Les Coyotes de l’Arizona préféreraient sans doute que l’on parle d’eux pour leur jeu sur la patinoire, ce qui est ironique pour une équipe au cœur d’une série de 12 défaites de suite.

Le problème pour les visiteurs au Centre Bell ce mardi, c’est que hors glace, les tuiles s’accumulent. L’été dernier, ils ont eu à gérer le très délicat dossier d’Alex Galchenyuk, accusé notamment d’avoir commis un délit de fuite sur une propriété privée, d’avoir troublé l’ordre public, d’avoir résisté à son arrestation et d’avoir proféré des menaces à un policier. Les Coyotes ont aussitôt résilié son entente.

Le dossier de l’aréna est bien connu. Expulsés de leur ancien domicile, ils sont contraints de jouer dans un aréna universitaire de 4600 sièges. Ce qui est nouveau : le directeur de l’Association des joueurs, Marty Walsh, a fustigé publiquement l’organisation.

Le plus récent feuilleton : Adam Ruzicka, attaquant réclamé au ballottage le mois dernier. Cette fin de semaine, les Coyotes ont résilié son entente après qu’il a publié une vidéo le montrant en possession de ce qui s’apparentait à de la cocaïne.

Or, la décision a valu aux Coyotes de nouvelles critiques. L’informateur Frank Seravalli, du site DailyFaceoff, a rappelé, sur X, que l’organisation aurait également pu inviter le joueur à adhérer au programme d’aide géré conjointement par la LNH et l’Association des joueurs (AJLNH).

Dans sa chronique hebdomadaire Slap Shots, le vétéran du New York Post Larry Brooks s’est demandé : « Y a-t-il quelqu’un, dans le monde du hockey, qui a davantage besoin du programme d’aide qu’Adam Ruzicka ? »

(Notons ici que Ruzicka peut tout de même avoir été admis au sein du programme d’aide depuis. La LNH et l’AJLNH n’ont pas à faire une annonce pour tous les joueurs qui y sont admis ; elles le font généralement lorsque le joueur doit rater des matchs, si ledit joueur accepte que sa situation soit révélée.)

PHOTO KARL B DEBLAKER, ASSOCIATED PRESS

Adam Ruzicka

Une partie de la responsabilité incombe aux Coyotes, mais une autre revient aussi à la LNH, dont les règles pour mettre fin à des contrats sont visiblement variables. Milan Lucic est resté lié aux Bruins de Boston lorsqu’il était accusé dans une histoire de voies de fait envers sa conjointe. Les accusations ont depuis été retirées. Quatre des cinq joueurs accusés d’agression sexuelle par la police de London détiennent eux aussi toujours un contrat.

À l’inverse, Corey Perry a vu les Blackhawks de Chicago déchirer son contrat pour un incident dont on ignore toujours les détails, mais il a obtenu la bénédiction de Gary Bettman pour signer une nouvelle entente avec les Oilers d’Edmonton moins de deux mois plus tard. Ce dossier peut d’ailleurs toujours faire l’objet d’un grief de l’AJLNH, puisque le délai de 60 jours pour le faire a été prolongé.

Malaise

Ce qui est sûr, c’est que la situation de Ruzicka suscite un malaise chez les Coyotes.

Même Barrett Hayton, identifié sur le site de l’AJLNH comme l’un des représentants de l’équipe au sein du syndicat des joueurs, s’est refermé comme une huître lorsque La Presse l’a questionné sur le dossier. « Je n’ai pas vraiment de commentaire à faire là-dessus », a-t-il répondu.

Bill Armstrong, directeur général des Coyotes, a offert la même réponse sur le même sujet. « Pas de commentaire. »

Selon ce qu’il a été permis d’apprendre, Ruzicka débarquait chez les Coyotes avec un certain « passif » et il aurait été informé qu’il n’avait pas droit à l’erreur. La situation n’est pas sans rappeler celle de Zack Kassian avec le Canadien. L’homme fort traînait une lourde réputation à son arrivée à Montréal, et avant même qu’il puisse disputer un seul match avec le Tricolore, il avait été impliqué dans un accident de la route en pleine nuit.

Kassian avait alors subi une cure de désintoxication, mais il était vite devenu clair qu’il n’allait jamais jouer pour le CH. L’équipe l’a échangé à Edmonton contre le gardien Ben Scrivens deux mois après l’évènement. Kassian, une fois traité, a disputé 412 matchs en 7 saisons chez les Oilers.

