Un colosse aux pieds d’argile se présentera au Centre Bell samedi soir pour y affronter le Canadien. Après une quinzaine d’années de domination, les Capitals de Washington titubent.

Ils ont raté les séries pour la première fois en dix ans l’an dernier, un plongeon spectaculaire jusqu’au 25e rang du classement général, une deuxième exclusion seulement depuis 2007.

La timide réinitialisation du directeur général Brian MacLellan depuis le printemps n’a pas encore donné l’effet escompté : Washington a remporté un seul de ses trois premiers matchs, accordé douze buts et en a marqué seulement quatre.

Il s’agit évidemment de seulement trois matchs, mais Alex Ovechkin inquiète les observateurs dans la capitale américaine. Pour la première fois de sa carrière, il n’a pas obtenu de tir au but dans deux matchs consécutifs et a été limité à une aide en trois rencontres.

MacLellan n’a tellement pas osé remuer sa formation malgré les insuccès de la dernière saison que les Capitals ont entamé le calendrier régulier avec l’équipe la plus âgée après les Penguins de Pittsburgh, avec une moyenne de 29,5 ans, selon le site capfriendly.com.

Les plus vieux joueurs occupent des postes importants. Ovechkin a 38 ans, Nicklas Backstrom 35 ans et T. J. Oshie 36 ans. Le défenseur John Carlson et le gardien Darcy Kuemper ont 33 ans.

On n’a pas rajeuni le club avec les acquisitions de Max Pacioretty, 34 ans, et Joel Edmundson, 30 ans, mais les deux se retrouvent sur la liste des blessés à long terme avant d’avoir disputé leur premier match avec leur nouvelle équipe.

Dans un tel contexte, la prolongation de contrat de sept ans pour 45 millions accordée cet été au rugueux Tom Wilson, 29 ans, est étonnante. Ces attaquants de puissance ont tendance à ralentir au tournant de la trentaine et Wilson entamera la première année de cette entente (à un salaire annuel de 6,5 millions) à 30 ans justement.

Il demeure un ailier utile aux Capitals, mais il s’agit d’un salaire important pour un joueur toujours à la recherche d’une saison de 25 buts, et qui a franchi la marque des 45 points une seule fois en carrière. Wilson a en outre été frappé souvent par les blessures ces dernières années.

Et la relève ?

Comme tous les clubs dominants sur une période de plus d’une décennie, Washington n’a pas pu se bâtir une relève. Les Capitals ont repêché seulement trois fois dans le top quinze depuis 2007, et deux de ces choix, Filip Forsberg en 2012 et Jakub Vrana en 2014, ont été échangés depuis.

L’ailier Ryan Leonard, 8e choix au total cet été, constitue sans doute l’espoir le plus prometteur. À ses deux premiers matchs à Boston College, Leonard a obtenu une aide. Il a amassé 94 points, dont 51 buts, en 57 matchs au sein du programme de développement américain l’hiver dernier en compagnie de Will Smith, Gabriel Perreault et Oliver Moore, tous repêchés au premier tour.

Sinon, l’ailier Ivan Miroshnichenko, 19 ans, premier choix, 20e au total en 2022, est passé à un poil de demeurer avec l’équipe cette année. Il a entamé la saison dans la Ligue américaine. Hendrix Lapierre, 21 ans, le premier choix, 22e au total en 2020, entamera sa seconde saison dans la Ligue américaine, où il a amassé 30 points en 60 matchs l’an dernier.

Il faudra garder à l’œil le petit attaquant Andrew Cristall, choix de deuxième tour en 2023, déjà 18 points en seulement huit matchs dans la Ligue junior de l’Ouest. Connor McMichael, 22 ans, est encore considéré comme un espoir. Il est productif dans la Ligue américaine, mais timide dans la LNH. Pour l’instant, il joue à l’aile gauche au sein du deuxième trio avec Evgeny Kuznetsov et Oshie.

Le premier centre, Dylan Strome, n’est pas trop vieux à 26 ans. Il vient de connaître sa meilleure saison en carrière, 65 points.

La relance risque néanmoins d’être longue et douloureuse à Washington. Il n’y a pas de profondeur en défense après John Carlson, ni de relève à l’horizon. Rasmus Sandin, obtenu des Leafs moyennant un choix de premier tour l’an dernier, constitue un désastre défensivement. On vient de rappeler des mineures Hardy Häman Aktell, 25 ans, embauché l’été dernier après une saison de 36 points en 51 matchs à Växjö, en Suède.

Ovechkin battra-t-il Gretzky ?

PHOTO GEOFF BURKE, USA TODAY SPORTS

Alex Ovechkin

Il manque 73 buts à Alex Ovechkin pour battre Wayne Gretzky et devenir le meilleur buteur de l’histoire de la Ligue nationale de hockey. C’est à la fois très peu de buts et beaucoup. Surtout pour un joueur de 38 ans.

Comme l’écrivait Martin Leclerc dans sa chronique cette semaine sur radio-canada.ca, il lui faudra des saisons de 37 et 36 buts s’il veut battre le record en deux ans, d’ici 40 ans. Mais un seul joueur, Brett Hull, est parvenu à marquer au moins 36 buts à 38 ans, rappelle le chroniqueur. Sur trois ans, il aurait besoin de plus ou moins 25 buts par saison, mais pourrait-il le faire à 41 ans ?

Ovechkin, 822 buts en carrière, a compté 42 buts en seulement 73 matchs l’an dernier. Rien n’est impossible avec lui. Voyons si le temps jouera contre lui.

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