Récapitulons.

À un moment ou à un autre, depuis que le Canadien a rappelé Jayden Struble du Rocket de Laval, le 20 novembre dernier :

  • Arber Xhekaj a été cédé au Rocket ;
  • Jordan Harris a été muté sur le flanc droit ;
  • Johnathan Kovacevic a perdu son poste de titulaire, lui qui avait pourtant disputé les 33 premiers matchs de la saison ;
  • Gustav Lindström a été soumis au ballottage puis réclamé par les Ducks d’Anaheim ;
  • Justin Barron est passé du deuxième au troisième duo en défense, avant d’être rayé de la formation puis cédé au Rocket.

En à peine deux mois, c’est beaucoup de bouleversements, surtout quand on sait qu’ils ont été provoqués par l’arrivée d’un arrière de 22 ans, débarqué à Montréal avec un bagage de 21 (!) matchs dans la Ligue américaine.

La fiabilité défensive de l’Américain en a fait une rareté au sein d’une escouade drôlement poreuse. Promu la semaine dernière sur le deuxième duo avant les affrontements contre Connor McDavid et Nathan MacKinnon, Struble a vu son jeu légèrement fléchir. Tout à coup, à la gauche de David Savard et face à une opposition supérieure, son inexpérience était plus visible.

Or, malgré un remaniement samedi dernier, Struble a conservé son poste sur le nouveau numéro deux, cette fois avec Kaiden Guhle. L’organisation, à l’évidence, est satisfaite du travail du jeune homme. Plusieurs fois, on aurait pu le renvoyer à Laval, notamment pour garder les services de Lindström ou pour rappeler Xhekaj. On ne l’a pas fait.

Parenthèse ici pour rappeler que Xhekaj a été rapatrié à Montréal en fin de journée, lundi. On dit du colosse qu’il a retrouvé ses repères dans la Ligue américaine. Et la perspective d’un affrontement costaud contre les Sénateurs d’Ottawa, ce mardi soir, ressemble à un moment idéal pour son retour avec le grand club.

Dernière victime

Après ce long détour, nous voici à parler de Justin Barron, plus récente « victime » de Jayden Struble. Le Néo-Écossais, après l’entraînement de lundi matin, a appris qu’il avait été cédé au Rocket. Encore.

PHOTO MATT SLOCUM, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Justin Barron

Il a déjà passé une demi-saison dans la Ligue américaine après avoir subi le couperet au camp d’entraînement du Canadien en 2022. Le Tricolore l’a finalement rappelé alors que la saison de l’équipe tournait déjà au fond de la cuvette. Néanmoins, jusqu’au printemps dernier, il a pu gagner en confiance offensivement dans la LNH ; défensivement, c’était, disons-le poliment, moins convaincant.

Après avoir été très ordinaire au camp 2023, il a cette fois gagné un poste, presque par défaut, vu le manque de profondeur chez les défenseurs droitiers. On l’a envoyé dans l’action après que Kaiden Guhle se fut blessé, et c’est une autre blessure, celle-là à David Savard, qui a cimenté sa place. Il a alors alterné entre le premier et le deuxième duo, nettement mieux servi par cette dernière option. Les déboires d’Arber Xhekaj lui ont aussi donné du temps de glace sur la deuxième vague d’avantage numérique.

Sa combinaison avec Guhle a duré un certain temps, jusqu’à ne plus fonctionner. Au cours du mois de décembre, c’est devenu plus pénible, même très pénible au tournant de la nouvelle année.

Encore une fois, sa capacité à appuyer l’attaque s’est confirmée, mais ses carences défensives, doublées par un cruel manque de robustesse, se sont peu, voire pas améliorées.

Martin St-Louis l’a laissé de côté deux fois, les 13 et 15 janvier, contre les Oilers d’Edmonton et l’Avalanche du Colorado. Hasard ou pas, on a donné congé au défenseur le moins fiable pour affronter les attaquants les plus redoutables de la ligue. Du bout des lèvres, l’entraîneur-chef a dit que Barron devait en donner davantage.

Puis est venu ce renvoi à Laval. On dira qu’à seulement 22 ans, Barron a encore beaucoup de temps pour se racheter. C’est bien vrai. On aurait aussi cru que son passage dans les mineures, la saison dernière, serait son dernier. Ce n’était visiblement pas le cas. Il devra (encore) y peaufiner son jeu défensif, comme Xhekaj l’a fait avant lui.

D’ailleurs, lorsque ce dernier a été rétrogradé, au début du mois de décembre, l’entraîneur-chef du Rocket, Jean-François Houle, avait dit n’avoir dirigé, en trois ans, qu’un seul jeune défenseur de l’organisation du Canadien « avec un côté défensif ».

C’était, bien évidemment, Jayden Struble. On connaît la suite.

À trois centres contre les Sénateurs ?

Au moment où le Canadien annonçait avoir cédé Justin Barron au Rocket, l’équipe a indiqué que le nom de Mitchell Stephens avait été soumis au ballottage. S’il n’est pas réclamé, il se dirigera lui aussi vers la station Montmorency. Bien que son jeu n’ait rien de très distinctif à l’exception de son talent au cercle de mise en jeu, Stephens a la qualité d’être l’un des rares joueurs de centre en santé avec de l’expérience dans la LNH sur lequel compte l’organisation. Depuis son rappel des ligues mineures, le 2 décembre dernier, il a disputé 23 matchs, obtenant trois points et présentant un différentiel de + 2. Si, comme on peut le croire, Tanner Pearson est prêt à revenir au jeu contre les Sénateurs d’Ottawa, ce mardi, on ne pourra remplacer Stephens au centre, puisque le plafond de 23 joueurs sera déjà atteint. On ne tombera pas en bas de notre chaise si Martin St-Louis n’emploie que trois joueurs de centre dans une stratégie à 11 attaquants et sept défenseurs.