(Pittsburgh) Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. La maxime est bien connue, son origine est moins claire. A-t-elle réellement été écrite en premier par Antoine Laurent de Lavoisier en 1789 ? Ou est-ce plutôt le bon Anaxagore, 2300 ans plus tôt, qui a eu le scoop ?

Qu’importe : la théorie sera mise à rude épreuve samedi soir, à l’occasion de la visite du Canadien au PPG Paints Arena.

C’est que chez les Penguins comme chez le Canadien, on revient de matchs hauts en émotions. Le Tricolore a reçu Patrick Roy en grand jeudi, dans une atmosphère des séries, et a fini par l’emporter 4-3 grâce à un but salvateur de Sean Monahan à 2 min 12 s de la fin du match.

Les baisses d’émotions guettent souvent les équipes après de telles soirées, et il appert que le Tricolore devra y voir sans celui qui excelle pour faire ressortir les sentiments, souvent des sentiments belliqueux : Brendan Gallagher, suspendu cinq matchs pour un coup à la tête que la LNH a jugé dangereux et inutile.

« Gally amène de l’énergie, il amène le monde à la bataille, a rappelé l’entraîneur-chef du Canadien, Martin St-Louis, après l’exercice du matin. Ce n’est pas quelque chose que tu remplaces avec un seul joueur. Collectivement, il faut amener ce qu’il amène. »

De leur côté, les Penguins jouaient vendredi, à domicile, face aux Panthers de la Floride, qui leur ont brassé le pommier toute la soirée, avec des Matthew Tkachuk et Sam Bennett qui ressentaient de la haine. Onze pénalités ont été décernées dans ce match, et il est permis de croire, si on se fie au documentaire Slapshot, que les coupables ont ressenti de la honte. Les Penguins ont en outre créé l’égalité avec 42 secondes à jouer à la troisième période, avant de s’incliner en tirs de barrage.

« Je ne sais pas si c’est un défi, mais c’est la job, a convenu St-Louis. Il y a peut-être des moments où la job est plus facile, émotionnellement. Je regarde hier, il y a eu une séquence entre [Aleksander] Barkov et [Kris] Letang et ça a tout de suite amené des émotions. Et ce sont des émotions réelles, tu n’essaies pas de les créer, ça arrive avec la situation. Des fois, tu te fais aider, mais tu dois aussi être capable d’aller la chercher. »

« On joue 82 matchs. Ce ne sera pas toujours des matchs d’émotions, a ajouté le défenseur Mike Matheson. Mais tu as encore une job à faire et c’est à toi d’avoir cette émotion. »

Retrouvailles

En fait, il est réducteur de parler du risque d’une journée « sans » émotion, car il y en a eu, de l’émotion, à l’entraînement matinal du Tricolore. Par exemple, quand Kristopher Letang est sorti du vestiaire des Penguins pour venir au banc de son équipe, ses anciens coéquipiers Tanner Pearson et Mike Matheson sont venus le saluer et lui faire la causette. Ça ressemblait à une certaine joie.

« C’est ici que mon fils est né, donc il y aura toujours une connexion avec Pittsburgh », a rappelé Matheson, après la séance.

Puis, toujours en début de séance, quelques joueurs du CH se sont installés à la ligne bleue et ont fait « un concours de barres horizontales », dans les mots justes du collègue de RDS Patrick Friolet. Quand Cole Caufield a tiré directement sur la tige dès son premier essai, une autre émotion a été créée : de l’émerveillement.

Jesse Ylönen a dû ressentir du bonheur, même s’il est généralement bon pour le cacher. La suspension à Gallagher lui permettra de réintégrer la formation après en avoir été écarté lors des trois derniers matchs.

PHOTO MATT SLOCUM, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Jesse Ylönen

Jordan Harris a sans doute vécu la même émotion en apprenant son retour, même si son purgatoire a duré un match de moins.

Arber Xhekaj a quant à lui possiblement ressenti de la déception puisqu’il sera laissé de côté. Est-ce en lien avec ses deux pénalités du dernier match, pour lesquelles il s’est d’ailleurs montré repentant vendredi ?

« On est en santé et c’est une ligue compétitive », a répondu St-Louis.

Xhekaj avait déjà perdu sa place au sein de la deuxième unité de l’avantage numérique jeudi, au profit de Kaiden Guhle. C’était un premier indice de la déception qui attendait Xhekaj en ce samedi matin.