Le temps d’utilisation des joueurs du Canadien est révélateur de la progression par position à Montréal. Trois des quatre attaquants employés le plus souvent ont 24 ans ou moins : Nick Suzuki, Cole Caufield et, au quatrième rang, Juraj Slafkovsky, derrière Sean Monahan, 29 ans. En défense, un seul intrus, Kaiden Guhle, 22 ans, au deuxième rang, entre Mike Matheson et David Savard.

En cette deuxième année de reconstruction, le Canadien est en voie de se dénicher un premier trio intéressant, écrivait-on la veille. Le retour en santé de Kirby Dach et Alex Newhook, d’ici l’an prochain, permettrait au CH de se retrouver à une pièce de compléter son casse-tête au sein du top 6.

Le portrait n’est pas aussi clair en défense. Le Canadien, un peu par défaut, a pourtant ouvert la porte à quatre recrues l’an dernier. Guhle est le seul à montrer une progression. L’arrivée de Jayden Struble, et son aplomb, a fait reculer Jordan Harris, Arber Xhekaj, Johnathan Kovacevic et Justin Barron d’une, sinon de quelques cases.

Il faudra attendre l’arrivée des David Reinbacher, Lane Hutson, Adam Engström, et peut-être Logan Mailloux, avant d’avoir un portrait plus clair.

Kaiden Guhle

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Kaiden Guhle

Un peu comme Nick Suzuki, la progression de Guhle n’est pas phénoménale par rapport à l’an dernier, il excelle déjà. La production offensive de Guhle est en baisse par rapport à l’an dernier, 12 points en 45 rencontres, un rythme de 22 points par saison, comparativement à 18 points en 44 rencontres en 2022-2023, un rythme de 34 points, mais on demande d’abord à Guhle d’annihiler les chances de marquer des meilleurs attaquants adverses.

Après un passage à vide récemment, Guhle a retrouvé son aplomb. Il laisse une bonne impression à la pause du Match des étoiles après une solide performance de 25 : 45 contre le trio de Sidney Crosby, en compagnie de Mike Matheson. Le défi est de taille pour ce joueur de 22 ans depuis à peine dix jours, d’autant plus qu’il est employé à droite, un flanc inhabituel pour lui, quoiqu’il a occupé cette place en fin de saison l’an dernier.

À long terme, on peut espérer un défenseur de première paire, robuste et mobile, capable d’amasser une trentaine de points par saison, avec un partenaire plus offensif. Et tant mieux s’il dépasse les attentes à ce chapitre !

Jayden Struble

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Jayden Struble

À pareille date l’an dernier, Jordan Harris jouait au sein du top 4 défensif du Canadien et Jayden Struble se préparait à affronter Boston College au Matthews Arena, domicile des Huskies de Northeastern dans la NCAA. On se demandait même à l’interne chez le Canadien si on allait lui offrir un contrat à la fin de son stage universitaire. On lui a finalement consenti une entente de Ligue américaine pour lui permettre de terminer la saison à Laval, contrairement à l’attaquant Sean Farrell, propulsé directement à Montréal à la conclusion de sa carrière à Harvard.

Struble n’était guère davantage dans les plans au camp d’entraînement et il a fait partie de l’une des premières vagues de coupures avec des joueurs destinés à l’ECHL, un niveau inférieur à la Ligue américaine. On parlait davantage de Logan Mailloux, Mattias Norlinder et William Trudeau pendant les matchs préparatoires.

Aucun de ces trois-là n’a été rappelé par le CH cet hiver et voilà Struble au sein de la deuxième paire avec David Savard. Il a été utilisé avec parcimonie par Martin Saint-Louis à ses débuts, fin novembre, début décembre, mais il a gagné ses galons et joue rarement moins de 18 minutes.

Struble, 22 ans seulement, on a tendance à l’oublier, ne deviendra pas un défenseur dominant, à moins d’une surprise de taille, mais un solide quatrième ou cinquième, robuste, mobile, intelligent, le type qui ne vous fera pas gagner souvent, mais pas perdre non plus, une denrée prisée des entraîneurs.

Jordan Harris

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Jordan Harris

Jordan Harris était une star à Northeastern. Il jouait en moyenne une trentaine de minutes par rencontre, dans toutes les situations, évidemment. Il a été accueilli comme tel à Montréal, court-circuitant la Ligue américaine pour s’établir directement dans la Ligue nationale.

Struble occupait un rôle plus effacé à Northeastern. Et il n’a pas eu droit aux mêmes privilèges par la suite. À la surprise générale, il a dépassé Harris dans la hiérarchie actuelle. Celui-ci a connu une bonne saison l’an dernier. Il a été le meilleur parmi les recrues, après Guhle. Il connaît une saison plus difficile. Il a été rayé de la formation récemment. Son temps d’utilisation a été amputé d’une minute. Depuis son retour au jeu, après avoir soigné une blessure, fin décembre, il a atteint une seule fois les 19 minutes d’utilisation, une marque obtenue 29 fois l’an dernier.

