« Ça fait 40 ans que je suis dans le hockey féminin. Je n’ai jamais vu ça. »

Danièle Sauvageau n’en revient presque pas : le professionnalisme de la nouvelle ligue de hockey féminin, « c’est du sérieux ».

« Je n’ai jamais vu ce niveau d’encadrement, et de la business limitrophe », a dit la directrice générale de l’équipe de Montréal en entrevue avec La Presse, mercredi matin, à l’Auditorium de Verdun.

Même Éric Houde, entraîneur adjoint de Kori Cheverie et ancien joueur professionnel, est épaté.

« J’ai été impressionné, dit celui qui œuvre pour la première fois dans le hockey féminin. C’est vraiment bien organisé. Les gens chialent sur [l’absence] de logo et de nom. Mais côté interne, je trouve ça très professionnel. »

L’équipe revient d’un voyage de cinq jours à Utica, où elle a disputé trois matchs préparatoires. Pour Houde, cet évènement a démontré que la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) prenait son produit au sérieux.

« De l’extérieur, ça peut paraître tout croche », convient-il lorsqu’on lui fait mention de la perception ambiante vis-à-vis du projet, notamment en raison des échéanciers serrés.

« Mais, en Québécois, j’ai trouvé que c’était sur la coche. Il y avait beaucoup de gens de la ligue. […] Tout le monde est sur la même longueur d’onde. »

« Comme le petit canard qui avance »

Notre entretien avec Danièle Sauvageau a lieu dans un couloir dans les hauteurs de l’enceinte. Derrière, les joueuses s’entraînent sur la glace depuis près d’une heure et demie. À 20 jours du premier match de la saison, l’organisation est-elle prête ?

« J’aimerais ça te dire qu’on est au mois d’octobre, mais on est au mois de décembre, lance Sauvageau. En même temps, si tu me l’avais demandé au mois d’octobre, je t’aurais dit que j’avais hâte au mois de décembre ! »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Danièle Sauvageau, directrice générale de l’équipe de Montréal, et Kori Cheverie, entraîneuse-chef

« Les choses avancent bien, rapidement », dit-elle. Ça n’a pas le choix d’être le cas : le coup d’envoi sera donné le 2 janvier, cinq mois seulement depuis les balbutiements de la ligue, en août.

On est comme le petit canard qui avance. En dessous, on pédale. Tout d’un coup, l’évènement arrive, et on dirait que c’est comme de la magie. C’est ça, de l’événementiel.

Danièle Sauvageau, directrice générale de l’équipe de Montréal

La vente des abonnements de saison « va bien », indique la DG. Les billets individuels seront mis en vente ce jeudi, à 16 h. Le premier match à Montréal de l’équipe locale sera joué le 13 janvier, à Verdun. Il reste donc moins d’un mois pour maximiser les ventes. N’est-ce pas un délai un peu court ?

« Si vous saviez comment ça fonctionne, répond-elle. Moi, j’ai eu un cours de billetterie ! »

Elle parle d’« ingénierie de temps », de cette gestion compliquée des horaires et des déplacements de toutes les équipes, jumelée aux impératifs du calendrier du hockey féminin international.

« Ces gens-là ont tout mon respect. Ce n’est pas moi qui vais dire : ‟Mon Dieu, c’est long !‟ Je vais dire : ‟Mais comment ils font ?‟ C’est mon approche. »

Elle se réjouit néanmoins du « sentiment d’urgence » qui habite la LPHF.

« Tout le monde disait : vous êtes malades ! Oui, mais si on attend à l’année prochaine, on va prendre notre temps, ça va aller au printemps… »

Et les joueuses vont perdre une autre année sans jouer.

« Moi, je crois à la magie », lance Danièle Sauvageau.

« Je suis content pour ces filles-là »

Ce sont les adjoints à l’entraîneuse-chef Kori Cheverie, Éric Houde et Noémie Marin, qui ont dirigé l’entraînement, mercredi. C’est que Cheverie, tout comme Marie-Philip Poulin, Laura Stacey et Ann-Renée Desbiens, sont actuellement en affectation avec l’équipe canadienne. C’est aussi le cas de Dominika Lásková et Tereza Vanišová, deux Tchèques de l’équipe de Montréal parties rejoindre leur sélection nationale.

Notre discussion avec Houde a lieu juste après l’entraînement sur un banc de l’Auditorium, devant la glace vide.

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« Je ne sais pas si la saison va se dérouler comme ça, mais c’était plus intense et plus physique que ce à quoi je m’attendais. J’ai trouvé les équipes quand même assez homogènes », a déclaré l’entraîneur adjoint Éric Houde.

Après les trois matchs préparatoires, quel est son constat ?

« Je ne sais pas si la saison va se dérouler comme ça, mais c’était plus intense et plus physique que ce à quoi je m’attendais. J’ai trouvé les équipes quand même assez homogènes. »

En ce sens que le niveau est sensiblement le même à travers la ligue, parce que les équipes sont formées « de filles d’équipes nationales, de collèges américains, et d’un milieu entre ça ».

Oui, à un peu plus de deux semaines du coup d’envoi, « il y a encore des ajustements à faire » à l’entraînement. L’effectif complet a été dévoilé la veille, des joueuses sont absentes cette semaine.

« La semaine prochaine, quand l’équipe va être en place, ce sera de s’assurer que tout le monde est sur la même longueur d’onde et qu’on est prêts. »

Du reste, Éric Houde a hâte que ça commence. Il regarde autour, ravi de voir les récentes rénovations apportées à l’enceinte. « J’ai déjà joué ici quand j’étais jeune. Ce n’était pas beau comme ça avant. »

« Je suis content pour ces filles-là, dit-il. […] Même si c’est dernière minute, c’est mieux parti que ce que les gens pensent. »