Certains rêvent encore au jeune Macklin Celebrini et auraient voulu voir le Canadien couler au classement, comme l’année dernière et la précédente, et repêcher, au pire, dans le top 5.

D’autres se réjouissent par cette actuelle période de succès puisqu’elle permet à certains de ses meilleurs jeunes de s’épanouir : Cole Caufield redevient tranquillement l’attaquant menaçant de l’an dernier, il a six points à ses quatre plus récents matchs ; Juraj Slafkovsky a marqué à ses deux dernières parties et compte neuf points en treize matchs ; les défenseurs Kaiden Guhle et Jayden Struble s’en tirent bien contre les gros trios adverses ; Samuel Montembeault, encore jeune pour un gardien à 27 ans, émerge ; Joshua Roy qui marque son premier en carrière et Raphaël Harvey-Pinard de toutes les batailles.

L’administration du Canadien, vous pouvez le parier, préfère le second scénario. Il n’a jamais été question de couler volontairement. Mais le plan s’accompagnait inévitablement d’une certaine souffrance. La patience devenait de mise pour au moins deux ou trois ans.

Le terme reconstruction est tellement galvaudé qu’on en perd le sens. Pour certains, comme les Blackhawks de Chicago, reconstruire signifie vider son club, mettre sur la glace la pire équipe possible, de façon à repêcher parmi les premiers pendant au moins quatre ou cinq ans et remonter la pente au cours de la décennie suivante avec ses jeunes premiers. Ça ne fonctionne pas toujours, parlez-en aux Sabres de Buffalo.

Pour d’autres, comme les Rangers de New York, la reconstruction amorcée par l’actuel vice-président aux opérations du hockey du Canadien, Jeff Gorton, consistait à échanger ses vétérans en perte de vitesse, faire une plus grande place aux jeunes, tenter d’acquérir des jeunes joueurs à l’aube d’éclater, les Mika Zibanejad, Ryan Strome et Adam Fox, puis, quelques années plus tard, renforcer l’équipe avec de grandes acquisitions sur le marché des joueurs autonomes ou par l’entremise de transactions. New York a embauché Artemi Panarin à 28 ans, en 2019.

Le Canadien, vous l’aurez deviné, préconise la méthode des Rangers et non pas celle des Blackhawks. Depuis l’arrivée de Gorton et Kent Hughes en 2021-2022, les vétérans Mike Hoffman, Jonathan Drouin, Tyler Toffoli, Ben Chiarot, Jeff Petry, Brett Kulak, Artturi Lehkonen et Joel Edmundson ont changé de camp. Ils ont rapporté Mike Matheson, Justin Barron et Emil Heineman, deux choix de premier tour, deux choix de deuxième tour et un choix de troisième tour et aussi permis à l’équipe d’alléger sa masse salariale. On a récupéré des choix de premier et deuxième tour pour permettre à Calgary (Monahan) et Pittsburgh (Petry moins d’un an plus tard) de larguer des salaires.

Le plan de la direction a toujours été limpide : ne jamais faire de compromis, c’est-à-dire ne pas éviter tout raccourci pour connaître du succès plus rapidement, mais permettre aux jeunes de grandir dans l’environnement le plus compétitif possible.

Les Blackhawks auraient probablement déjà cherché à échanger Matheson et David Savard. On n’aurait pas offert de nouveau contrat à Samuel Montembeault. Pas question non plus d’offrir des choix pour Alex Newhook et on aurait conservé le 13e choix au total en 2022 obtenu pour Alexander Romanov au lieu de le céder pour un Kirby Dach. Ce sont d’ailleurs eux qui l’ont acquis en retour de Dach pourtant âgé de seulement 21 ans, justement.

Pour être fidèle à son plan, le Canadien n’échangera pas à tout prix Matheson et Savard, dont il restera encore deux et une années de contrat respectivement et qui permettent aux jeunes défenseurs de se développer à leur rythme derrière eux, mais ils ne refuseront pas un choix de premier tour pour Sean Monahan, joueur autonome sans compensation à compter de juillet. Ça serait bête de cracher sur une belle offre et le perdre sans rien obtenir en retour dans quelques mois. Monahan rend de précieux services à l’équipe et Montréal pourrait aussi le garder, mais celui-ci visera sans doute une entente à long terme lucrative, à l’aube de ses 30 ans, ce que le CH ne voudra sans doute pas se permettre.

Pour être fidèle à son plan, le Canadien ne sacrifiera pas non plus d’actifs à long terme, des choix ou des espoirs, pour du renfort à court terme dans l’espoir de participer aux séries éliminatoires, même s’il se trouve aujourd’hui à quatre points de cet objectif. La direction est lucide : l’équipe n’a aucune chance de percer sur une série de quatre matchs ou plus contre les meilleurs clubs de la Ligue.

Or donc, le Canadien offre du solide jeu collectif ces temps-ci avec huit joueurs de 24 ans ou moins dans sa formation, dont quatre au sein de ses deux premiers trios et deux dans le top 4 défensif.

Avec sa fiche de 19-18-7, il compte six points de plus qu’après 44 matchs l’an dernier. Le CH montrait alors un dossier de 18-23-3.

Si le repêchage avait lieu aujourd’hui, Montréal obtiendrait le huitième choix au total. Il devance désormais Buffalo, détenteur du sixième choix, par trois points et est à deux points des Flames de Calgary, onzième club à choisir.

La différence entre un sixième et un douzième choix au total peut être minime. En 2017, les Golden Knights de Vegas ont choisi Cody Glass au sixième rang et Nick Suzuki au treizième. En 2019, Kaapo Kakko était repêché deuxième et Cole Caufield quinzième. Jesperi Kotkaniemi a été repêché troisième en 2018, les défenseurs Quinn Hughes septième et Noah Dobson douzième.

Le Canadien peut continuer à gagner et voir ses jeunes gonfler leur confiance…

John Tavares en léthargie

PHOTO DAN HAMILTON, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

John Tavares

Mine de rien, les Maple Leafs ont remporté seulement quatre de leurs dix derniers matchs et devancent désormais les Penguins de Pittsburgh, dernier club exclu des séries, par seulement deux points. Au cœur des ennuis des Leafs, la léthargie de leur capitaine, John Tavares, un seul but à cinq contre cinq à ses 26 derniers matchs, aucun à ses 17 derniers. Tavares, 33 ans, a amassé 34 points, dont seulement 12 buts, en 42 matchs.

L’idéal serait de le muter à l’aile, question de lui permettre d’économiser ses forces, comme Tampa l’a fait avec Steven Stamkos. Peut-être l’acquisition d’un centre d’ici la date limite des transactions est-elle dans les plans des Leafs ? Il restera un an de contrat à Tavares après cette saison, à un salaire annuel de 11 millions.