Dur pour l’image

Pendant ce temps, Armstrong et son entraîneur-chef, André Tourigny, doivent se démener pour que l’Arizona demeure une destination prisée des joueurs.

PHOTO CRAIG LASSIG, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’entraîneur-chef des Coyotes, André Tourigny

Tourigny a rappelé ses expériences avec l’Avalanche du Colorado et les Sénateurs d’Ottawa. « J’ai eu la chance de coacher dans trois organisations. Les joueurs veulent jouer en Arizona. Je sais que les gens disent : ben oui. Mais on reçoit des appels de joueurs qui veulent venir. Dans d’autres organisations, c’était nous qui appelions ! »

C’est une ville extraordinaire. C’est un des plus bas taux d’imposition dans la ligue. Il y a plein de positif, plein de belles choses. C’est sûr qu’il y a des distractions qu’il faut régler en tant qu’organisation, on en est conscient, c’est assez public. Mais on est la 5e ville aux États-Unis, la ville est en croissance, c’est beau. On a tout ce qu’il faut pour que ça marche une fois que ce sera réglé.

André Tourigny

Notons cependant que depuis Clayton Keller en 2019, un seul joueur a accepté de signer un contrat de plus de trois ans avec les Coyotes. C’était Lawson Crouse, qui s’est engagé pour cinq ans en 2022.

« Comme DG, ton travail est de présenter une vision, a rappelé Armstrong. Tu dois te concentrer sur ce que tu peux contrôler. Je ne peux pas contrôler quelqu’un qui se lève un matin et décide de critiquer les Coyotes sur Twitter ou dans le journal. De toute façon, ça fait 30 ans que les gens font ça ! »

En bref

Souvenirs d’Ed Ronan

Dans une discussion à bâtons rompus avec Bill Armstrong, le DG a rappelé que son marché attendait toujours une première Coupe Stanley après bientôt 30 ans. « Ici aussi ! », lui a-t-on rappelé, en lui pointant la bannière de la conquête de 1993. « Était-ce l’année d’Eddie Ronan ? », nous demande-t-il. La discussion s’est poursuivie, jusqu’à ce qu’on lui demande comment, diantre, le nom du valeureux Ed Ronan est le premier qui lui vient en tête lorsqu’il pense au Canadien de 1993. « Chez moi, j’ai une photo où on voit Eddie Ronan, Gary Leeman, Kirk Muller et Paul DiPietro autour de la Coupe Stanley. Les quatre ont des cicatrices, des bandages, un œil tuméfié. C’est ma photo de hockey préférée, parce qu’elle illustre ce que ça prend pour gagner. »

Cooley « joue au hockey »

Logan Cooley connaissait un début de carrière intéressant lorsque le Canadien a affronté les Coyotes en Arizona en novembre. Ce soir-là, celui qui a été réclamé au 3rang en 2022, deux choix après Juraj Slafkovsky, avait amassé son 8point en 10 matchs. Une semaine plus tard, Cooley connaissait une sortie de trois points. L’Américain a toutefois connu des hauts et des bas depuis et a été limité à deux points en neuf matchs en février jusqu’ici. Tourigny assure toutefois que son protégé de 19 ans offre du jeu de qualité. « Depuis janvier, il joue au hockey. Il a connu un très bon début et ensuite, il a dû s’adapter. Depuis janvier, il joue du très bon hockey, il vole sur la glace, il joue avec confiance et il prend de meilleures décisions. »

L’importance de la bonne attitude

Malgré la séquence de 12 défaites de son équipe, André Tourigny n’a rien perdu de sa verve. L’entraîneur-chef a tenté d’imager le mieux possible son approche pendant la léthargie de son club. « Si tu te présentes à l’aréna sans énergie, que tu arrives et que tu es arrangé de même, ça n’aide personne. On en a tous, au travail, du monde comme ça. Tu ne veux pas que ton bureau soit à côté de ce gars-là. C’est la même chose ici : on n’en veut pas, des gars sans énergie. » Il aurait fallu prendre une photo pour illustrer la posture peu ergonomique qu’a prise Tourigny en parlant d’une personne « arrangée de même ». Les mots ne lui rendent malheureusement pas justice.