Harris doit se trouver une identité. Ce garçon joue intelligemment, mais il n’est pas très robuste, ni costaud, à 5 pieds 11 pouces et 189 livres, pas très offensif, pas spécialiste défensif. Sa survie dans la LNH en dépend.

Arber Xhekaj

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Arber Xhekaj (à gauche)

L’une des grandes sensations de l’an dernier, entre autres en raison de ses talents pugilistiques, son gabarit impressionnant de 6 pieds 4 pouces et 240 livres, mais aussi de sa belle histoire – jamais repêché, de commis chez Costco à la LNH directement –, Arber Xhekaj est plus vulnérable cet hiver.

Il a été renvoyé dans la Ligue américaine récemment, et son retour à Montréal ne se déroule pas bien. En perte de confiance, il en arrache défensivement. Il a joué seulement 11 minutes contre les Islanders jeudi dernier, écopé de deux punitions inutiles et ses excuses aux entraîneurs n’ont pas suffi : il a été renvoyé de la formation lors du dernier match avant la pause des étoiles face aux Penguins.

Le Canadien hésite à l’échanger malgré le surplus de défenseurs à gauche en raison de sa dimension unique. Xhekaj est vite devenu le protecteur de coéquipiers plus chétifs, l’un, sinon le bagarreur le plus craint de la Ligue nationale de hockey. Mais il doit atteindre un niveau minimum de fiabilité pour rester dans la formation. Ça n’est pas le cas à l’heure actuelle.

Justin Barron

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Justin Barron

Inconstance. Ce terme définit bien Justin Barron, 22 ans, obtenu en mars 2021 de l’Avalanche avec un choix de deuxième tour en 2024 pour Artturi Lehkonen. Après des débuts pénibles en fin de saison 2022, où il semblait avoir beaucoup de difficulté à se situer dans l’espace sur une patinoire, il a eu à parfaire son apprentissage à Laval en début de saison suivante.

Rappelé début janvier 2023, il a montré un bel aplomb pendant les derniers mois de la saison. Il semblait avoir perdu à nouveau ses repères lors des matchs préparatoires cette saison, mais a retrouvé sa superbe lorsqu’on a fait appel à ses services fin octobre. Il semblait même en voie de s’incruster au sein du top 4 défensif, au sein d’un duo défensif avec Guhle, mais sa vulnérabilité en défense est réapparue fin décembre, au point où on l’a renvoyé à nouveau dans la Ligue américaine après la défaite de 9-4 à Boston le 20 janvier.

Barron possède un bon potentiel offensif, le gabarit de l’emploi à 6 pieds 2 pouces et 205 livres, mais il ne prend pas toujours les bonnes décisions avec la rondelle et réagit souvent mal à une forte pression adverse en fond de zone. On ne peut toujours pas dire s’il deviendra un défenseur régulier dans la Ligue nationale.

Johnathan Kovacevic

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Johnathan Kovacevic (à droite)

Obtenu au ballottage des Jets de Winnipeg en octobre 2022, Kovacevic, un géant droitier de 6 pieds 5 pouces et 223 livres, demeure un hockeyeur très limité. Il a tout de même maximisé ses faibles habilités individuelles l’an dernier et même occupé un poste au sein du top 4 pendant la majorité de la saison.

Le naturel revient au galop cet hiver, malgré une production étonnante de six buts. Kovacevic, déjà 27 ans en juillet, est un défenseur de soutien. Il peut faire le travail au sein d’une troisième paire, avec un temps de jeu plus limité, ou de septième défenseur. C’est déjà pas mal pour une acquisition au ballottage. Mais la pénurie de défenseurs droitiers au sein de l’organisation l’a placé l’an dernier dans une chaise qu’il ne devait pas occuper.

Avec le septième choix total

Montréal se retrouve à la pause en position de repêcher septième au total, et 6,5 % de chances de remporter la loterie du repêchage et mettre la main sur le jeune surdoué Macklin Celebrini. Un recul de seulement deux places par rapport à l’an dernier. Le CH a un seul point d’avance sur le Wild, 27e au classement général. Ottawa, 28e, a huit points de retard, mais trois matchs de plus à disputer.

Le Canadien, on le rappelle, a repêché David Reinbacher au cinquième rang l’an dernier. Au septième rang, un certain Matvei Michkov était toujours disponible, tout comme le jeune attaquant de puissance Ryan Leonard, choisi huitième par Washington. Le 13e choix, Zach Benson, est déjà dans la LNH avec Buffalo.

L’année précédente, Chicago a mis la main sur le défenseur Kevin Korchinski au septième rang. Celui-ci joue déjà dans la LNH, un peu par défaut direz-vous sans doute, à seulement 19 ans. Mais un autre défenseur, Pavel Mintyukov, 10e choix total, était aussi disponible. Il constitue un régulier à Anaheim cet hiver.

Comme quoi il y a des espoirs intéressants au septième rang quand on a un minimum de flair…