Ce sera comme la série Le Retour, mais sans Angèle Coutu. Mardi soir contre les Sénateurs, le Canadien n’accueillera pas un, mais bien deux revenants : Arber Xhekaj et Tanner Pearson.

Le retour de Pearson était attendu depuis quelques jours, puisqu’il était précédé d’un crescendo : entraînement en solitaire, entraînement avec les coéquipiers, puis Mitchell Stephens qui est soumis au ballottage, présumément pour faire une place à Pearson.

Mais celui de Xhekaj pouvait survenir à tout moment. Le 4 décembre dernier, il était soumis au Rocket de Laval pour la première fois de sa jeune carrière. Le colosse l’a avoué : il a eu du mal à digérer cette première rétrogradation.

« C’était dur au début, mais c’est un bon groupe, de bons gars et de bons entraîneurs. Une fois que j’ai accepté le fait que j’étais là et que j’ai travaillé, je me suis senti bien », a-t-il soufflé devant les nombreux micros qui l’entouraient, après l’entraînement matinal de mardi.

En 17 matchs, Xhekaj a inscrit 11 points (3 buts, 8 passes), mais la priorité de l’organisation a toujours été qu’il peaufine son jeu défensif, ce qu’il estime avoir fait. « Mon positionnement, mon bâton, garder les gars devant moi, a-t-il énuméré. Tu as beaucoup de temps d’entraînement là-bas. »

« Parfois, je me remettais en doute dans mes décisions ici, je pensais trop. Je pense que mes minutes là-bas m’ont aidé. »

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Jean-François Houle, entraîneur-chef du Rocket

À Laval, Jean-François Houle a dit avoir appelé Xhekaj « pour le remercier, pour lui dire que j’étais très heureux qu’il se soit comporté comme un vrai professionnel, que je savais que ce n’était pas facile, ce qu’il avait à faire, mais qu’on apprécie la manière dont il s’est présenté, a expliqué l’entraîneur-chef du Rocket. Il était très heureux de son séjour ici, il a bien aimé jouer pour nous, il a aimé ses coéquipiers et il espère qu’on continue sur cette lancée-là. »

Ce qui a aussi aidé Xhekaj, c’est un partenariat avec un autre colosse ontarien, Logan Mailloux, « un gars formidable et un bon joueur. »

Il semble aussi que Xhekaj ait cheminé de façon plus générale. « En réfléchissant un peu là-bas, j’ai réalisé ce que ça prend pour rester ici. Ça prend une mentalité de travail quotidien. Je pensais peut-être que je le faisais, mais je ne le faisais pas. C’est d’arriver à la patinoire tôt, de faire tes étirements, tout faire avec une mentalité de pro pour que ton corps soit prêt. »

Il faut dire que malgré son inexpérience, il avait court-circuité l’AHL la saison dernière et avait vite été plébiscité dans l’opinion publique. Xhekaj est devenu un favori de la foule, et a même été impliqué dans une campagne publicitaire télévisée, ce qui est généralement le fait de joueurs établis. Un tel traitement a-t-il pu avoir une influence négative ?

« Je sais que dans notre marché, les joueurs de hockey sont dans le public, ils sont très visibles, a reconnu Martin St-Louis. Xhekaj est une personnalité très facile à aimer. Mais nous, on ne s’en fait pas avec ça. […] On veut qu’ils deviennent des vedettes sur la glace. »

Il aura l’occasion de faire un premier pas en ce sens contre une équipe qu’il connaît bien. Depuis son premier tournoi des recrues avec le Canadien, en 2021, lorsqu’il avait blessé Angus Crookshank et en était venu aux coups avec Mark Kastelic, la rivalité entre Xhekaj et les Sénateurs est toujours vive. En combinant les matchs de saison et préparatoires, dans la LNH et l’AHL, il a affronté cette organisation 12 fois, et a totalisé 39 minutes de pénalité. Est-ce un hasard que son retour coïncide avec la visite des Sénateurs ?

« Je ne sais pas ! Mais on les affronte souvent et ils ont plusieurs durs dans leur formation, donc les matchs deviennent robustes », a-t-il soumis.

Trois centres ?

De son côté, Tanner Pearson revient au jeu après avoir raté les 19 derniers matchs sur blessure.

Il prendra la place de Mitchell Stephens dans la formation, ce qui donnera une drôle d’allure aux trios. Le Canadien ne compte en effet plus que trois centres dans son effectif : Nick Suzuki, Sean Monahan et Jake Evans. « Je vais jongler un peu », a concédé St-Louis.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

L’attaquant Tanner Pearson

L’entraîneur-chef hérite donc d’une situation peu optimale, bien qu’il assure qu’il fait « partie » des discussions. « Au bout du compte, ils prennent mes idées en considération. Mais ils prennent la décision qu’ils doivent prendre. »

Le retour de Pearson est intéressant en ce sens qu’en santé, il pourrait devenir un appât intéressant pour Kent Hughes d’ici la date limite des transactions. Pearson écoule la dernière année de son contrat, à 3,25 millions de dollars. « C’est ce temps de l’année. Les rumeurs vont commencer. Mon travail est de me présenter au quotidien pour aider l’équipe à gagner », a simplement débité Pearson.

Le vétéran assure ne pas avoir parlé à la direction du Canadien afin d’obtenir l’assurance qu’il serait échangé à une équipe qui vise un long parcours en séries, comme il semble être le cas pour Sean Monahan.

« Au bout du compte, tu veux gagner la Coupe Stanley, n’est-ce pas ? J’ai eu la chance de le faire plus tôt dans ma carrière. Mais en même temps, on est en train de bâtir quelque chose d’assez bon ici », a ajouté Pearson.

En défense, Jordan Harris sera laissé de côté. Avec le renvoi de Barron, c’est donc le troisième duo de la dégelée de samedi qui n’y sera pas. Xhekaj et Johnathan Kovacevic prendront leur place.

Jake Allen défendra le filet montréalais.

Par ailleurs, Mitchell Stephens n’a finalement pas été réclamé au ballottage. Il a donc été cédé au Rocket mardi après-midi.