« Je me souviens d’avoir vu Kim [St-Pierre] un peu nerveuse, et là, je comprends pourquoi ! », lâche Caroline Ouellette au bout du fil.

Il y a deux ans, Ouellette assistait à l’intronisation de son amie et ancienne coéquipière Kim St-Pierre au Temple de la renommée du hockey à Toronto. Deux ans plus tard, c’est elle qui se retrouvera sur la scène, ce lundi. Elle qui recevra la consécration ultime.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Ouellette a eu une semaine pré-intronisation occupée. En plus d’entraîner à temps plein l’équipe féminine de l’Université Concordia, elle est en pleine organisation de sa Célébration de hockey féminin, qui a lieu en décembre de chaque année – plus de 100 équipes se sont inscrites cette année, « un heureux problème ».

Et à travers tout ça, l’ancienne attaquante devait… écrire son discours.

L’été dernier, Ouellette avait commencé à mettre sur papier certains points essentiels qu’elle souhaitait aborder. Sauf qu’en début de semaine, c’est encore tout ce qu’elle avait : des idées. « Tu as l’impression que tu as tellement de temps et, du jour au lendemain, t’es rendu et tu as encore seulement des points, dit-elle. […] J’étais comme ça à l’école aussi. J’attendais tout le temps à la dernière minute.

« La raison pour laquelle c’est aussi stressant, ce speech-là, c’est parce que tu repenses à tout l’ensemble de ta carrière et tu essaies de ne pas oublier des gens qui ont été instrumentaux dans ton succès. Quand tu as joué aussi longtemps que j’ai joué, il y en a beaucoup ! »

Merci pour les sacrifices

Plusieurs de ces personnes seront justement à Toronto pour vivre le moment avec elle, ce lundi. À commencer par ses parents, ceux sans qui elle n’aurait « jamais pu aspirer » à la carrière qu’elle a eue et qui sera célébrée ce soir-là.

« Je suis tellement contente d’avoir mes parents qui sont là, parmi nous, et qu’ils puissent venir. […] De voir leur fierté… C’est un peu une façon de les remercier pour tout ce qu’ils ont fait, tous les sacrifices.

« Ils ont cru au rêve d’Équipe Canada avant moi. Moi, je ne pensais pas que j’étais assez bonne pour ça. […] Déjà à cette époque-là, ce n’était pas facile d’être une fille et de jouer parmi les gars. »

Pendant son hockey mineur, Ouellette, qui a commencé le hockey à l’âge de 9 ans, a été retranchée de plus d’équipes qu’elle ne peut en nommer. « Jamais mes parents ont blâmé l’association, les entraîneurs, se souvient-elle. Je ne me suis jamais sentie diminuée, je n’ai jamais senti que j’avais échoué. »

Autrement, sa conjointe et ancienne adversaire et coéquipière, Julie Chu, sera présente avec leurs deux filles, Liv et Tessa. Seront aussi sur place sa sœur, sa tante et ses beaux-parents, entre autres.

« Je me sens vraiment choyée parce que la plupart des personnes les plus importantes de ma vie sont encore présentes, à part peut-être mon oncle Jean, le frère de mon père, qui m’a montré à patiner. Il m’a suivie dans plusieurs Championnats du monde. J’ai assurément une pensée pour lui, il aurait adoré ce genre d’évènement-là. »

Sa première entraîneuse avec l’équipe canadienne, Danièle Sauvageau, sera aussi dans la salle, ainsi que plusieurs anciennes coéquipières telles que Charline Labonté, Marie-Philip Poulin et France St-Louis. Ouellette a d’ailleurs pu inviter davantage de personnes que prévu, puisque le directeur général du Lightning de Tampa Bay, Julien BriseBois, lui a offert 10 billets supplémentaires.

« C’est vraiment extraordinaire parce que ça m’a permis d’inviter d’autres personnes qui m’ont aidée dans d’autres sphères de ma vie, dont la Célébration », note-t-elle.

Quand l’impossible devient réalité

Si Ouellette sait depuis plusieurs mois qu’elle sera intronisée, ça lui semblait « encore irréel » jeudi, quand on lui a parlé.

« Ce n’était même pas quelque chose [qui me semblait] possible pour l’ensemble de ma carrière », admet-elle.

« Quand t’es dans le feu de l’action, tu te prépares juste pour le prochain championnat, le prochain tournoi. C’est tout ce à quoi je pensais. Tu ne veux pas que ça arrête. »

Moi, j’aurais joué au hockey toute ma vie. J’ai tellement tripé. Il n’y avait jamais trop de pratiques, trop de matchs. J’étais effrayée du moment où j’allais devoir prendre ma retraite.

Caroline Ouellette

L’arrivée de sa première fille a « tout changé ». Ça l’a aidée à passer à autre chose. Éventuellement, elle a retrouvé les mêmes belles émotions qu’elle a vécues comme joueuse, mais cette fois, auprès des athlètes qu’elle entraîne.

« Je vais en parler dans mon discours, mais je dis tout le temps que j’ai l’impression que je fais maintenant la deuxième plus belle chose au hockey, qui est de coacher. »

Dans quelques heures à peine, Ouellette deviendra la 10e femme intronisée au Temple de la renommée. Elle s’élèvera désormais au rang de légende du sport. Quand on le lui mentionne, la femme de 44 ans laisse entendre un rire.

« On dirait que ça ne colle pas encore ! Je vais y penser. »

Les femmes intronisées au Temple de la renommée

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Hayley Wickenheiser aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010

  • 2010 – Cammi Granato
  • 2010 – Angela James
  • 2013 – Geraldine Heaney
  • 2014 – Angela Ruggiero
  • 2017 – Danielle Goyette
  • 2018 – Jayna Hefford
  • 2019 – Hayley Wickenheiser
  • 2020 – Kim St-Pierre
  • 2022 – Riikka Sallinen