHOTO GEORGE WALKER IV, ASSOCIATED PRESS

David Savard

Mais Hughes a préféré les garder. Peut-être est-ce simplement le produit d’un marché défavorable aux vendeurs, allez savoir.

« On ne fait pas tout en essayant d’optimiser la valeur de nos atouts. On ne peut pas regarder chaque joueur individuellement et dire : si on l’échange à tel moment, c’est là qu’on obtiendra la valeur maximale, a rappelé l’administrateur. Ça prend un équilibre.

« On essaie de bâtir une équipe. Un joueur peut avoir une valeur en étant avec nous, pour ce qu’on essaie de bâtir, ça va dépasser la valeur d’échanger ce joueur contre quelque chose d’inférieur, parce que son séjour a une valeur avec nous, et qui va rester après son départ. C’est quelque chose qu’on a calculé avec David. »

Le leadership, cette valeur difficile à mesurer, a aussi visiblement agi comme incitatif à la prudence pour Hughes. Déjà qu’il sacrifiait Allen, dont l’ascendant sur ses coéquipiers n’a jamais été remis en doute. Déjà qu’il a sacrifié Monahan le mois dernier. « On sait que nos jeunes peuvent bénéficier de leadership. C’est ce qui ressort à Ottawa, où ils sentent que c’est une lacune », a souligné Hughes.

À cet égard, il sera intéressant de voir si le discours de Hughes tiendra cet été. L’an passé, il avait été incapable d’échanger un autre de ces bons vétérans, Joel Edmundson, notamment parce que le grand défenseur était hypothéqué. Mais le DG s’était repris le 1er juillet, avec comme compensation deux choix au repêchage.

Des changements à venir ?

Il reste qu’au prochain camp, il y aura congestion à la ligne bleue. Aux sept défenseurs actuellement dans l’effectif devraient s’ajouter Lane Hutson, David Reinbacher et Adam Engström. À Laval, Logan Mailloux et Justin Barron tentent aussi de prouver qu’ils méritent de monter ou de remonter dans la LNH.

En 2022, face au même surplus, Hughes avait échangé Alexander Romanov au repêchage, ce qui lui avait permis d’ensuite acquérir Kirby Dach. On peut comprendre qu’un geste similaire pourrait être dans les cartes dans les prochains mois, bien qu’il lui sera difficile de le faire de façon aussi dramatique que sur le plancher du repêchage au Centre Bell.

« On n’est pas pressés parce que ça n’a pas à se faire à la date limite des transactions, estime Hughes. Ça peut se faire au repêchage ou pendant la saison. La date limite, ce sont surtout des acheteurs et des vendeurs. Il y a peu de hockey trades. »

On lui souhaite d’arriver à ses fins, s’il a réellement hâte de ne plus être dans le camp des vendeurs en mars.

Hughes « pas inquiet » pour St-Louis

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L’entraîneur-chef du Canadien, Martin St-Louis

On arrivera bientôt dans la période où il sera question de l’avenir de Martin St-Louis. Son contrat expire en effet en 2025, et à moins que la situation soit chaotique, les entraîneurs amorcent rarement leur dernière année de contrat sans qu’un renouvellement de contrat soit réglé. La question du statut de St-Louis a été soumise à Hughes. « On est très contents de son travail et on a une très bonne relation. Je ne suis pas inquiet qu’on va s’arranger, mais ce n’est pas une décision qu’on a prise. Je ne pense pas que Martin soit inquiet non plus. » Plus pressant sera le dossier de l’entraîneur-chef du Rocket de Laval, Jean-François Houle, dont le contrat expire cet été, à moins qu’une entente ait été signée sans avoir été annoncée.

Roy et Struble à Laval… sur le papier

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Joshua Roy

Le Canadien a annoncé que l’attaquant Joshua Roy et le défenseur Jayden Struble avaient été cédés au Rocket sur le papier. Dans les faits, ils sont toujours avec le Canadien. En agissant ainsi, le Canadien s’assure que Roy et Struble soient admissibles aux séries de la Ligue américaine (AHL), si le Rocket se qualifie. C’est que pour participer aux séries de l’AHL, un joueur doit faire partie de la formation le jour de la date limite des transactions.

On affiche complet

PHOTO JOHN FROSCHAUER, ASSOCIATED PRESS

Jeff Petry (46) s’aligne désormais avec les Red Wings de Detroit, en compagnie de Ben Chiarot (8).

Dans la transaction de Jake Allen, Kent Hughes s’est servi de la troisième et dernière rétention de contrat à laquelle il a droit chaque année. Les deux autres rétentions ont été utilisées pour Jeff Petry et Joel Edmundson. Du lot, seul le contrat d’Edmundson expire cet été, ce qui signifie que deux des trois droits de rétention de la saison 2024-2025 sont déjà utilisés. Hughes arrivera donc au repêchage, période fertile pour les transactions, sans cet outil. Mais il a rappelé que les marchés conclus au repêchage ne requièrent pas aussi souvent une rétention de salaire.

À samedi pour Perreault

PHOTO TIRÉE DU SITE DES SAN DIEGO GULLS

Jacob Perreault

On aurait bien aimé vous livrer quelques commentaires de Kent Hughes au sujet de Jacob Perreault, le seul joueur qu’il a acquis cette semaine. Mais il s’agissait d’une transaction mineure et il n’en a finalement pas été question au cours du point de presse. Le jeune homme devait quant à lui s’adresser aux médias après le match du Rocket, vendredi soir, mais son vol a été retardé et il devait atterrir à Dorval tard en soirée. Perreault devrait donc rencontrer les médias après le match de samedi après-midi du Rocket.