On a cessé de compter le nombre de fois où le Canadien a été l’artisan de son propre malheur, cette saison. Où, comme le résume souvent son entraîneur, il s’est tiré dans le pied.

C’est encore arrivé, jeudi soir, et pas qu’un peu. Alors que le Tricolore accomplissait du bon travail pour protéger une avance de 3-1, Brendan Gallagher a mis ses coéquipiers dans le pétrin en écopant d’une punition majeure, résultat d’un coup aussi violent que gratuit à la tête du défenseur Adam Pelech. Les Islanders en ont profité pour marquer deux fois et égaler la marque.

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Or, pour une rare fois, quelqu’un a réussi à retirer la balle de fusil qui s’était logée dans le pied du CH. Les chirurgiens avaient pour noms Sean Monahan et Samuel Montembeault. Marque finale : 4-3 pour les locaux.

On reparlera des deux héros plus loin. Car on n’a pas fini d’entendre parler de la punition absurde de Gallagher. Aussi bien y revenir tout de suite.

Alors que Pelech venait de franchir sa ligne bleue et de se débarrasser de la rondelle, l’attaquant du CH lui a asséné un coup de coude à la tête. Le défenseur new-yorkais, qui n’a jamais vu arriver son assaillant, est resté un long moment sur le sol et a quitté la rencontre. Tout comme Gallagher, qui a été expulsé.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Adam Pelech (3) étendu sur la patinoire après avoir été frappé à la tête par Brendan Gallagher

Il n’est pas rare que Martin St-Louis, lorsqu’il n’a pas aimé une situation ou la performance d’un joueur, argue qu’il devra visionner la séquence de nouveau à tête reposée. Pour ce maniaque des détails, il s’agit d’une échappatoire pour ne pas critiquer ouvertement un de ses joueurs à chaud.

À propos du coup de Gallagher, dont on peut présumer qu’il fera l’objet d’une suspension, il a parlé de la « fine ligne » sur laquelle marchent ceux qui, comme le numéro 11, jouent avec autant d’intensité.

Si tu ne travailles pas fort, c’est facile de ne pas prendre de punition. Il faut que tu fasses attention, comme entraîneur, parce que tu veux que les gars se donnent. Mais parfois, quand tu te donnes, tu vas avoir des punitions. Et il y en a qui font mal.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

Cette séquence peut-elle être classée dans la catégorie de la « fine ligne » ? lui a-t-on demandé. Après un long silence, St-Louis a dit « comprendre » que Gallagher, vu « où il était sur la glace », avait « essayé de ralentir l’adversaire ». « Ça arrive vite. Il faudrait que je regarde ça de bien des angles. Je suis sûr que la ligue va regarder. »

« Je trouve qu’on a joué avec le feu, a encore dit l’entraîneur sur le thème général de l’indiscipline. On s’est quasiment fait brûler. » Car non, il n’y a pas que Gallagher qui a failli gâcher la soirée. Arber Xhekaj a mis du sien en écopant de deux punitions, ses deuxième et troisième en deux matchs depuis son retour de la Ligue américaine. Autant de punitions évitables.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Arber Xhekaj et Mathew Barzal

Le défenseur, à l’évidence, n’a pas mis de temps à retrouver ses mauvais plis du début de la campagne. « Je n’adore pas ça », a commenté St-Louis à ce sujet. Xhekaj, au fait, même s’il a disputé à peine 19 matchs cette saison, a déjà repris la tête de la colonne des minutes de punition chez le Tricolore.

Pilier

Comme on le sait, toutefois, le Canadien s’est sorti du trouble.

Sean Monahan a rappelé, si c’était nécessaire, à quel point il est une pièce fondamentale de l’attaque de cette équipe. En avantage numérique, en première période, il a été l’architecte du premier but des Montréalais, avant de marquer lui-même le troisième dans les mêmes circonstances.

Depuis qu’on l’a muté vers le centre de la zone plutôt que de le stationner devant le filet, son efficacité a explosé. Son imprévisibilité, au moment de faire une passe à un coéquipier, est probablement la meilleure arme du CH avec un homme en plus.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Nick Suzuki (14)

« Il a longtemps joué à cet endroit chez les Flames de Calgary », a rappelé Nick Suzuki, qui a vanté son sens du « timing ». De manière générale, « il nous aide beaucoup », a-t-il ajouté. « Il est très constant et son souci des détails est très élevé. Il a connu tout un match. »

Et pas qu’un seul : le voilà à 10 points à ses 6 derniers matchs, et 34 en 48 au total.

Ses performances récentes ont fait monter sa cote d’amour auprès du public, qui réclame à hauts cris, sur les réseaux sociaux, que l’organisation lui offre une prolongation de contrat. Or, à l’approche de la date limite des transactions, si Monahan devient le joueur le plus convoité de la ligue, le directeur général Kent Hughes recevra-t-il une offre irrésistible ? On n’a pas fini d’en parler.

Un petit mot, en terminant, sur l’autre sauveur de ce match, Samuel Montembeault. Depuis le 1er janvier, c’était déjà la troisième fois en sept départs qu’il affrontait plus de 40 tirs. Sa fiche devant ces barrages : 2-0-1. Il se définit assurément comme un homme des grandes occasions. Et c’en était une, jeudi, vu la visite très attendue de Patrick Roy.

Après avoir été retiré du match samedi à Boston, il a offert aux partisans galvanisés la performance qu’ils méritaient.

« Durant l’hymne national, je ne voyais pas l’écran géant, mais la foule a crié tout le long, a raconté le gardien. Si ça ne donne pas le goût de jouer au hockey, je ne sais pas ce que ça va prendre. »

S’il avait eu un micro en main, il aurait aussi bien pu le lâcher à ce moment-là.

En hausse : Samuel Montembeault

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Samuel Montembeault

Après avoir accordé huit buts aux Bruins de Boston, il a été impérial contre les Islanders, dont il a bloqué 44 des 47 tirs. Si la personne qui décerne les trois étoiles lit cette rubrique, écrivez-nous pour nous expliquer pourquoi il n’en a reçu aucune.

En baisse : Brendan Gallagher

PHOTO DAVID KIROUAC, USA TODAY SPORTS

Brendan Gallagher

Sans vouloir s’acharner sur son cas, on ne peut donner le bonnet d’âne à personne d’autre vu la punition majeure dont il a écopé en troisième période.

Le chiffre : 6 min 36 s

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Lucas Condotta

C’est le temps de glace de Lucas Condotta, joueur de centre fraîchement rappelé du Rocket de Laval. Lorsque plus du tiers du match met à profit les unités spéciales, un joueur de remplacement a rarement l’occasion de se démarquer.