(Washington) Cinq ans plus tard, ça recommence pour Brandon Gignac. La routine de match, l’entraînement matinal, les rencontres d’équipe. Le quotidien habituel d’un joueur de hockey comme il le vit depuis des années, mais cette fois avec un voyage en avion plutôt qu’en autobus, dans un hôtel luxueux plutôt qu’un établissement honnête en bordure d’une autoroute, et dans la capitale américaine plutôt qu’à Rochester.

Mais surtout, dans la Ligue nationale plutôt que la Ligue américaine.

Gignac disputera mardi le deuxième match de sa carrière dans le circuit, son premier depuis le 9 mars 2019.

« Je me sens très bien, très fébrile, et je suis excité et j’ai hâte de jouer », a résumé l’attaquant de 26 ans, à sa sortie du vestiaire du Canadien au Capitol One Arena.

Gignac était un des 16 patineurs à participer à cet entraînement optionnel qui a généré un taux de participation enviable. Il a eu droit à quelques mots de Martin St-Louis, comme on le voit souvent avec des joueurs fraîchement rappelés. « C’était un de mes joueurs préférés quand j’étais petit. C’est le fun quand il vient te parler et te dit de jouer heureux, et de jouer bien. C’est un beau petit message », a raconté celui qui portera le numéro 74.

L’exercice a été suivi d’une rencontre d’équipe, puis d’un passage devant les caméras, son troisième en trois jours parce que les Québécois attirent forcément un peu l’attention, mais surtout parce que son parcours est tout sauf banal.

Des difficultés

Au bout du fil, Alain Nasreddine respire le bonheur. Celui qui est aujourd’hui adjoint chez les Stars de Dallas occupait le même poste chez les Devils quand Gignac avait disputé son unique match dans la LNH.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Alain Nasreddine (à gauche), alors qu’il était entraîneur adjoint des Devils du New Jersey en 2016

« Moi non, plus, je ne l’ai pas eu facile, donc quand je vois un gars comme lui revenir après une couple d’années dans les mineures, ça vient me chercher comme coach et comme ancien joueur », expliquait-il à La Presse, plus tôt cette semaine.

Nasreddine nous avait toutefois prévenu : « Il serait le premier à te dire que son match n’avait été facile. » Et il connaît visiblement son ancien protégé !

« Ça avait passé très vite, se souvient Gignac. La marche est haute dans la Ligue nationale. Tu ne peux pas faire un petit revirement parce que ça finit dans le fond de ton filet. Donc tu gardes ton jeu simple et tu fais les petits détails. »

Au sein de Devils qui étaient alors en déroute, Gignac avait fini sa soirée à -2, des buts encaissés sur deux présences d’affilée, dans une défaite de 4-2 face aux Rangers. Sur un des deux buts, il avait tenté une sortie de zone, arrêtée à la ligne bleue, et exactement huit secondes plus tard, Libor Hajek marquait pour les Rangers.

Visionnez la séquence

Cela dit, Gignac s’est toujours fait une fierté de peaufiner son jeu défensif, et était d’ailleurs un des hommes de confiance de Jean-François Houle à Laval. « Je ne me souviens pas de grosses lacunes, défensivement, raconte d’ailleurs Nasreddine. Il était bon des deux côtés. Certains partent de loin quand ils arrivent du junior avec un certain succès offensif. Lui arrivait avec un bon sens du jeu.

« Mais c’est extrêmement dur de se défaire d’une étiquette et de revenir dans la LNH. Ce n’est pas tout le monde qui peut passer à travers ça. Tu arrives, tu joues ton premier match, tu es le shiny new toy, image Nasreddine.

« Tu penses que tu vas avoir une autre chance l’année suivante. Puis, tu te ramasses avec un contrat de la Ligue américaine, tu te sens loin. C’est tellement facile de te décourager, d’aller jouer en Europe, où ça paye un peu plus. Les gens ne sont peut-être plus là pour t’encourager. Tu dois vraiment croire en toi. »

C’est dans ce contexte que Gignac revient dans la LNH. Dans quel rôle ? Impossible de se prononcer, Martin St-Louis n’a rien voulu dévoiler, pas même s’il jouera en désavantage numérique, une de ses spécialités. Six de ses 37 buts marqués avec le Rocket depuis 2021 l’ont été à court d’un homme.

« Je suis confiant, je vais jouer ma game, je vais montrer à l’organisation que je suis capable de jouer », a lancé Gignac.

En bref

Invité à révéler les changements à sa formation par rapport au dernier match, St-Louis a déridé son audience. « Monahan est out ! » L’entraîneur a ensuite indiqué qu’Arber Xhekaj prendrait la place de Jordan Harris. La présence de Xhekaj ajoutera du poids face à des Capitals pesants : quatre de leurs attaquants pèsent 220 lb ou plus.

Nick Suzuki, Juraj Slafkovsky, Cole Caufield et David Savard étaient les seuls absents de l’entraînement optionnel, de même que Brendan Gallagher, qui purgera le deuxième de ses cinq matchs de suspension. Suzuki, Slafkovsky et Caufield devraient d’ailleurs être réunis au sein du même trio face aux Capitals.

Charlie Lindgren devrait défendre le filet des Capitals, selon les collègues présents à leur centre d’entraînement mardi matin. Il affrontera Samuel Montembeault. Lindgren a remporté ses deux départs face à son ancienne équipe jusqu’ici, par un pointage combiné de 13-3.